Sélection de la langue

Recherche

Essai de base d'un plateau amovible pour un système de nurserie flottant de remontée d'eau

Rapport définitif
Mac's Oyster Ltd
PIAAM 2012-P16

Sommaire

La commercialisation et l'essai de base d'un nouveau système de râteliers et de plateaux amovibles pour les casiers d'un système de nurserie flottant de remontée d'eau (FLUPSY) pour les huîtres ont été effectués au cours de la première semaine de janvier 2013. Ce système, basé sur un prototype mis à l'essai en 2005, a été fabriqué à une échelle commerciale et mis à l'essai pour en vérifier le rendement biologique, environnemental et économique. Ce projet s'est déroulé à l'île Sykes, dans l'anse Jervis, en Colombie-Britannique, où se trouve le système ascendant de Mac's Oysters Ltd; des larves d'huîtres creuses du Pacifique (Crassostrea gigas) ont été utilisées. Formé d'unités en aluminium, ce système contient des plateaux sur lesquels les couches de naissain sont déposées et est suspendu dans les compartiments du système ascendant. Ces plateaux empilés augmentent la surface de culture et permettent de placer un plus grand volume de naissain tout en effectuant moins de triage qu'auparavant. La démonstration a été faite pour deux configurations d'unités : 1) un système de culture de type raceway et plateaux superposés et 2) un système de culture à circulation ascendante intégrale et plateaux superposés.

Le rendement biologique a été positif, les deux traitements donnant de meilleurs résultats que les méthodes traditionnelles (témoins) en ce qui concerne la croissance. La croissance a été légèrement meilleure dans le système de type raceway que dans le système ascendant (respectivement, 0,07 mm/jour et 0,05 mm/jour) de septembre à novembre. Il n'y a pas eu de différence notable de croissance entre les couches (de bas en haut) dans aucune des configurations. Les taux de survie n'ont pas été très différents dans le système ascendant et le système de type raceway (86 % dans les deux cas, soit 60 000 larves par unité), mais ont beaucoup diminué lorsque les densités de mise en charge étaient supérieures à 300 000 larves/compartiment (pour les unités évaluées comme pour les témoins). Des hydroïdes coloniaux ont beaucoup sali les compartiments témoins et ceux dans lesquels une unité avait été installée mais, dans ce dernier cas, les salissures étaient limitées à la couche inférieure, qui pouvait être facilement remplacée.

Les résultats pour le rendement environnemental (qualité de l'eau et empreinte carbone) étaient également positifs. Aucun des traitements (avec ou sans unité) n'a influencé les concentrations d'oxygène et d'ammoniac, et il n'y avait pas de différence mesurable pour l'un ou l'autre paramètre entre l'eau à l'arrivée dans le système et l'eau à la sortie. L'impossibilité de déceler des différences vient peut-être du refroidissement de la température de l'eau à l'automne, refroidissement qui accroît la solubilité de l'oxygène et ralentit le taux métabolique des huîtres. Les unités ont beaucoup réduit la vitesse de la circulation comparativement aux compartiments témoins, surtout lorsqu'elles avaient été salies, mais il était facile d'y remédier en nettoyant (ou en remplaçant) les tamis inférieurs et en ajustant les ouvertures des chicanes laissant entrer l'eau dans le raceway. L'empreinte carbone la plus faible a été enregistrée dans les unités contenant 300 000 et 575 000 huîtres (0,46 tm et 0,31 tm de CO2/million d'huîtres survivantes/mois, soit beaucoup moins que pour tous les autres traitements).

Les unités ont aussi amélioré le rendement économique par rapport aux compartiments témoins, ces derniers exigeant 65 heures de travail (HT) comparativement à 25 HT pour les premières (pendant trois à quatre mois). Cette différence vient de ce que les huîtres placées dans les compartiments témoins devaient être triées toutes les trois à quatre semaines et que les catégories de taille devaient être réparties entre différents compartiments, chaque compartiment exigeant la même somme de travail après le tri. Les compartiments dans lesquels une unité avait été installée n'avaient pas besoin de tri ni de répartition parce qu'il y avait bien assez d'espace dans chacun des plateaux pour permettre la croissance des huîtres. Il a fallu nettoyer toutes les deux semaines (tous les traitements). La valeur actualisée nette (VAN) sur 10 ans a été positive pour tous les traitements mis à l'essai, la plus élevée étant celle des 150 000 huîtres/unité, soit 808 000 $, ou plus de sept fois celle de la même densité de mise en charge dans les compartiments témoins, et ce grâce à l'amélioration de la survie et à la réduction du temps de travail.

