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Protéger les palourdes japonaises contre la prédation par la loutre de mer

Rapport définitif
Nootka Sound Shellfish
PIAAM 2012-P13

Sommaire

Nootka Shellfish est une entreprise faisant l'élevage de la palourde japonaise et de l'huître creuse du Pacifique dans la baie Nootka, située dans la partie centrale de la côte ouest de l'île de Vancouver. Nous croyons être l'un des premiers élevages de palourdes sur estran en activité sur lesquels la loutre de mer (Enhydra lutris) a un impact, un impact important dans le cas de notre stock de palourdes japonaises. La loutre ne semble pas nuire à l'huître creuse du Pacifique.

La loutre fait partie de la famille des belettes et pèse entre 14 et 45 kg. Son aire de répartition comprend la Californie, l'État de Washington, la Colombie-Britannique, l'Alaska, la Russie et le Japon. Elle a été réintroduite sur la côte de l'île de Vancouver entre 1969 et 1972, et sa population croît de près de 20 % par année. Il s'agit d'une espèce protégée au titre de la Loi sur les espèces en péril (LEP); son statut est passé à une catégorie de risque moins élevé, soit celui d'espèce menacée., en 1996. La loutre a une épaisse fourrure plutôt qu'une couche de lard pour contrer les effets de l'eau froide. Son taux métabolique est par conséquent deux ou trois fois plus élevé que ce à quoi on pourrait s'attendre chez un mammifère terrestre de taille semblable. Pour alimenter ce métabolisme élevé, la loutre ingurgite chaque jour l'équivalent de 25 % à 40 % de son poids corporel, surtout des mollusques et des crustacés. Elle peut creuser à une profondeur d'au moins un pied, et elle peut le faire dans la pierre ou à travers une épaisse couche d'huîtres. La loutre de mer est arrivée dans cette région en 2007, et sa population n'a cessé d'augmenter depuis. 

Pour protéger nos stocks de palourdes japonaises d'élevage contre la prédation par la loutre, notre société a placé deux types de filets sur une de nos tenures. Cette tenure est celle où le risque de prédation est le plus grand parce qu'elle se trouve dans le passage Kendrick, dans la baie Nootka (numéro de permis AQSF 1798, 2012). Les loutres semblent remonter la zone intertidale après avoir consommé les grosses espèces de palourdes dans les portions infralittorales de la plage, et nous espérions qu'un obstacle de 30 m de large entre les stocks de grosses palourdes et le stock de palourdes japonaises casserait la tendance. Les palourdes japonaises au-dessus de cet obstacle sont plus petites et, nous l'espérions, moins attrayantes pour les loutres. Nous avons par conséquent couvert 1,5 ha de deux types de filets. Le premier type est un filet rectangulaire de 7,5 m x 15 m à mailles de nylon de 2 po qui ne flotte pas. Il a peu de points de contrainte puisqu'il n'est pas attaché à la ligne de pourtour, ce qui le rend très difficile à déchirer, et il ne flotte pas, ce qui réduit les possibilités d'emmêlement. Un filet fini pèse environ 25 kg. Le deuxième filet est une nappe de 4 m x 15 m formée de mailles de polypropylène extrudé biorienté. Il a des mailles de 28 mm x 38 mm, une résistance à la traction de 1 200 à 2 150 lb/pi et son poids net de 23kg/nappe. Les deux types de filets sont fixés à la plage à l'aide de crochets en U en acier, et les coins sont de plus retenus en place par des sacs de vexar renfermant à peu près 10 kg de pierres.

Selon les approbations, 3,77 ha de ce site pourraient être protégés par des filets, mais nous avons l'intention de n'en étendre que sur 1,5 ha. Il y a, sur la côte ouest de l'île de Vancouver et dans le centre de la côte de la Colombie-Britannique, de nombreux élevages de mollusques et crustacés et de nombreuses pêcheries, qui sont pour la plupart exploités par des groupes locaux des Premières Nations et dont aucun n'est financièrement viable sans protection contre ces loutres. Cette prédation a aussi des incidences sur toutes les grosses espèces de palourdes, les panopes du Pacifique, les ormeaux, les oursins, les concombres de mer et les pétoncles. Il ne fait pas de doute que la prédation par la loutre de mer peut décimer un élevage de mollusques et de crustacés au point où il ne sera plus commercialement viable. Aucune de ces espèces ne sera produite de façon durable dans ces régions si la prédation par la loutre de mer ne peut être maîtrisée. Pour améliorer le rendement environnemental, il est essentiel que la sécurité des loutres soit maintenue, mais la prédation d'espèces de mollusques et de crustacés commercialement viables à certains endroits doit être réprimée.

