Avis scientifique 2019/052

Évaluation du potentiel de rétablissement : Saumon Chinook de l'Okanagan (Oncorhynchus tshawytscha) (2019)

Sommaire

• En été, le saumon Chinook de l'Okanagan de type océanique est l'unité désignable (UD) du saumon Chinook (Oncorhynchus tshawytscha) qui fraie dans la rivière Okanagan en amont du lac Osoyoos en Colombie-Britannique (C.-B.). Cette UD a été évaluée pour la première fois comme étant en voie de disparition par le COSEPAC en avril 2017. Aucune autre forme de cycle biologique, comme le saumon Chinook de l'Okanagan de type cours d'eau au printemps, n'a été évaluée.
• Les estimations des échappées sous la courbe pour le saumon Chinook de l'Okanagan ont été en moyenne de neuf individus non atteints d'adipose entre 2009 et 2012, puis de 50 individus en moyenne entre 2013-2017. En 2018, l'estimation des échappées était de 10 individus.
• L'analyse génétique indique que les saumons Chinook de l'Okanagan font partie de la métapopulation de saumons Chinook d'été de la partie supérieure du fleuve Columbia, dont on sait que les poissons sauvages et d'écloserie des États-Unis s'aventurent au Canada. Toutefois, l'analyse de l'ADN prélevée sur des saumons Chinook de l'Okanagan indique que certains des poissons frayant au Canada produisent des descendants qui retournent dans les frayères canadiennes.
• Les taux de mortalité élevés sont un facteur important qui empêche l'UD des saumons Chinook de l'Okanagan d'été de se rétablir. Les températures fluviales élevées, le passage à plusieurs barrages et l'interception dans les pêches récréatives et commerciales limitent la survie et la production de l'UD.
• On sait peu de choses sur l'utilisation de l'habitat au Canada; il faut plutôt déduire une grande partie des connaissances à partir de ce que l'on sait sur l'état de l'habitat du saumon rouge dans la rivière Okanagan et de l'utilisation de l'habitat du saumon Chinook en été dans le cours supérieur du fleuve Columbia. Les frayères dans la rivière Okanagan sont définies comme étant la résidence de l'UD.
• Les principales menaces anthropiques et facteurs limitatifs déterminés pour le saumon Chinook de l'Okanagan d'été comprennent : les modifications des cours d'eau (par les barrages, la canalisation, la mise en eau, la gestion de l'eau et les effets de la température), la mortalité liée aux pêches (composante la plus importante associée aux pêches américaines en rivière), la prédation/concurrence des espèces envahissantes, les changements dans l'utilisation des terres en milieu riverain et les diverses conditions des eaux douces et marines. On s'attend à ce que le changement climatique exacerbe l'effet de ces menaces.
• Une cible de rétablissement fondée sur une moyenne géométrique sur quatre ans de 1 000 géniteurs a été établie dans le rapport d'EPR. Cet objectif de rétablissement représente un nombre minimal de populations viables pour lequel le maintien d'une tendance vers une croissance positive de la population sera essentiel.
• On a étudié la trajectoire de la population et la probabilité que le saumon Chinook de l'Okanagan d'été atteigne l'objectif de rétablissement de l'UD à l'aide de modèles de stock-recrutement et de simulation prospective. Les résultats ont montré que, dans les conditions actuelles, la probabilité d'atteindre l'objectif de rétablissement dans 12 ans est peu probable.
• Les résultats du modèle de simulation suggèrent que le scénario qui avait la plus forte probabilité d'atteindre l'objectif de rétablissement était celui où l'on complétait la population par des saumons Chinook d'écloserie du cours supérieur du fleuve Columbia. L'amélioration des taux de survie grâce à l'amélioration de l'habitat d'eau douce appuierait davantage les efforts d'atténuation d'ensemencement (≥ probabilité de 90 %).
• En raison de l'information limitée sur cette UD, les sources importantes d'incertitude comprennent : la dynamique des métapopulations, la mortalité par pêche (c.-à-d. les prises accidentelles et ciblées), les limites de l'habitat de frai, la capacité de charge en eau douce, les paramètres du cycle biologique et l'ampleur de la baisse de productivité liée à des menaces ou facteurs limitants particuliers.
• Toutes les sources de préjudice devraient être réduites dans toute la mesure du possible. Aucune mortalité liée à la pêche n'est actuellement viable dans les eaux canadiennes. Bien que l'évaluation des stocks, la recherche et les mesures d'atténuation soient des sources de mortalité potentielle, elles doivent à la fois faciliter l'atteinte de la cible de rétablissement et déterminer si une population positive progresse dans ce sens.
• Bien qu'elle ne soit pas quantifiée ici, la croissance de la population de saumon anadrome est particulièrement sensible à la qualité de l'habitat; par conséquent, les impacts anthropiques sur l'habitat d'eau douce du saumon Chinook de l'Okanagan (c.-à-d. la mortalité due à la migration en aval par les barrages et réservoirs) devraient aussi être considérés en plus de la mortalité par pêche lorsque des dommages admissibles sont examinés.

Le présent avis scientifique découle de la réunion du 28 au 30 mai, 2019 sur l’Évaluation du potentiel de rétablissement : Saumon chinook de l’Okanagan (Oncorhynchus tshawytscha). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada. Le code source informatique qui a supporté cette analyse est disponible sur GitHub.

Avis scientifique 2019/052 (PDF, 1 249 Ko)