Introduction et aperçu

Mac's Oysters Ltd a adopté une nouvelle unité à plateaux amovibles pour son système flottant à circulation ascendante (FLUPSY), et l'a soumis à un essai de base. Ce projet visait à améliorer notre système de production de naissain de mollusques en augmentant la superficie en culture (espace en 3-D) de chacun des compartiments. Ce système était basé sur un prototype mis à l'essai en 2005 qui montrait que les taux de croissance et de survie pouvaient être améliorés de beaucoup grâce à des plateaux superposés. 

Situé dans l'anse Jervis, en Colombie-Britannique, notre système flottant à circulation ascendante est utilisé depuis la fin des années 1990 et connaît à intervalles réguliers des épisodes de mortalité élevée. Ces épisodes font généralement suite à une période de croissance rapide. Ces périodes (associées à la prolifération de plancton) durent en général une ou deux semaines, pendant lesquelles le volume de naissain augmente de deux à cinq fois. Il en résulte une stratification du naissain dans le compartiment, les huîtres à la surface devenant plus grosses et survivant mieux que celles qui se trouvent sous cette couche. Augmenter la vitesse de circulation de l'eau peut atténuer la stratification jusqu'à un certain point, mais une circulation trop rapide peut fluidiser le naissain au point où les larves deviennent agitées et cessent de filtrer. Trier les larves et enlever les plus grosses peut permettre de réduire l'entassement, mais cela exige beaucoup de main-d'œuvre et le rythme de tri devient un goulot d'étranglement lorsque la croissance est rapide. Pour régler ces problèmes, nous avons adapté à échelle commerciale le concept d'un système à circulation ascendante comportant des plateaux superposés. 

Justification commerciale

Cadre technologique

La corrélation négative entre la densité de mise en charge et les taux de croissance des larves de bivalves élevées en nurserie est bien établie. La capacité des systèmes à circulation ascendante a des limites supérieures au-delà desquelles la croissance s'arrête; par exemple, la capacité de charge maximale est de 62 kg/m2 pour le naissain de Mercenaria mercenaria (longueur maximale de la coquille de 7 mm) dans des conditions idéales, lorsque les larves sont nourries d'eau de mer naturelle, ce qui signifie 6 cm à 10 cm d'épaisseur environ dans notre système actuel. Pendant les périodes de forte croissance, l'épaisseur de notre naissain peut rapidement passer de 4 cm à 20 cm, mais de faibles taux de croissance et de survie s'ensuivent généralement. Une solution pour atténuer ce problème consiste à mettre au départ moins de naissain dans le système, mais cette stratégie va à l'encontre de nos besoins de production, compte tenu de la demande toujours croissante. Une autre consiste à acheter des unités supplémentaires pour le système flottant à circulation ascendante, mais le coût élevé des immobilisations et de l'exploitation, ainsi que l'augmentation importante de l'empreinte de notre nurserie rendent cette option peu attrayante. Trier fréquemment les larves peut atténuer bon nombre des problèmes d'entassement, mais la disponibilité de la main-d'œuvre et l'efficacité de l'équipement de tri peuvent constituer des goulots d'étranglement dans ce processus. De plus, les larves, au moment du tri, sont souvent trop petites pour être transférées dans l'équipement de grossissement et doivent rester dans le système ascendant, ce qui signifie qu'elles doivent être remises dans ce système à des densités supérieures aux densités souhaitées. Procéder fréquemment au tri peut aussi stresser ou endommager les bivalves juvéniles, d'où une réduction des taux de croissance et de survie. Nous croyons par conséquent que la solution la plus pratique à ce problème est d'accroître la superficie de culture dans les compartiments grâce à des unités à plateaux amovibles. Les premières expériences utilisant ce concept, que nous avons réalisées en 2005, ont montré que la mortalité diminue (amélioration de 60 % par rapport aux traitements existants) et que la croissance générale s'améliore (taux de croissance de 15 % à 40 % plus élevés). 