Introduction

Nous sommes une société à responsabilité limitée faisant l'élevage de la palourde japonaise et de l'huître creuse du Pacifique dans la baie Nootka, située dans la partie centrale de la côte ouest de l'île de Vancouver. Nous croyons être l'un des premiers élevages de palourdes sur estran en activité sur lesquels la prédation par la loutre de mer (Enhydra lutris) a un impact, un impact important dans le cas de notre stock de palourdes japonaises. La loutre ne semble pas nuire à l'huître creuse du Pacifique.

La loutre fait partie de la famille des belettes et pèse entre 14 et 45 kg. Son aire de répartition comprend la Californie, l'État de Washington, la Colombie-Britannique, l'Alaska, la Russie et le Japon. Elle a été réintroduite sur la côte de l'île de Vancouver entre 1969 et 1972. Je crois que sa population augmente de près de 20 % par année. Leur statut est devenu celui d'une espèce menacée en 1996. Il s'agit d'un animal diurne, qui cherche sa nourriture le matin ou en soirée. Les loutres se rassemblent en groupes d'individus de même sexe qui peuvent compter chacun une centaine d'animaux. La loutre peut atteindre 9 km/h à la nage, et une fourrure très épaisse, plutôt qu'une couche de lard, lui permet de contrer les effets de l'eau froide. Son taux métabolique est par conséquent deux ou trois fois plus élevé que ce à quoi on pourrait s'attendre chez un mammifère terrestre de taille semblable. Pour alimenter ce métabolisme élevé, la loutre ingurgite chaque jour l'équivalent de 25 % à 40 % de son poids corporel, surtout des mollusques et des crustacés. Elle plonge jusqu'au plancher océanique pour chercher sa nourriture et peut rester sous l'eau jusqu'à cinq minutes. Elle peut creuser à une profondeur d'au moins un pied, et elle peut le faire dans la pierre ou à travers une épaisse couche d'huîtres. La loutre de mer est arrivée dans cette région en 2007, et sa population n'a cessé d'augmenter depuis. Chaque année, les loutres se trouvent généralement en grand nombre dans notre région du début du mois d'octobre à la mi-juin.

Il faut souligner que la loutre de rivière n'est pas un animal préoccupant pour les élevages de palourdes japonaises, car elle ne consomme pas de palourdes. Elle peut peut-être même être considérée comme bénéfique, puisqu'elle mange des poissons plats, qui sont des prédateurs de la palourde japonaise. Nous disposons à l'heure actuelle de très peu d'information sur les méthodes qui permettraient de réduire l'impact de la prédation par la loutre de mer parce qu'il s'agit d'un problème nouveau dans la plupart des zones d'aquaculture de la côte ouest du Canada. Sans protection, de 80 % à 85 % des stocks de palourdes japonaises seront vraisemblablement perdus. De toute évidence, la viabilité commerciale des exploitations serait alors compromise. Les autres espèces gravement touchées sont les pétoncles, les concombres de mer, les oursins, les ormeaux, les moules et les panopes du Pacifique. Il y aura également des conséquences importantes sur l'accès des membres des Premières Nations à la nourriture. Vu l'expansion rapide de l'aire de répartition des loutres de mer et l'augmentation de leur population de près de 20 % par année, ce problème aura des répercussions énormes sur une bonne partie de la côte ouest du Canada.

Il faut remarquer que la zone intertidale où la palourde japonaise vit naturellement peut être extrêmement productive au mètre carré. On peut s'attendre à ce que le terrain ensemencé et protégé par des filets produise 5 kg/m2 par année, ce qui représente une valeur annuelle d'environ 20,00 $/m2. Les taux de croissance du site du ruisseau Kendrick sont excellents grâce au niveau du substrat pendant la marée, les palourdes étant très bas dans la zone intertidale et pouvant grossir très rapidement. Dans les régions éloignées, c'est souvent des collectivités des Premières Nations locales que viennent les ramasseurs, qui sont vraisemblablement heureux de cette occasion de travailler. Le travail s'effectue à temps partiel, puisque la marée limite l'accès au terrain.

