Sélection de la langue

Recherche

Centre d’expertise sur les mammifères marins

Rapport sur la recherche scientifique
2015-2017

Centre d’expertise sur les mammifères marins - Rapport sur la recherche scientifique, 2015-2017

Centre d’expertise sur les mammifères marins - Rapport sur la recherche scientifique, 2015-2017 (PDF, 3.14 MB)

Table des matières

Relevés aériens internationaux de la mégafaune marine du plateau continental dans l’Atlantique Nord-Ouest, du nord du Labrador jusqu’à la baie de Fundy

Jack Lawson et Jean-François Gosselin
Relevés réalisés par les régions du MPO du Québec (lignes rouges) et de Terre-Neuve-et-Labrador (lignes noires) durant l’été et l’automne 2016.

Figure 6

Relevés réalisés par les régions du MPO du Québec (lignes rouges) et de Terre-Neuve-et-Labrador (lignes noires) durant l’été et l’automne 2016.

CSimultanément avec des partenaires aux États-Unis, et en faisant appel au personnel de plusieurs de ses régions, le MPO a effectué en 2016 un relevé aérien à grande échelle du littoral de l’Atlantique canadien dans le cadre d’une collecte internationale de données sur la répartition et l’abondance de la mégafaune marine dans l’ouest de l’Atlantique Nord. Ce relevé a été désigné comme le Relevé aérien international dans l’Atlantique Nord (North Atlantic International Sighting Survey, NAISS).

Ce relevé était le deuxième relevé systématique à grande échelle, et le premier en neuf ans à se pencher sur les plateaux continentaux le long de Terre-Neuve-et-Labrador, du golfe du Saint-Laurent et du plateau néo-écossais pour les mammifères marins, les tortues luth et d’autres espèces de grande taille que l’on peut détecter près de la surface de la mer. Le MPO et ses partenaires internationaux avaient été très satisfaits de la couverture obtenue dans le cadre du semblable projet Trans North Atlantic Sightings Survey (TNASS) de 2007; en 2007 et 2016, le MPO a été en mesure de parvenir à un niveau de couverture de relevé aérien sans pareil.

Les données du relevé NAISS du MPO seront intégrées aux levés marins du National Marine Fisheries Service de 2016 et du European SCANS III et ainsi, elles fourniront un contexte transatlantique pour interpréter les résultats. Par exemple, l’été 2016 a offert une excellente occasion pour le MPO d’accroître la valeur scientifique de nos efforts déployés pour effectuer des relevés en les coordonnant avec les efforts prévus des États-Unis dans les eaux adjacentes. Au cours de la période allant de juillet à septembre 2016, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a mené un relevé de la mégafaune marine (baleines, tortues de mer, requins, phoques) couvrant toutes les eaux atlantiques dans le nord des États-Unis, jusqu’à la frontière canadienne à l’aide d’un navire I2 et de deux aéronefs.

En effectuant un relevé dans les eaux atlantiques canadiennes au même moment que la NOAA, les scientifiques ont couvert la majeure partie de l’aire de répartition connue des espèces transfrontalières présentant des préoccupations liées à la conservation et à la réglementation pour le MPO. Cette simultanéité assurait aussi que les anomalies de répartition ne compromettent pas la validité des résultats.

En outre, des pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Espagne et la France, ont aussi mené des relevés à grande échelle de la mégafaune durant l’été de 2016, ce qui a permis de renforcer la valeur du relevé NAISS en facilitant les comparaisons à l’échelle de l’océan. Un atelier international au cours de la récente conférence biennale sur les mammifères marins (SMM) a permis de mettre au point des plans afin de poursuivre les efforts visant à comparer et à faire fusionner ces données des relevés dans l’Atlantique Nord.

La seule manière de parvenir à la couverture prévue dans une courte période limitée par les conditions météorologiques et la migration des baleines consistait à utiliser trois aéronefs simultanément, chacun avec une équipe d’observateurs expérimentés. Pour rendre cela possible, nous avons combiné les ressources de trois régions du MPO : les régions du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador et des Maritimes.

Le relevé NAISS a été effectué en volant à une altitude de 183 mètres au-dessus du niveau de la mer (ASL) à l’aide d’un aéronef Twin Otter 300 de DeHavilland et de deux aéronefs Cessna 337 Skymaster. En élargissant légèrement le relevé NAISS de 2007, les lignes de transect de 2016 s’étendaient de la ligne de côte à au moins 20 milles au-delà des rebords du plateau continental et croisaient les profils bathymétriques. Les observateurs ont recueilli des données sur l’identité, la taille des groupes, la localisation et le comportement de grands et petits cétacés, en plus des covariables environnementales. Chaque aéronef était équipé de fenêtres convexes et l’aéronef Twin Otter était également muni d’un système de caméra vidéo de ligne de vol. Les données d’observation ont été recueillies selon une méthode de relevés en transects. Les données recueillies par les observateurs situés du même côté à l’avant et à l’arrière de l’aéronef Otter seront utilisées pour estimer la proportion d’animaux non détectés par les observateurs (biais de perception) et par conséquent, elles permettront d’améliorer la précision des résultats.

