Crabe des neiges (Chionoecetes opilio)

Sur cette page

• Aperçu de l’espèce
• Historique de la pêche
• Contexte écosystémique
• Avis scientifiques et recherche
• Plan de gestion intégrée
• Sources

Aperçu de l’espèce

Description physique

Le crabe des neiges est un crustacé au corps plat, relativement petit et rond. Il a 10 longues pattes minces; la paire avant est dotée de pinces, tandis que les quatre paires arrière sont utilisées pour marcher. La couleur de la carapace d'un crabe des neiges peut varier du rouge clair au brun sur le dos et du blanc au jaunâtre sur le ventre. Certaines parties de la carapace peuvent être irisées, c'est-à-dire qu'elles changent de couleur selon l'angle sous lequel on les regarde.

Le corps central, appelé carapace, d'un crabe des neiges mâle peut atteindre une largeur maximale de 150 mm. Les mâles peuvent mesurer jusqu'à près d'un mètre (pattes comprises) et peser jusqu'à 1,4 kg. Les femelles atteignent environ la moitié de la taille des mâles, et elles ont des pinces plus petites et une poche flexible et arrondie sur l'abdomen servant à porter les œufs. Le crabe des neiges peut vivre jusqu'à 20 ans.

Répartition

Dans l'est du Canada, l'aire de répartition du crabe des neiges s'étend du centre du Labrador, au nord, à l'ouest de la Nouvelle-Écosse, au sud, et dans tout le golfe du Saint-Laurent. Le crabe des neiges préfère des températures de l'eau inférieures à 3 °C, mais il tolère des températures allant jusqu'à 7 °C. Il vit le plus souvent sur des fonds marins sableux ou vaseux à des profondeurs comprises entre 20 et 2 000 m.

Cycle vital

Le crabe des neiges grossit en perdant périodiquement sa carapace extérieure dure durant un processus appelé la mue. Après la mue, la carapace reste molle pendant 8 à 10 mois. Le crabe des neiges cesse de croître lorsqu'il atteint la maturité sexuelle. Les mâles sexuellement matures ont des pinces légèrement plus grandes et une largeur de carapace allant de 40 à 150 mm. Les femelles sexuellement matures développent un abdomen plus large pour porter des œufs, et la largeur de leur carapace est comprise entre 40 et 95 mm.

Après l'accouplement, le crabe des neiges femelle porte entre 20 000 et 150 000 œufs sous son abdomen pendant un ou deux ans. Les œufs éclosent à la fin du printemps ou au début de l'été. Les larves nouvellement écloses passent de 12 à 15 semaines dans la colonne d'eau avant de s'établir sur le fond de la mer. Les femelles sexuellement matures peuvent vivre cinq ou six ans et produire deux ou trois groupes d'œufs au cours de leur vie.

Historique de la pêche

Des débarquements de crabe des neiges au Canada atlantique ont été signalés pour la première fois au début des années 1960 comme prises accessoires des petits chalutiers de poisson de fond dans le sud du golfe du Saint-Laurent. En 1965, une pêche à la senne danoise a été lancée pour le crabe des neiges au large de Chéticamp, en Nouvelle-Écosse. Le programme s'est étendu au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard en 1966, puis au Québec en 1967. La pêche du crabe des neiges à Terre-Neuve a commencé en 1968 dans la baie Trinity.

En 1968, les pêcheurs sont passés aux pièges appâtés. Environ 60 bateaux participaient à la pêche, l'effort de pêche étant concentré près de Gaspé, au Québec, et à l'ouest de l'île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. La pêche au crabe des neiges à l'est de la Nouvelle-Écosse a commencé à la fin des années 1970. Son développement a été lent jusque dans les années 1980; elle a ensuite connu une expansion rapide, jusqu'à devenir l'une des pêches les plus importantes au pays en raison des débarquements et de la valeur économique. Au cours des dernières décennies, la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador a été la plus importante, avec une expansion rapide de la pêche à la suite de l'effondrement du poisson de fond au début des années 1990.

Les casiers à crabe des neiges sont coniques et conçus de manière à ce que les femelles et les mâles de taille inférieure à la taille légale minimale puissent y entrer et en sortir librement. Ils ne sont pas considérés comme ayant des répercussions négatives majeures sur l'habitat du poisson.

Des protocoles sont mis en place pour éviter les prises excessives, ainsi qu'assurer la manipulation et le rejet des crabes à carapace molle pour leur permettre de continuer à grandir et à maturer. Si les prises de crabes à carapace molle sont trop élevées, la pêche peut être fermée dans certaines zones.

La pêche au crabe des neiges au Canada atlantique est composée de flottes des Premières Nations et de groupes autochtones, ainsi que de flottes commerciales hauturières, semi-hauturières et côtières qui ont accès à environ 60 zones de pêche du crabe (ZPC). Les limites des ZPC ne reposent pas sur des facteurs biologiques et ne servent qu'à la gestion. La saison de pêche se déroule généralement entre avril et septembre. Pendant la saison de pêche, il est possible que des zones locales soient fermées pour limiter les répercussions sur les crabes à carapace molle et la baleine noire de l'Atlantique Nord.