Méthodologie

Ce site est une grande plage intertidale hautement productive du passage Kendrick qui, en raison de son emplacement sur le côté ouest de la baie Nootka, est en ce moment la cible de grands groupes de loutres de mer comptant souvent de 200 à 400 individus. Ce permis (AQSF 1798) concerne une plage assez plate de 5,5 ha ayant un fetch de 7 milles marins au sud-est. La plage est faite d'un substrat de gravier et de coquillages, et elle abrite un stock compact de palourdes japonaises et de naissain, ce qui la rend attirante pour les loutres. Du côté est, les vents de terre venant du nord frappent le site durant les périodes froides de l'hiver. Un ruisseau de taille moyenne coule du côté ouest de la tenure, la limite de la tenure se trouvant à 5 m de son lit. Ce ruisseau déborde chaque année pendant les grosses tempêtes hivernales, mais la seule zone de palourdes se trouvant aux abords a été recouverte du filet de plastique sans que celui-ci en souffre trop. Le fetch au sud-est provoque à la fois de la houle et du clapot, qui peuvent être importants pendant les grosses tempêtes hivernales. Les loutres semblent remonter la zone intertidale, puisqu'elles consomment de grosses espèces de palourdes et des panopes du Pacifique dans les parties infralittorales de la plage. Comme, selon les approbations, 3,77 ha de ce site pourraient être protégés par des filets, nous espérons qu'un obstacle de 30 m de largeur sur 1,5 ha de plage entre les stocks de grosses palourdes et le stock de palourdes japonaises pourra casser cette tendance. Les palourdes japonaises au-dessus de cet obstacle sont plus petites et, nous l'espérions, moins attrayantes pour les loutres. Parce que de très nombreuses moules Mytilus trossulus salissent chaque année les filets, nous avons dû utiliser de plus grandes mailles et une ficelle de plus petit diamètre.

Le défi consiste à créer un filet qui tienne en place, ne s'enfouisse pas dans le substrat, ne se surcharge pas de moules, protège le stock, soit facile à enlever pour permettre l'accès à la plage et ne mette pas les loutres de mer en danger.

Les filets de nylon ont été très faciles à installer sur la plage, mais ils étaient trop grands; nous avons donc réduit leur taille de 15 m x 15 m à 15 m x 7,5 m. Cette taille est beaucoup plus facile à manipuler. Nous avons utilisé une corde de polyester légèrement plus grosse que ce que nous avions prévu, parce qu'il était facile de se procurer de la corde 11/32. Cette corde passait très facilement dans les mailles; les mailles ont été fermement fixées aux cordes dans les coins, et nous avons laissé des bouts de corde de 18 po. Nous avons ainsi pu attacher toutes les nappes de filet ensemble dans les coins, puis fixer le bas des filets. Les crochets en U en acier ont donné de bons résultats dans cette section de la plage. Les 61 filets ont été placés dans les parties extérieures du site, là où il y a beaucoup de vagues et de clapot. Les filets ont été moins coûteux que ce qui avait été prévu parce que le devis avait été calculé en fonction de la longueur, mais les filets nous ont été vendus au poids. Ces économies ont été contrebalancées par l'augmentation des coûts de la corde et de la main-d'œuvre nécessaire pour mettre les filets en place. Le filet accroche facilement les bâtons et les débris, mais il ne s'est pas déchiré, sauf sous l'action d'hélices. Les tempêtes hivernales ont déplacé une bonne quantité de substrat, qui s'est retrouvé en grande partie à la limite supérieure des filets. Il a cependant été très facile de dégager les filets des gradins de plage en raison du petit diamètre de la ficelle. Un des avantages importants de l'absence de flottabilité des filets, c'est que les sacs de pierres ne sont nécessaires que le long du périmètre et ne sont pas utilisés du tout au centre des filets. Les nappes peuvent donc être ouvertes très facilement et très rapidement. Nous avons utilisé des attaches de câble en plastique tous les 6 pi le long du périmètre afin d'assurer la continuité des nappes, mais nous cherchons une solution de rechange. Nous n'aimons tout simplement pas être obligés de couper les attaches de câble chaque fois que nous ouvrons le filet parce que cela fait des déchets de plastique et que nous perdons du temps pendant la marée.