À notre connaissance, ni la littérature scientifique, ni les rapports de l'industrie n'ont fait état d'un système comme celui de ce projet. Nous croyons donc qu'il s'agit d'une innovation dont le potentiel pour améliorer la productivité des systèmes ascendants est énorme (meilleure croissance, meilleure survie et peut-être capacité de charge plus élevée). Les systèmes qui s'en rapprochent le plus sont les raceways traditionnels, dans lesquels la croissance des larves est déterminée par la distance par rapport à la source d'eau (un phénomène dont nous avions prévu qu'il pourrait se produire en raison des couches superposées) et les systèmes ascendants traditionnels, dans lesquels l'espace pour la croissance est très limité; le rendement de ces deux systèmes est fonction de la vitesse de circulation de l'eau, de la nourriture disponible, des niveaux d'oxygène et de la densité de mise en charge. En nous fondant sur ces connaissances, nous avions prévu que la densité de mise en charge, la configuration des unités et la position des plateaux seraient les principaux facteurs déterminant le rendement du système dont nous faisions la démonstration. Les mesures de base du rendement biologique ont été la croissance (longueur des coquilles) et la survie (en pourcentage). Nous avons également quantifié les réponses de la qualité de l'eau (p. ex., la désoxygénation, l'accumulation d'ammoniac et l'appauvrissement du plancton) et évalué la dynamique de la circulation de l'eau dans les compartiments. Nous avons de plus évalué la productivité en comparant les besoins en main-d'œuvre pour le nouveau système et les anciens. 

Démonstration (matériel et méthodes)

Toutes les démonstrations ont été effectuées à l'anse Jervis, en Colombie-Britannique, où se trouve le système flottant à circulation ascendante de Mac's Oysters. AquaPacific a construit les plateaux et ArounTuit Services, les cadres. La construction a débuté en juin 2012. L'évaluation de l'adéquation des plateaux du prototype aux unités et des unités aux compartiments, et celle des caractéristiques de la circulation de l'eau (effectuée à l'aide de teinture) étaient terminées à la mi-août 2012.

L'évaluation proposée du rendement biologique, économique et environnemental n'a pu être effectuée comme nous l'avions prévu par suite de retards de livraison du naissain et du matériel. À défaut, une série de petites démonstrations ont été réalisées. Le présent rapport couvre jusqu'à la première semaine de janvier 2013, une période assez longue pour produire de l'information précieuse, mais nous continuerons la surveillance des paramètres jusqu'en juin 2013 afin d'obtenir 10 mois complets de données, conformément aux modalités de l'accord. Voici quelles ont été les démonstrations :

Démonstration 1 – Effets du type d'unités (raceway ou circulation ascendante) et de la superposition des plateaux sur les taux de croissance et de survie comparativement aux systèmes flottants à circulation ascendante traditionnels (compartiments témoins et données historiques)

Les effets du type d'unités (raceway ou circulation ascendante) et du niveau des plateaux (position dans l'unité) sur les taux de croissance et de survie ont été examinés. Les différences entre les configurations ont été établies par une analyse de la variance à deux facteurs sans répétition; elles ont toutes été comparées aux témoins (test de Dunnet) et aux données historiques (test t à un facteur). La densité de mise en charge était de 12 000 larves/plateau (unités à 5 plateaux, total de 60 000 larves/unité) et de 60 000 huîtres dans le compartiment témoin. La longueur initiale des coquilles (LC) était de 4 mm à 6 mm et s'étendait de la mi-août à la fin d'octobre. Les comparaisons avec les données historiques ont été limitées à la période pertinente de la démonstration. 

