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Centre d’expertise sur les mammifères marins

Rapport sur la recherche scientifique
2015-2017

Centre d’expertise sur les mammifères marins - Rapport sur la recherche scientifique, 2015-2017

Centre d’expertise sur les mammifères marins - Rapport sur la recherche scientifique, 2015-2017 (PDF, 3.14 MB)

Table des matières

Introduction

Pêches et Océans Canada a créé le Centre d’expertise sur les mammifères marins (CEMAM) en 2004 pour fournir l’expertise nationale requise afin de donner des avis scientifiques évalués par des pairs et fondés sur des preuves et pour promouvoir la collaboration entre les chercheurs de partout au pays. Il s’appuyait sur l’historique de coopérations entre les scientifiques spécialistes des mammifères marins qui s’étaient développées au fil des ans. Depuis, le CEMAM a augmenté en passant d’environ 40 professionnels à plus de 60 employés à la suite de nouveaux investissements dans les sciences et du nouveau Plan de protection des océans du gouvernement. De nouveaux professionnels ont rejoint l'équipe du CEMAM et ont contribué à développer notre expertise en apportant au groupe une combinaison saine de nouvelles compétences quantitatives et d'enthousiasme.

Antérieurement, les travaux de recherche sur les mammifères marins au Canada se concentraient sur le rassemblement de données de base sur l’abondance, les indices vitaux, le régime alimentaire, la répartition et la délimitation des stocks. Ces programmes à plus long terme apportent des éclaircissements sur la façon dont les paramètres du cycle biologique répondent à la dépendance à la densité et à la disponibilité des ressources alimentaires, ce qui nous permet de mieux prédire la façon dont les populations réagiront au changement climatique, à la mise en place d’aires marines protégées et aux impacts industriels. Par exemple, les données à long terme recueillies sur le phoque du Groenland, le phoque gris et l’épaulard résident du sud nous ont permis d’identifier et de comprendre les principaux mécanismes qui influencent la dynamique des populations de ces espèces. À partir de ces bases de données, nous avons appris que les phoques du Groenland présentent des changements de taux de croissance et une réduction de la productivité liés à une combinaison de facteurs incluant des densités de population élevées et la coïncidence du moment de la débâcle. Ces facteurs ont, à leur tour, un effet en cascade sur l'abondance du capelan, une ressources alimentaire primaire des phoques du Groenland. Les populations de phoques gris se sont aussi sensiblement rétablies depuis les années 1960 et des changements similaires dépendants de la densité ont été observés par la réduction de la survie des juvéniles.

Dans le cas des épaulards résidents du sud, des études à long terme ont montré que le saumon quinnat demeure un facteur important de la dynamique de la population. En même temps, nos travaux de recherche se sont étendus au-delà de la collecte de données de base pour inclure la création de nouvelles analyses afin d’améliorer les analyses de données et des études plus complexes sur la sélection des habitats, la pollution sonore dans les océans et les répercussions du bruit sous-marin sur les mammifères marins.

Depuis notre dernier rapport, les progrès technologiques ont donné lieu à l’apparition de nouveaux outils dans la boîte à outils du scientifique. Les véhicules aériens sans pilote (UAV ou drones) ont été mis à l’essai avec succès dans la baie Cumberland (Nunavut) pour photographier des bélugas dans le but de recueillir des données sur le cycle biologique, pour estimer la production de blanchons dans le Canada atlantique et pour recueillir des renseignements sur les loutres de mer en Colombie-Britannique. Le déploiement d’émetteurs et de récepteurs sur les poissons consommés et leurs prédateurs, en collaboration avec des collègues du milieu universitaire, nous aide à acquérir de nouvelles connaissances sur les interactions prédateurs/proies possibles par l’intermédiaire de la participation au programme Ocean Tracking Network. Le déploiement d’émetteurs satellites équipés d’accéléromètres fournit d’autres indications sur le comportement de recherche de nourriture des mammifères marins.

Outre les études à long terme utilisant des approches biologiques plus traditionnelles, le domaine de l’acoustique a étendu notre capacité à surveiller la présence de mammifères marins dans une zone 24 heures par jour, 365 jours par an et fournit maintenant des indications sur l’occurrence des mammifères marins dans des zones ou à des moments de l’année où l’utilisation d’approches traditionnelles, comme les relevés aériens, s’est avérée difficile. Les zones en question sont notamment les trois océans du Canada, du rivage aux sites extracôtiers.