Il est essentiel que les mailles restent lâches près du pourtour pour que les filets soient souples. Ils sont très faciles à étaler sur la plage et très difficiles à déchirer parce que les mailles se déplacent simplement le long de la corde dans la direction de la force exercée sur elles. Nous sommes très impressionnés par ces filets, mais nous n'avons pas eu le temps d'observer les effets d'une surcharge de moules sur ces mailles. Nous avons constaté qu'ils restent en place même aux endroits où il y a des déferlantes d'au moins 1 m de haut. Il n'y a eu absolument aucun problème d'enchevêtrement de poissons ou de mammifères marins dans ces mailles.

Le second type de filet se présente en nappes de 4 m de largeur formées de mailles de polypropylène extrudé biorienté, un matériau rigide. Ce filet est vendu en rouleaux de 75 m de longueur. Nous en avons déployé la moitié à leur pleine longueur, et nous avons retenu ces longueurs ensemble à l'aide d'attaches de câble et de sacs de pierres qu'elles se partageaient à leur jonction. Ce fut un désastre, la première tempête hivernale a emporté la plus grande partie de ce matériel sur la plage, tandis qu'un courant dont nous ne connaissions pas l'existence charriait le reste au large. Nous avons immédiatement modifié de 90 degrés l'orientation des filets afin qu'ils soient perpendiculaires au bord de l'eau, et nous avons réduit leur longueur à 15 m, une longueur qui s'est avérée beaucoup plus facile à manipuler. Nous avons connu un problème grave, puisque les algues sur la plage étaient enfouies sous le filet de plastique à un point tel qu'elles retenaient des bulles d'air qui soulevaient les filets et renversaient les sacs de pierres par-dessus les jointures. 

La leçon numéro un a donc été : il faut avoir suffisamment de pierres sous la main pour retenir les filets de plastique au sol avant de tenter de les installer. Nous avons cessé d'en installer et avons réfléchi pour trouver une meilleure manière de procéder. Après plusieurs mois de difficultés, nous avons changé d'idée à propos de ce dont le produit final devrait avoir l'air. Nous avons cessé d'essayer de travailler avec une nappe continue de plastique et avons considéré chacune des nappes comme une unité autonome. Nous avons cessé d'utiliser un seul sac de pierres pour plus d'une nappe à la fois et avons porté à 21 le nombre de sacs sur chacune des nappes. Pour être certains de ne pas perdre le matériel, nous avons attaché directement deux sacs de pierres aux filets avec des cordes. C'est la première chose que nous faisons lorsque nous plaçons un filet sur la plage, et nous ne retirons jamais ces sacs de pierres. Les filets sont traînés latéralement, ainsi que les deux sacs qui y sont toujours attachés, ce qui n'est pas difficile. Les sacs restants sont ensuite placés sur la nappe à 15 po à peu près du bord; ils ne se sont pas renversés depuis que nous avons apporté ce changement. Nous n'utilisons plus les attaches de câble sur les filets de plastique parce que nous les avons trouvées inefficaces et que nous ne voulions tout simplement pas de cette pollution par le plastique sur notre tenure. Nous avons aussi constaté que les crochets en U en acier ne tenaient pas bien dans le substrat mou, même lorsque nous avons commencé à utiliser des crochets plus longs de 30 po. Nous utilisons encore des crochets en U en acier sur les coins du filet de plastique qui font face à la mer, mais leur valeur est limitée lorsque les filets flottent. Nous continuons d'utiliser des lignes littorales et des lignes d'ancrage pour que les filets restent en gros sur la surface que nous désirons couvrir, mais nous faisons passer une corde de tête dans les filets et nous l'attachons à chaque filet indépendamment des autres.

Nous étions au début très intimidés par la tâche à accomplir, mais nous sommes maintenant très à l'aise et nous commençons à avoir une préférence pour ces filets dans les zones où il n'y a pas trop de houle et de clapot. Ce matériel ne convient toutefois pas aux endroits de la plage où il y en a beaucoup. Nous pensons que ce filet est le premier choix dans les zones de courant où l'eau peut charrier beaucoup de débris, c'est-à-dire près de la rivière ou dans les mares boueuses où du bois saturé d'eau peut s'accumuler. Nous ne pouvons pas assez répéter que ce matériel exige beaucoup de pierres!  Nous avons réduit la taille des sacs à 8 kg environ et en avons porté le nombre entre 21 et 24 par nappe. Cela signifie que, plutôt que d'avoir besoin de 1 550 sacs, nous en avons en fait utilisé près de 4 000. Il est intéressant de noter que nous n'avons pas manqué de pierres sur la tenure; il y a encore des endroits où nous pouvons en ramasser. Donc, le poids total des pierres utilisées à l'heure actuelle est d'environ 40 000 kg.