Sud du golfe de Saint-Laurent

La pêche au crabe des neiges dans le sud du golfe du Saint-Laurent est composée de flottes des Premières Nations et de groupes autochtones ainsi que de flottes semi-hauturières et côtières.

• Nouveau-Brunswick
• Nouvelle-Écosse
• Île-du-Prince-Édouard
• Québec

Dans le sud du golfe du Saint-Laurent, le crabe des neiges est traité comme un seul stock aux fins d'évaluation. Il y a actuellement quatre ZPC dans le sud du golfe du Saint-Laurent :

• 12;
• 12E;
• 12F;
• 19.

La ZPC 12 est la plus importante en raison de sa superficie, du nombre de participants et des débarquements. La saison de pêche dans les ZPC 12, 12E et 12F commence généralement dès que les lieux de pêche sont libres de glace, en avril, et elle se termine le 30 juin. Dans la ZPC 19, la saison de pêche commence en juillet et se termine en septembre.

Il y a deux zones tampons dans le sud du golfe du Saint-Laurent où la pêche est interdite :

• une bande de deux milles marins de large qui longe la limite nord de la zone 19;
• une bande le long de la limite sud de la zone 19.

Pendant la saison de pêche, il est possible que des zones locales soient fermées pour limiter les répercussions sur les crabes à carapace molle ou à la suite de l'observation de baleines noires de l'Atlantique Nord sur les lieux de pêche.

Terre-Neuve-et-Labrador

Les premiers débarquements de crabe des neiges à Terre-Neuve-et-Labrador remontent à la fin des années 1960. Il s'agissait de prises accessoires provenant de la pêche du poisson de fond au filet maillant dans la baie Trinity. Dans les années 1970, des pêches dirigées du crabe des neiges se sont développées le long de la côte nord-est, principalement dans la division 3L de l'OPANO, puis dans la division 3K. La pêche du crabe a été sporadique dans la sous-division 3Ps de l'OPANO dans les années 1970 et ce n'est qu'au milieu des années 1980 qu'elle y a été pratiquée régulièrement.

La pêche au Labrador (division 2J de l'OPANO) a commencé au milieu des années 1980. Des pêches exploratoires de petite envergure ont commencé dans la division 4R à la fin des années 1980, d'abord dans la baie St. George et dans la baie des Îles, mais elles n'ont pas produit de débarquements importants avant le début des années 1990.

Les pêcheurs de crabe des neiges à Terre-Neuve-et-Labrador qui pratiquaient cette pêche avant son expansion dans les années 1980 ont été désignés comme titulaires de permis de pêche à temps plein dans les divisions 2J, 3K et 3L. Au début, les détenteurs de permis de pêche à temps plein pratiquaient leurs activités dans les eaux proches de la côte, mais ils les ont depuis relocalisées au-delà de 50 milles de la côte.

Des pêches d'appoint ont été établies dans les divisions 2J et 3K et la sous-division 3Ps en 1985 et dans la division 3L en 1987. Elles avaient pour but de donner aux pêcheurs un accès au stock de crabe des neiges pour suppléer à leurs revenus, réduits par le déclin des stocks de poisson de fond.

Des permis temporaires saisonniers de pêche des crabes des neiges ont d'abord été délivrés aux exploitants de navires de moins de 35 pieds de longueur en 1995 à la suite de l'accroissement des stocks de crabes des neiges et au déclin de ceux du poisson de fond, dont ces entreprises avaient toujours dépendu. En 2003, le ministre des Pêches et des Océans annonçait la conversion des permis saisonniers temporaires de pêche du crabe des neiges en permis de pêche côtière permanente de ce crustacé.

Région des Maritimes

La pêche au crabe des neiges dans la région des Maritimes est composée de pêcheurs des Premières Nations et de la Nouvelle-Écosse. Trois grandes zones de pêche du crabe (ZPC) sont évaluées :

• nord-est de la Nouvelle-Écosse (anciennement les ZPC 20 à 22);
• sud-est de la Nouvelle-Écosse (anciennement les ZPC 23 et 24);
• 4X (anciennement la ZPC 24W).

La saison de pêche dans le nord-est et le sud-est de la Nouvelle-Écosse commence au début du printemps et se termine à l'automne. La saison de pêche dans la ZPC 4X commence à l'automne et se termine au printemps de l'année suivante.

La ZPC 4X et certaines parties du sud-est de la Nouvelle-Écosse correspondent à la limite sud de la répartition du crabe des neiges dans l'Atlantique Nord-Ouest. Les crabes qui y vivent sont exposés aux conditions environnementales les plus chaudes et les plus variables.

