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Document de recherche 2009/005

Évaluation de la pêche exploratoire de l'holothurie (Cucumaria frondosa) dans le sud-ouest du
Nouveau-Brunswick

Par S. Rowe, P. Comeau, R. Singh, S. Coffen-Smout,
M. Lundy, G. Young, J. Simon, et H. Vandermeulen

Résumé

La pêche expérimentale de l’holothurie dans le Sud-Ouest du Nouveau Brunswick (SONB) a évolué depuis 1999, progressant vers une pêche exploratoire de stade II, conformément à la nouvelle politique sur les pêches émergentes. La moyenne des débarquements des cinq dernières années totalise environ 1 200 tonnes, capturées par deux titulaires de permis. Une demande d’évaluation scientifique a été présentée afin de connaître la durabilité de cette pêche et ses effets sur les écosystèmes. Plus précisément, la Direction de la gestion des pêches et de l'aquaculture de la Région des Maritimes du MPO a posé aux directions des sciences, des océans, de l'habitat et des espèces en péril la question suivante : « Quels sont les effets écosystémiques potentiels (stock, habitat et prises accessoires) de la pêche de 1 000 à 1 300 tonnes d'holothuries dans les zones de pêche récemment identifiées du SONB? Caractérisez le risque relatif que représente cette pêche pour le stock, l’habitat et les prises accessoires et fournissez de l’information quantitative et/ou qualitative à ce sujet. »

On connaît peu le cycle biologique et la structure du stock d’holothuries dans la Région des Maritimes. Les taux d’exploitation durables et autres points de référence sont inconnus, tout comme les conséquences de la pêche sur la structure et la fonction de l'écosystème.

Depuis 1999, plus de 80 % des prises et 90 % de l’effort de pêche concernent la seule zone de pêche appelée « Les Passages ». Les débarquements ont atteint un sommet d’environ 1 600 tonnes en 2005 pour se stabiliser aux environs de 1 100 tonnes depuis, ce qui pourrait s'expliquer par les zones de pêche définies et la mise en place d’un total autorisé de captures (TAC) global de 1 370 tonnes avant la saison de pêche de 2006. L'effort de pêche a atteint un point culminant en 2005, avant de se stabiliser à des niveaux inférieurs de 2006 à 2008. Les taux de prises ont culminé à 4 877 kg/h en 2002, puis se sont maintenus à un niveau proche de la moyenne à long terme de 4 292 kg/h en 2007 et 2008. Si les taux de prises sont restés soutenus, ils suscitent néanmoins des incertitudes, quant à savoir s’ils correspondent véritablement au niveau d’abondance de la population.

Un relevé réalisé en 2004 a révélé que les grands bancs d’holothuries étaient relativement circonscrits, les plus fortes prises provenant du secteur situé au nord de l’île Deer, où la plus grande partie de l’effort de pêche a été déployée entre 2000 et 2004. Étant donné la nature irrégulière de la répartition de l’holothurie et l’absence de relevés systématiques sur toute la zone de pêche, il est impossible d’établir une estimation de l’abondance de la population totale pour le moment.

On a observé des signes de diminution progressive dans le temps de la taille des animaux débarqués, bien que la valeur de ces observations n’ait pas été établie et que des études additionnelles soient requises. Si la taille des animaux débarqués a véritablement diminué avec le temps, cela signifie une hausse du taux d’exploitation associé au TAC de 1 370 tonnes.

L'espèce la plus couramment sujette à des prises accessoires au cours de la pêche de l'holothurie dans le SONB est l'oursin, avec des prises estimées à 34 tonnes en 2008. En comparaison, 1 028 tonnes d'oursins ont été débarquées dans le cadre de la pêche ciblée sur la ZPH 36 en 2007-2008. Les pêcheurs d’holothurie remettent à la mer toutes les prises d’autres espèces, bien que la survie de ces dernières n’ait pas été évaluée dans le cadre de cette pêche. Des observateurs en mer ayant fourni des descriptions plus détaillées des prises accessoires que celles qui sont consignées dans les journaux scientifiques de la pêche de l’holothurie, le maintien de la présence des observateurs en mer est recommandé.

Le milieu dans lequel la pêche de l’holothurie dans le SONB est pratiquée est considéré comme étant productif et diversifié, affichant une répartition très irrégulière des organismes et caractéristiques benthiques. Des effets immédiats et circonscrits des engins de pêche de l’holothurie sur l’habitat benthique ont été observés (notamment, perturbation de la couche de périphyton), mais les répercussions à long terme sur les communautés et leur taux de récupération sont inconnus et nécessiteront un examen plus approfondi. Il serait possible de réduire les risques d'impact sur l’habitat dans les zones de pêche actuelles, si l’on étudiait l’emplacement ou l’étendue des habitats vulnérables, ainsi que le taux de rétablissement de types d’habitats connus dans ces mêmes zones.

Étant donné le nombre d’incertitudes associées à cette pêche, une démarche extrêmement prudente est recommandée.

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