En ce qui concerne l'échéancier de ce projet, absolument rien ne s'est passé comme prévu. Notre entreprise a eu des difficultés liées au permis du site qui ont retardé l'approbation du financement demandé. Puis, il n'y avait pas assez de filets de plastique à l'usine, d'où un autre retard. Entre-temps, nous avons fabriqué et installé les filets de nylon mais, plutôt que de les faire venir en deux fois sur le Uchuck III, nous les avons apportés à Nootka, ainsi que les crochets en U en acier, dans notre propre camion et notre propre yole. Au moment où le filet de plastique est arrivé sur le Uchuck III, le 31 juillet, nos travailleurs à forfait vietnamiens étaient partis pour respecter des obligations antérieures. Nous sommes parvenus à terminer la préparation du site avant qu'ils ne s'en aillent et nous avons utilisé notre main-d'œuvre régulière pour déployer 70 % du filet de plastique. Ce filet s'est révélé problématique, si bien que nous avons fini par lever et entreposer certaines des nappes, et par entreposer le reste. Nous n'avons pas continué à installer le filet de plastique avant la mi-novembre, après la première grosse tempête hivernale et après avoir changé d'idée au sujet de son utilisation. En ce moment, tout le filet de plastique se trouve sur la plage et fonctionne bien. Donc, nous n'avons pas exactement respecté le calendrier, mais nous ne pouvons considérer le résultat final que comme une réussite sans partage.

Une portion de cette plage ne fait pas partie de notre tenure parce qu'elle se trouve près d'une zone de récolte directe de mollusques bivalves. Nous l'avons utilisée comme site témoin pour surveiller la prédation dans une partie non protégée de la zone intertidale. Nos filets ont été vérifiés toutes les deux semaines depuis le 4 août 2012. Dans la baie Nootka et la région avoisinante, il était très difficile d'utiliser des filets contre les prédateurs en raison de la grande quantité de Mytilus trossulus qui, chaque année, s'accrochent aux mailles. Les filets étant étendus à plat sur la plage intertidale, ces moules s'accrochent aux cailloux et aux morceaux de coquillages qui s'y trouvent. Les filets peuvent alors devenir très lourds et difficiles à déplacer; ils étoufferont les palourdes si la couche de moules est si épaisse qu'elle réduit le mouvement de l'eau et fait périr les animaux de faim. Nous avons par conséquent conçu des filets protecteurs en nylon ayant des mailles plus larges et une ficelle plus mince, ce qui réduit la possibilité pour les moules de s'y accrocher. L'ouverture des mailles du filet de plastique est assez grande, et son profil est plat; on peut donc, pour réduire leur population, écraser les petites moules à l'aide d'un rouleau lesté. Toujours en vue de rester écologique, il est extrêmement important que notre expérience ne mette pas les loutres de mer en péril. Nous travaillerons avec M. Paul Cottrell, coordonnateur, Mammifères marins, Pêches et Océans Canada, pour veiller à maintenir la sécurité des loutres de mer. 

Le présent rapport final est un peu prématuré, puisque c'est vraisemblablement au printemps et pendant les premiers mois de l'été que la prédation par la loutre de mer sera la plus importante. De plus, les filets sont maintenant lessivés et attireront divers organismes qui les saliront pendant les saisons de frai du printemps et de l'automne. Notre société est par conséquent déterminée à continuer de surveiller ces filets et préparera un rapport supplémentaire, après les moules de l'automne.

Prochaines étapes

Il y a, sur la côte ouest de l'île de Vancouver et dans le centre de la côte de la Colombie-Britannique, de nombreux élevages de mollusques et crustacés et de nombreuses pêcheries, qui sont pour la plupart exploités par des groupes locaux des Premières Nations. Tous ces sites risqueront de subir la prédation par la loutre de mer au cours des prochaines années. Il y aura également des conséquences importantes sur l'accès des membres des Premières Nations à la nourriture. Cette prédation a aussi des incidences sur toutes les grosses espèces de palourdes, les panopes du Pacifique, les ormeaux, les oursins, les concombres de mer et les pétoncles. Il ne fait pas de doute que la prédation par la loutre de mer peut décimer un élevage de mollusques et de crustacés au point où il ne sera plus commercialement viable. Aucune de ces espèces ne sera produite de façon durable dans aucune de ces régions si la prédation par la loutre de mer ne peut être maîtrisée. Pour améliorer le rendement environnemental, il est essentiel que la sécurité des loutres soit maintenue, mais la prédation d'espèces de mollusques et de crustacés commercialement viables à certains endroits doit être réprimée.