Contexte écosystémique

Le crabe des neiges consomme des invertébrés, par exemple :

• d'autres crustacés;
• des bivalves;
• des mollusques;
• des ophiures;
• des vers polychètes;
• de petits poissons;
• des actiniaires;
• d'autres débris sur le fond marin;
• d'autres crabes des neiges, les individus plus gros s'attaquant à des plus petits.

Les prédateurs du crabe des neiges sont les suivants :

• le flétan atlantique;
• les raies (en particulier la raie épineuse);
• la morue franche;
• les loups de mer;
• les phoques;
• la plie canadienne;
• les calmars;
• d'autres crabes.

Les petits crabes des neiges sont particulièrement vulnérables à la prédation, tout comme les crabes à carapace molle pendant la saison de mue printanière.

Les changements climatiques ont des impacts sur l'habitat du crabe des neiges. Les changements observés comprennent notamment :

• des décalages à grande échelle des courants océaniques;
• des eaux plus chaudes;
• des vents plus forts;
• des tempêtes plus fréquentes;
• l'acidification des océans;

En tant qu'espèce d'eaux froides, le crabe des neiges présent dans le sud de la région du Golfe survit aux mois les plus chauds en vivant dans la couche d'eau intermédiaire froide qui se forme au printemps et qui persiste tout au long de l'été et de l'automne. La taille et la température de cette couche d'eau dépendent en grande partie des vents dominants et des conditions thermiques de l'hiver précédent. Des conditions hivernales chaudes ont des répercussions négatives sur la taille et la qualité de l'habitat du crabe des neiges dans la couche intermédiaire froide. Des vents forts et des tempêtes peuvent entraîner un mélange à court terme des eaux chaudes de surface et de la couche intermédiaire froide, qui se traduit par des arrivées brusques d'eaux chaudes dans l'habitat du crabe des neiges.

Version textuelle

Ce diagramme présente une vue transversale des couches d'eau océaniques et de l'habitat des crabes des neiges. Il illustre trois principales couches verticales de l'océan :

• la couche de surface chaude
• la couche intermédiaire froide
• la couche chaude d'eau profonde

La couche superficielle chaude, située au sommet, se caractérise par une eau de faible densité et de température plus élevée. En dessous se trouve la couche intermédiaire froide, plus dense et sujette à un mélange saisonnier, indiqué par des flèches montrant le mouvement de l'eau, se mélangeant à la couche superficielle chaude en hiver. Au fond se trouve la couche chaude d'eau profonde, qui est également dense, mais plus chaude que la couche intermédiaire. Des crabes des neiges habitent le fond marin en pente dans la colonne d'eau de la couche intermédiaire froide.

Une couche intermédiaire froide qui est petite et chaude signifie moins d'habitat disponible où le crabe des neiges peut se réfugier pendant l'été et l'automne, ce qui peut conduire à une augmentation des maladies, de la famine et du cannibalisme. Les températures chaudes entraînent également une augmentation des besoins métaboliques du crabe des neiges, ce qui oblige les individus à consommer plus de nourriture. Les changements de température peuvent également avoir des effets sur ce qui suit :

• les taux et les moments de croissance;
• la taille à la maturité;
• le moment de l'accouplement.

Les moments de l'éclosion des œufs et de la libération des larves risquent également de ne plus être synchronisés avec la prolifération du phytoplancton dont les larves se nourrissent.

Dans la région des Maritimes, la variabilité de l'environnement est influencée par le Gulf Stream du sud et le courant du Labrador du nord.

L'acidification des océans due à l'augmentation du dioxyde de carbone dissous dans l'eau de mer représente un risque possible pour le développement de la carapace du crabe des neiges, en particulier pour les larves et les juvéniles.

Baleine noire de l'Atlantique Nord

La baleine noire de l'Atlantique Nord est inscrite en tant qu'espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Son aire de répartition chevauche les lieux de pêche du crabe des neiges. Le Canada a mis en place une série de mesures et d'initiatives relatives aux pêches au Canada atlantique et au Québec pour réduire les risques d'empêtrement. Pour aider à protéger les baleines, le MPO travaille également en étroite collaboration avec l'industrie de la pêche, les groupes autochtones et d'autres partenaires pour rendre les engins de pêche plus sécuritaires.

Avis scientifiques et recherche

Obtenez des avis scientifiques et des recherches sur le crabe des neiges

Plan de gestion intégrée

Consultez le Plan de gestion intégrée des pêches de le crabe des neiges

Sources

• MPO 2010. Points de référence conformes à l'approche de précaution pour le crabe des neiges du sud du golfe du Saint-Laurent. Secr. can. de consult. sci. du MPO. Avis sci. 2010/014.
• Hare and Dunn 1993. A retrospective analysis of the Gulf of St. Lawrence snow crab (Chionoecetes opilio) fishery 1965-1990. Can. Bull. Fish. Aquat. Sci. 226:177-192.