Démonstration 2 – Effets de la densité de mise en charge sur les taux de croissance et de survie comparativement aux compartiments témoins et aux données historiques

Les effets de diverses densités de mise en charge sur les taux de croissance et de survie des larves dans les unités et les compartiments témoins ont été évalués du début de septembre à la fin de novembre 2012. La longueur initiale des coquilles était de 1,8 mm à 5,5 mm; les longueurs ont été normalisées selon la croissance quotidienne (mm/jour). Il avait été prévu au départ d'avoir des compartiments témoins de 150 000, 250 000 et 350 000 huîtres jumelés à des compartiments pourvus d'une unité (5 plateaux/unité) dont la densité de mise en charge serait le double de celle de chacun des compartiments témoins. Les taux d'erreurs des mesures en volume des petites larves ont toutefois été très élevés, de sorte que les densités finales sont, pour les témoins : 112 000, 160 000 et 496 000 huîtres/compartiment et pour les unités : 300 000, 575 000 et 765 000 huîtres/compartiment. Les résultats ont été soumis à une analyse de la variance à un facteur et au test de Tukey. Ils ont été comparés aux données historiques à l'aide de tests t pour un échantillon.

Démonstration 3 – Tri et répartition des larves entre les divisions des plateaux

Il avait été prévu d'évaluer les effets de la division des groupes de larves entre les quatre parties des plateaux, mais cela n'a pas été nécessaire compte tenu de l'uniformité de la croissance et de l'espace plus que suffisant pour l'augmentation de volume qui accompagne cette croissance. La répartition sera évaluée s'il est nécessaire de trier les larves à une date ultérieure (ce sera inclus dans la mise à jour du rapport définitif).

Évaluation du prototype

Rendement biologique

Nous avons évalué le rendement biologique pour déterminer la réaction générale des animaux au prototype et fournir de l'information sur leur état de santé global. Les animaux qui, de façon générale, sont en bonne santé sont moins susceptibles de contracter des maladies pouvant avoir des impacts négatifs sur d'autres espèces ou sur les organismes conspécifiques de la région. Les paramètres biologiques (vérifiés chaque mois) étaient la longueur des coquilles, la survie et l'indice de l'état au fil du temps. Pour l'indice de l'état (poids sec des tissus mous/poids sec des coquilles*1 000), des échantillons (au moins 30 animaux par traitement) de chacun des compartiments ont été prélevés et congelés (-30 °C). La surveillance se poursuivra jusqu'en juin 2013 pour disposer de données sur 10 mois. Les animaux préservés n'ont pas encore été analysés. L'évaluation devrait être terminée d'ici au 31 décembre 2013. 

Rendement environnemental

Nous avons évalué le rendement environnemental en mesurant a) les paramètres de la qualité de l'eau et b) l'empreinte carbone. La qualité de l'eau indique si le système détériore la qualité de l'eau à un point tel que cela pourrait nuire à d'autres espèces ou aux organismes conspécifiques de la région. Le rendement environnemental a été évalué à l'aide des paramètres suivants :

Rendement économique

La production et la productivité des divers traitements ont été évaluées selon les mesures suivantes.

Production totale

La productivité a été mesurée par rapport au travail et au capital :

LIVRABLES – RÉSULTATS ET DISCUSSION

I – Conception et choix définitif des matériaux pour tous les composants

Le calibre de l'aluminium choisi pour le prototype ά était trop flexible pour l'unité qui avait été conçue et s'est déformé sous l'effet des contraintes de cisaillement (juin 2012). Le prototype I (PI), une unité autonome fabriquée en aluminium de gros calibre, était trop lourd pour que son utilisation soit pratique et n'a pas permis de régler complètement les problèmes associés aux contraintes de cisaillement (juillet 2012). Le prototype II (PII), de conception modulaire (cadres et barres de levage séparés), a été adopté (juillet 2012). Identique sur le plan fonctionnel à PI, PII est plus facile à transporter et à entreposer, à réparer ou à remplacer.

En août, nous avons vérifié à l'aide de teinture si les unités étaient bien adaptées aux compartiments. D'après nos observations visuelles, l'eau circulait de façon régulière et uniforme partout dans les plateaux superposés à circulation ascendante intégrale. Nous pouvions la voir circuler de bas en haut à travers les tamis, de même qu'à l'horizontale à la surface, comme prévu, dans les unités à plateaux superposés. L'étanchéité à la lisière des plateaux était excellente et nous n'avons pas vu de teinture s'échapper par les bords des plateaux. Il a été difficile au début de mettre les unités dans les compartiments. Nous avons vu que les unités accrochaient sur les petites vis à l'intérieur des compartiments; nous avons facilement réglé ce problème en couvrant les vis.