L’élaboration d’algorithmes de détection automatisée pour identifier les vocalisations d’une espèce particulière a accéléré le traitement des données et notre capacité à obtenir des renseignements sur la répartition de mammifères marins à partir d’ensembles de données acoustiques.

En outre, la collecte de données acoustiques nous permet d’établir des niveaux de bruit de base dans nos océans, de mesurer la façon dont les niveaux de bruit changent avec les activités humaines et de mieux évaluer les impacts potentiels du bruit sur les populations de mammifères marins.

Les coûts et défis logistiques demeurent un obstacle majeur à la réalisation de recherches dans le Nord. Souvent le défi le plus difficile est le déploiement initial de personnes, de nourriture et d’équipement. Une fois ce déploiement effectué, le maintien du campement est relativement facile. En s’appuyant sur ce principe, les collègues dans la région du Centre et de l’Arctique ont organisé un campement principal durant neuf semaines dans le détroit de Tremblay (Nunavut) où ils ont été en mesure de déployer des émetteurs satellites sur des narvals pour améliorer notre compréhension de la structure des stocks et du comportement des narvals dans la zone nord de l’île de Baffin. La clé du succès de ce programme reposait sur une collaboration avec l’industrie, des organismes non gouvernementaux, des universités et les Inuits (les personnes détenant des connaissances locales). Cela a permis d’étendre le projet à un programme de recherche pluridisciplinaire qui incluait d’autres composantes de l’écosystème, y compris le zooplancton, l’omble chevalier et le requin du Groenland.

Un des points forts du CEMAM est son niveau élevé de collaboration interrégionale. En partie, cette collaboration est nécessaire, car les mammifères marins chevauchent souvent les limites régionales, mais les collaborations s’étendent souvent plus loin, par l’intermédiaire de nos programmes de relevés et de recherche, et en réponse à des événements inhabituels. En 2017, 12 carcasses de baleines noires de l’Atlantique Nord ont été détectées dans le sud du golfe du Saint-Laurent. De nouveaux chercheurs de la région du Golfe se sont réunis avec d’autres chercheurs du CEMAM et ont coordonné l’intervention pour réaliser des nécropsies.

Un soutien provenant de toute la zone Atlantique était requis pour réaliser les nécropsies et obtenir des échantillons biologiques. Le Ministère a également élaboré un programme de surveillance impliquant le soutien de toutes les régions de l’Atlantique afin de coordonner les activités et de fournir du personnel d’aéronef tout au long des mois d’été et d’automne pour la recherche de baleines noires. Il existe plusieurs autres cas où une collaboration étroite entre les régions s’est produite, à l’échelle internationale et avec le milieu universitaire, p. ex., le relevé des cétacés dans le Haut-Arctique (RCHA) mené en 2013, les Relevés aériens internationaux dans l’Atlantique Nord en 2016, ainsi que les relevés de phoques du Groenland du Nord-Ouest de l’Atlantique et des morses du détroit de Davis et de la baie d’Hudson en 2017. En 2018, le tout premier relevé des eaux du Pacifique, au large de la côte de la Colombie-Britannique, qui comprend une combinaison de plateformes navales et aériennes, sera entrepris.

En 2017, la Society for Marine Mammalogy a organisé sa 22e conférence biennale à Halifax (Nouvelle Écosse). C’est la quatrième fois que la réunion se tenait au Canada et la première fois dans le Canada atlantique. Rassemblant plus de 1 700 personnes, la conférence fut un incroyable succès et nous félicitons notre coprésidente de la région des Maritimes, Hilary Moors-Murphy, et d’autres membres du CEMAM qui ont participé à la conférence et aux comités scientifiques, dans le cadre d’un événement extrêmement ambitieux.

Dans notre présent rapport, le quatrième, nous n’avons mis en évidence qu’un petit échantillon du large éventail d’activités entreprises par les scientifiques spécialistes des mammifères marins de Pêches et Océans Canada dans l’ensemble du pays. Nous espérons que vous apprécierez les recherches fascinantes et utiles menées au sein du MPO et que vous en apprendrez un peu plus!

Mike Hammill
Directeur du CEMAM
Institut Maurice-Lamontagne
Mont-Joli (Qc)

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