Nous avons appris à respecter l'appétit des loutres de mer, surtout lorsqu'elles arrivent en grand nombre à votre site. À un endroit, nous avons étendu des filets sur la moitié de la plage avec l'intention de terminer à la marée suivante. Au moins une centaine de loutres sont apparues pendant la soirée, et le lendemain nous avons été accueillis par des dizaines de seaux de coquilles de palourdes brisées et vides sur les filets que nous avions placés la veille!   Lorsque les loutres arrivent, soit votre récolte est protégée, soit elle est anéantie. Chaque loutre a aussi des effets énormes, simplement parce qu'elle mange plusieurs fois par jour et reste à un endroit pendant des mois. Cela dit, au cours des trois dernières années, nous avons eu de fréquents contacts avec des loutres et nous avons découvert que ce sont des animaux plutôt timides et sensibles aux contacts avec l'être humain. Il est intéressant de noter qu'absolument rien n'indique que les loutres de mer essaient sérieusement de faire des trous dans les filets ou de les déplacer, alors que leurs effets se font sentir sur le terrain avoisinant les nappes de filet. C'est vrai pour les deux styles de filets, ainsi que pour un filet de polyester que nous avons utilisé à un autre endroit. Nous sommes peut-être optimistes, mais il semble qu'il ne sera pas difficile d'empêcher les loutres de mer d'accéder aux stocks cultivés ou à des zones précises. Il est important d'entretenir les filets avec diligence. Nous sommes sûrs de pouvoir continuer à élever des palourdes japonaises malgré les grandes populations de loutre de mer qui se trouvent dans la région.

Conclusion

Nous avions dit que nous considérerions ce projet comme une véritable réussite si les loutres n'arrivaient pas à faire de trous dans aucun des deux types de filets, si les filets n'étaient pas emportés vers la mer par le vent ou ensevelis dans le substrat, et si le site témoin présentait des indices (trous et coquilles brisées) de la prédation par la loutre de mer. Malgré plusieurs contretemps, les filets ayant été déplacés ou emportés vers la plage et le substrat ayant enseveli la lisière supérieure des filets de nylon, nous avons l'impression d'avoir satisfait aux critères permettant d'affirmer que ce projet de démonstration est une réussite.

Il ne fait pas de doute que, sans ces filets, nous aurions perdu cette récolte de palourdes l'hiver dernier et que nous perdrions les récoltes à l'avenir. Notre société n'aurait probablement pas entrepris ce travail sans le financement du Programme d'innovation en aquaculture et d'accès au marché (PIAAM) de Pêches et Océans Canada. Puisque la sécurité de la récolte est maintenant assurée, du moins nous l'espérons, celle-ci servira de stock de géniteurs pour les environs, ce qui encouragera le recrutement dans la pêche sauvage de la palourde de la zone F. La pêche sauvage et la pêche d'élevage fourniront de l'emploi à des membres des Premières Nations locales qui ont des permis et effectuent la récolte pour notre entreprise. Nous prévoyons fournir de l'emploi à au moins huit personnes, des emplois qui auraient été perdus sans cet investissement. De plus, d'autres sociétés confrontées à ce dilemme seront encouragées par nos résultats positifs et pourront décider de tenter de protéger leurs récoltes en installant des obstacles à la prédation. Bien que nous n'élevions que des palourdes japonaises, de nombreuses autres espèces sont également concernées par ce problème dans une grande partie, et une partie de plus en plus grande, de la côte de la Colombie-Britannique. Ce travail aura des répercussions énormes sur la volonté de l'industrie aquacole de lutter contre la prédation par la loutre de mer et de la limiter.

Les loutres de mer sont de beaux animaux. Nous ne leur voulons pas de mal. Nous désirons simplement apprendre à coexister avec elles au moment où leur population se stabilise, tout en maintenant la viabilité de notre entreprise.

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