II - Construction des unités et des plateaux

La pleine production du système a commencé en août 2012. Par suite de retards de production inévitables d'ArounTuit (le constructeur du cadre), le matériel a été livré en petits lots entre août et décembre. 

III – Évaluation des unités selon différents traitements – essais avec des huîtres creuses du Pacifique

Rendement biologique

Démonstration 1 – Raceway par rapport à système à circulation ascendante

Parmi tous les traitements, les unités dans lesquelles la croissance a été la plus forte sont celles de type raceway (allongement des coquilles de 0,07 mm/jour, soit plus de trois fois les taux de croissance historiques et ceux des compartiments témoins). Les taux de survie ont été élevés (>85 %) pour les unités de type raceway, les unités à circulation ascendante et les compartiments témoins. Le niveau à l'intérieur des unités n'a pas été un facteur significatif (pour un type ou l'autre; p>0,45) et n'a pas eu d'influence sur les taux de croissance ou de survie.

Démonstration 2 – Densité de mise en charge

L'unité renfermant 300 000 huîtres a eu le taux de croissance le plus élevé (0,07 mm/jour, seul le type raceway a été évalué). Il faut faire attention de ne pas en mettre davantage parce que les densités de mise en charge élevées (>300 000/unité ou >160 000/compartiment témoin) ont une incidence négative à la fois sur la croissance et la survie.

Démonstration 3 – Tri et répartition des larves entre les divisions des plateaux

Il avait été prévu de répartir les larves selon la taille entre les différents quarts de plateau, mais cela n'a pas été fait. Ce test n'était pas nécessaire, parce que le naissain n'avait pas besoin d'être trié, la croissance étant uniforme et l'espace suffisant pour l'expansion du volume. La répartition sera évaluée s'il est nécessaire de trier les larves à une date ultérieure (ce sera inclus dans la mise à jour du rapport définitif). En revanche, il a fallu trier les compartiments témoins toutes les deux à quatre semaines pendant trois mois. 

Santé animale

Pour l'indice mensuel de l'état des animaux, des échantillons ont été recueillis et congelés (-30 °C) pour analyse future
(les échantillons préservés seront analysés puis feront l'objet d'une section dans la mise à jour du rapport définitif). 

Salissures marines

Les deux types de systèmes, comme les compartiments témoins, ont été salis par des organismes marins. Les salissures, formées presque entièrement d'hydroïdes coloniaux, se sont accumulées rapidement, en deux à trois semaines. Les tamis en étaient couverts de 84 % à 86 %. Dans les compartiments témoins, les hydroïdes se sont accrochés au tamis inférieur et aux huîtres se trouvant sur le dessus du tamis. Il a fallu déployer beaucoup d'efforts pour enlever les hydroïdes des tamis et des huîtres dans les compartiments témoins. Dans les unités, les hydroïdes n'étaient accrochés qu'au plateau inférieur (à la fois au tamis et aux huîtres) et il n'y avait pratiquement pas de salissures dans les plateaux supérieurs. Il a suffi, pour résoudre ce problème, de transférer la couche inférieure d'huîtres pour nettoyer les couvre-plateaux. 

