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Document de recherche 2008/087

Évaluation actualisée des renseignements scientifiques relatifs à l’impact des bruits sismiques sur les mammifères marins, de 2004 jusqu’à présent

Par P. Abgrall, V.D. Moulton et W.J. Richardson

Résumé

Le document offre une évaluation actualisée des renseignements scientifiques relatifs aux effets sur les mammifères marins du bruit que produisent les canons à air employés pour les levés sismiques. Ses auteurs reviennent sur les conclusions du Rapport sur l’état des habitats 2004/002 du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS) (MPO, 2004a) et décrivent les renseignements parus depuis 2004 (jusqu’en février 2008). Les types d’incidences examinés suivent de près ceux décrits dans le Rapport sur l’état des habitats du SCCS. Ils comprennent la mortalité et les effets physiques, les effets comportementaux directs, les conséquences fonctionnelles des effets physiques et comportementaux, les effets chroniques et les effets indirects.

L’analyse de l’aspect mortalité et effets physiques porte sur les échouements et les morts, la perte d’audition et les effets extra-auditifs. On n’a pas de preuve concluante que les impulsions de canon à air provoque l’échouement ou la mort des mammifères marins, ni qu’elles ont des effets extra-auditifs (p. ex. la formation de bulles gazeuses). Cela dit, l’échouement de baleines à bec au voisinage de sites d’exercices navals qui mettaient en jeu des sonars à moyenne fréquence appelle à la prudence lorsqu’il s’agit d’effectuer des levés sismiques dans des zones fréquentées par cette espèce. Un article fondamental (Southall et al., 2007) recommande de nouveaux critères relatifs aux atteintes physiologiques chez les mammifères marins exposés au bruit. Les auteurs recommandent d’inclure la perte d’audition permanente, ou déplacement permanent de seuil (PTS, de l’anglais permanent threshold shift), parmi les critères. Du point de vue du niveau d’exposition sonore (SEL – sound exposure level), il y a risque de PTS lorsque le niveau sonore perçu dépasse de 15 dB le SEL susceptible de produire une perte d’audition temporaire, ou déplacement temporaire de seuil (TTS, de l’anglais temporary threshold shift). Du point de vue de la pression de crête, il peut y avoir perte d’audition permanente immédiate, si le niveau sonore perçu dépasse de 6 dB la limite inférieure du TTScrête. Dans le cas d’une exposition à des impulsions multiples comme celles émises par des canons à air, on suppose que le PTS survient si soit le critère de SEL, soit le critère de pression de crête qui suivent sont dépassés :

Les effets comportementaux directs pris en considération comprennent le déplacement et la déviation des voies migratoires, ainsi que la modification des régimes de plongée et de respiration, du comportement social et des vocalisations. Les baleines à fanons évitent généralement les parages immédiats des canons à air en activité, mais le rayon d’évitement varie beaucoup. Les baleines boréales et les baleines grises qui se trouvent dans leurs aires d’alimentation estivales n’ont souvent qu’une réaction d’évitement localisé. Les dauphins ont des réponses variées aux levés sismiques, mais ils semblent réagir davantage qu’on le soupçonnait. Les bélugas étudiés ont évité les navires sismiques dans un rayon de 10 à 20 km; les niveaux sonores perçus étaient estimés à entre 150 et 130 dB re 1 μPa (rms). Par contre, il y a peu d’indications que le cachalot macrocéphale évite les tirs sismiques, et une étude sur des phoques annelés a conclu qu’ils manifestaient une réaction très limitée d’évitement face à une batterie de canons à air en activité. Les régimes de plongée et de respiration varient en réaction à l’exposition à des bruits sismiques. D’après certaines analyses préliminaires, la quête de nourriture de cachalots macrocéphales dans le golfe du Mexique diminue durant les tirs. On rapporte des résultats variés pour ce qui est des changements dans les vocalisations des mammifères marins en réponse aux bruits sismiques. Certaines baleines à fanons et baleines à dents ont continué leurs appels au cours d’opérations sismiques, tandis que d’autres les ont interrompus pour les reprendre quand les levés se sont terminés. 

On a très peu de renseignements sur les conséquences fonctionnelles des effets physiques et comportementaux, les effets chroniques et les effets directs éventuelsdes bruits sismiques sur les mammifères marins. On suppose que les effets de masque des impulsions sur les appels des mammifères marins et sur d’autres sons naturels sont limités, mais il y a peu de données précises sur le sujet. 

Avis d’accessibilité

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