Les renseignements sur les intervalles en surface provenant de données sur le marquage des baleines recueillies entre autres par le MPO serviront à estimer la proportion d’animaux pouvant être observés lors d’un survol (biais de disponibilité).

Entre le 1er août et le 27 septembre 2016, le MPO a couvert 49 591 km de transects, soit presque la même couverture que lors du relevé TNASS de 2007.

Les conditions météorologiques beaucoup plus mauvaises (c.-à-d. des vents violents et un brouillard étendu) et un exercice naval prolongé de l’OTAN ont fait que le MPO a accompli 89 % des transect prévus en 2016, par rapport à 96 % en 2007 (figure 6).

Au Labrador et à Terre-Neuve, le MPO a observé presque deux fois plus de cétacés qu’en 2007 (1 073 observations = 10 956 animaux), même si les grandes baleines (rorqual commun, rorqual à bosse, petit rorqual) étaient relativement moins nombreuses. Les dauphins à nez blanc étaient les cétacés les plus nombreux et les plus souvent observés. La plupart des autres observations ont été recueillies sur les côtes nord-est du Labrador et de Terre-Neuve, peut-être en raison du lancement intentionnel du relevé deux semaines plus tard par rapport à 2007, de la présence plus tardive et prolongée du capelan en frai ou d’un autre type de changement environnemental. Un plus grand nombre d’observations auraient été recueillies si le MPO avait été en mesure d’effectuer quatre longues lignes de transect au large de la côte sud de Terre-Neuve qui ont été exclues en raison de piètres conditions météorologiques. Les deux équipes des aéronefs Skymaster ont rassemblé légèrement moins d’observations de cétacés dans le golfe du Saint-Laurent et sur le plateau néo-écossais qu’en 2007 (1 182 observations = 4 819 animaux; moins de dauphins communs et inconnus, principalement). Ce total d’observations plus faible pourrait avoir été dû à des conditions météorologiques généralement plus mauvaises et à l’abandon, en raison de la météo, de plusieurs transects du plateau néo-écossais (figure 6).

Le traitement des données du relevé, qui a commencé en automne 2016, consistait à transcrire, assembler et vérifier les enregistrements effectués par les observateurs, à cartographier les observations, à évaluer les observations effectuées en double parmi les observateurs, à estimer les biais d’observation à l’aide de données de marquage-recapture et à obtenir les estimations de l’abondance de la mégafaune marine à l’aide d’une approche d’échantillonnage à distance. L’analyse des données des relevés visuels sera présentée lors de la réunion annuelle du Comité national d’examen par les pairs sur les mammifères marins au cours de l’hiver 2018.

À partir des données, l’équipe produira les estimations de l’abondance et les cartes de répartition des espèces, incluant les cétacés, les tortues marines et les espèces de grands poissons comme le requin pèlerin et le poisson-lune observés dans les eaux de l’Atlantique canadien. Les espèces cibles comprennent de nombreuses espèces en péril, comme le rorqual bleu, la baleine noire de l’Atlantique Nord, le rorqual commun, le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent, la baleine à bec commune du plateau néo-écossais, la baleine à bec de Sowerby, la tortue luth et la tortue caouanne et, enfin, le requin pèlerin. En outre, ces données seront recueillies d’une manière qui facilite leur intégration, des types de données similaires étant recueillis parallèlement dans les régions adjacentes (p. ex., les levés effectués par la NOAA). Les données sur la densité des observations seront comparées à des caractéristiques physiques et biologiques, comme la bathymétrie, la température de la surface de la mer et la productivité, afin de déterminer s’il existe des relations qui pourraient être utilisées plus tard lors des évaluations de l’habitat (p. ex., pour appuyer la désignation d’habitats essentiels) ou d’affiner les futures conceptions de relevés. En particulier, les données sur les observations pondérées par l’effort serviront à remettre en question le plan de l’analyse des modèles d’habitats propices MaxEnt du MPO et à créer de nouveaux modèles linéaires mixtes généralisés (MLMG). En outre, le MPO comparera les résultats de 2016 aux patrons de répartition et aux estimations provenant du relevé de 2007 à l’aide de la cartographie de surface-densité et des modèles d’habitats MaxEnt.

Date de modification :