Rendement environnemental

En ce qui concerne la qualité de l'eau, il est peu probable que les traitements mis à l'essai aient des incidences conspécifiques ou interspécifiques dans cette région, puisqu'aucun changement mesurable ne s'est produit entre l'eau à l'arrivée et l'eau à la sortie (par compartiment ou dans l'ensemble) et que ni la saturation en oxygène, ni l'ammoniac non ionisé ne présentent de différences entre l'entrée et la sortie. L'absence de résultats significatifs est peut-être associée à la saison pendant laquelle l'analyse a eu lieu (mi-septembre à décembre), c'est-à-dire à un moment où l'eau refroidit et où les taux métaboliques et de filtration diminuent; la surveillance se poursuivra jusqu'en juin 2013. La numération initiale des cellules de plancton (à l'arrivée d'eau par rapport à la sortie, par compartiment) semble indiquer que les densités supérieures de mise en charge enlèvent plus d'algues, qu'il s'agisse d'un compartiment témoin ou d'une unité. Ces échantillons n'ont pas encore tous été analysés; il est donc impossible de tirer une conclusion définitive (les résultats seront inclus dans la mise à jour du rapport définitif). La réduction du plancton est cependant minuscule par rapport au plan d'eau environnant, et l'eau à la sortie est rapidement diluée et n'a vraisemblablement pas de répercussion écologique. 

Les unités à l'essai ont considérablement influencé les vitesses de circulation de l'eau par rapport aux compartiments témoins, en particulier lorsqu'ils étaient salis. Nous avons facilement réglé ces questions en modifiant l'ouverture des chicanes et en veillant à enlever les salissures marines. Compte tenu de la facilité avec laquelle il est possible de modifier la vitesse de circulation, il n'est plus nécessaire de suivre ce paramètre (terminé en novembre 2012). 

La quantité de carburant utilisée par compartiment étant constante, l'empreinte carbone est fonction de la densité de mise en charge et de la survie. Seuls les traitements de 300 000 et de 575 000 huîtres/unité ont par conséquent eu une empreinte carbone inférieure à la cible de 0,57 tm de CO2/million de larves survivantes/mois. Tous les autres, à l'exception des 160 000 huîtres/compartiment témoin, ont dépassé la production historique de CO2 (1,14 tm de CO2/million de larves survivantes/mois). 

Rendement économique

Le rendement économique mesuré par la productivité du travail et la valeur actualisée nette (VAN) sur 10 ans a été très prometteur, les unités à l'essai exigeant moins de la moitié du travail des traitements témoins parce qu'il n'a pas été nécessaire de trier les larves (c'est-à-dire qu'il y avait suffisamment d'espace pour leur croissance), ni de les répartir dans des compartiments supplémentaires. La VAN sur 10 ans des unités mises à l'essai était en général plus élevée que celle des autres scénarios par suite des taux de survie plus élevés, des densités totales de mise en charge plus élevées (il n'est pas nécessaire de répartir le contenu de ces unités dans autant de compartiments lorsque les larves grossissent) et des besoins en main d'œuvre moins grands. De plus, les unités étaient moins susceptibles d'avoir un taux de mortalité élevé. Du fait du retard de livraison du naissain, aucune larve pouvant être transférée sur un plateau n'a été produite, de sorte qu'il est impossible d'évaluer correctement la production totale et la productivité du capital pendant la période prévue (la surveillance se poursuit donc). Malgré tout, on peut conclure, en se fondant sur l'analyse de la productivité du travail et de la VAN, que les unités sont une réussite sur le plan économique.

Rendement quant aux répercussions sociales

Jusqu'à maintenant, les résultats semblent indiquer que la production globale des systèmes flottants à circulation ascendante peut passer de 2,5 millions ou 3 millions de larves par année à 4,5 millions par année ou plus. Cette augmentation prévue de la production aura une incidence directe sur les besoins en main-d'œuvre et en équipement pour l'étape du grossissement. Si le système dépasse les attentes, nous vendrons le naissain excédentaire à d'autres producteurs qui pourront à leur tour embaucher plus d'employés ou acheter plus d'équipement. Les répercussions sociales et sur l'emploi prévues sont présentées ci-dessous.

Répercussions sur l'emploi

Répercussions sur la collectivité locale

IV - Communication des résultats du projet

Une présentation des résultats en PowerPoint sera faite à l'assemblée générale annuelle de la British Columbia Shellfish Growers Association (octobre 2013). Cette communication présentera le résumé du rendement biologique, environnemental et économique des unités décrites dans le présent document, ainsi que des mises à jour sur les données qui seront recueillies d'ici là.

V - Conclusions

Les unités à plateaux amovibles pour les systèmes flottants à circulation ascendante ont considérablement amélioré le rendement du naissain d'huîtres creuses du Pacifique. Les taux de croissance obtenus dans les unités équivalent au double ou au triple de ceux qui sont obtenus par les méthodes de culture des systèmes ascendants traditionnels (la croissance dans les unités de type raceway a été supérieure à celle des unités à circulation ascendante intégrale). Les unités peuvent aussi améliorer les taux de survie par rapport aux compartiments témoins et aux niveaux historiques, tant que les densités de mise en charge ne dépassent pas 300 000 larves/compartiment. Les compartiments dans lesquels une unité avait été installée n'avaient pas besoin de tri ni de répartition parce qu'il y avait bien assez d'espace dans chacun des plateaux pour permettre la croissance des huîtres, ce qui s'est traduit en rendement économique, les compartiments pourvus d'une unité exigeant chacun 25 HT (pendant trois ou quatre mois) et les compartiments témoins en exigeant 65. La valeur actualisée nette (VAN) sur 10 ans a été positive pour tous les traitements mis à l'essai, la plus élevée étant celle des 150 000 huîtres/unité, soit 808 000 $, ou plus de sept fois celle de la même densité de mise en charge dans les compartiments témoins, et ce grâce à l'amélioration de la survie et à la réduction du temps de travail. En outre, les unités n'ont pas eu d'effets nuisibles mesurables sur la qualité de l'eau (c'est-à-dire, pas de désoxygénation ni d'accumulation d'ammoniac) et l'empreinte carbone peut être bien plus faible que les niveaux d'émissions historiques pour autant que la densité de mise en charge et le taux de survie par unité soient suffisamment élevés (300 000 et 575 000 huîtres/unité émettent 0,46 tm et 0,31 tm de CO2/million d'huîtres survivantes/mois). 

Les unités à plateaux évaluées au cours de ce projet pourraient contribuer à stabiliser la production de naissain pour les ostréiculteurs de la Colombie-Britannique. Le naissain, en général fourni par des écloseries américaines, est rare depuis le milieu des années 2000. En règle générale, la moitié seulement des larves de 2 mm à 3 mm commandées sont livrées aux ostréiculteurs de la Colombie-Britannique. Les écloseries américaines disent pouvoir répondre à la demande de la Colombie-Britannique en larves de 1 mm, mais la plupart des producteurs d'huîtres n'ont pas les installations traditionnelles (systèmes ascendants terrestres et algues de culture) nécessaires pour l'élevage de larves de 1 mm. Les unités à plateaux superposés pour les systèmes flottants à circulation ascendante nous ont permis d'élever des larves dont la longueur moyenne était de 1,8 mm sans avoir besoin de systèmes terrestres. Cette simple modification aux systèmes ascendants existants pourrait aider l'industrie de la province à faire face aux pressions qui l'incitent à élever des larves plus petites sans avoir besoin de coûteuses installations terrestres. Les unités sont particulièrement bien adaptées aux petites larves parce qu'elles diminuent la nécessité de faire le tri. Le tri peut fracturer les coquilles et provoquer un stress mortel chez les huîtres de moins de 5 mm.

À l'avenir, il faudrait entre autres améliorer les couvre-plateaux des unités. Les couvre-plateaux mis à l'essai n'étaient pas rigides, si bien qu'il était difficile d'enlever les larves. De plus, les côtés des couvre-plateaux pouvaient tomber dans les plateaux, d'où la possibilité de perdre des larves ou de les étouffer. Il serait bon d'avoir un mécanisme permettant de fixer les couvre-plateaux aux plateaux. Il faudrait aussi examiner la possibilité d'utiliser des substrats artificiels dans ces plateaux. La coquille des bivalves endofauniques (p. ex., les palourdes japonaises, les coques et les panopes du Pacifique) est vulnérable et se déforme sous l'effet des salissures marines dans les milieux de culture en eau profonde (plutôt que sur estran). Des études montrent que les billes d'argile utilisées pour la culture hydroponique peuvent réduire considérablement ces problèmes. Les unités à plateaux, associées à la circulation forcée de l'eau d'un système ascendant, pourraient les rendre idéales comme substrat artificiel.

Date de modification :