Document de recherche 2011/061
Le dernier feu de circulation sur le plateau néo-écossais pour 2009 2010 : la crevette
Par P. Koeller, C. Fuentes-Yaco, M. Covey, M. King, et B. Zisserson
Résumé
L’indice moyen selon le relevé MPO-industrie a augmenté par presque 50 % par rapport à l’année précédente, pour se situer au deuxième rang des indices les plus élevés enregistrés. La biomasse estimative est passée de 30 904 t à 45 424 t, un niveau légèrement plus bas que le pic record de 48 438 t en 2004. Une partie de cette augmentation peut être attribuée à la croissance et à la disponibilité accrue de la forte classe d’âge 2001 au chalut de relevé. Une augmentation simultanée de l’indice normalisé des PUE est probablement imputable à ces facteurs également. Les PUE n’ont toutefois augmenté que par 10 % par rapport à l’année précédente; l’écart est probablement dû à des facteurs reliés au relevé. En outre, deux indicateurs d’abondance indépendants de la pêche (PUE normalisées de la pêche commerciale et prises de crevette dans le relevé sur le crabe des neiges) ne révèlent pas la tendance à la baisse que montraient les relevés sur la crevette de 2004 à 2008, mais plutôt une abondance encore élevée ou même à la hausse durant cette période. De plus, les données des journaux de bord révèlent que la zone connaissant les taux de capture les plus élevés est demeurée grande ou s’est agrandie durant la même période. Aucun signe de la forte agrégation attendue dans de petites zones lorsque la biomasse fléchit n’était évident. Il a été remarqué avant le relevé de 2009 que l’angle d’attaque de la grille Nordmore du chalut de relevé avait nettement diminué à cause de l’étirement du panneau de filet antérieur, ce qui réduisait probablement l’efficacité du chalut et les prises de relevé. Il peut donc être conclu qu’au moins une partie de la diminution de l’indice de relevé de 2004 à 2008 est due à l’efficacité réduite de l’engin de relevé et qu’une partie de son augmentation en 2009 est due aux réparations effectués avant le relevé. Par contre, les prises de crevettes dans un troisième relevé indépendant (relevé de juillet sur le poisson de fond) sont analogues à celles du relevé sur la crevette, ce qui semble indiquer que les changements observés sont réels, pouvant être dus à des changements dans la disponibilité associée à un changement dans la distribution géographique et verticale. Les résultats du relevé au chalut avec sac ventral, sur lesquels la grille Nordmore n’a pas d’effet, indiquent que les classes d’âge 2007 et 2008 sont fortes, ce qui confirme qu’un nouveau cycle est en cours, issu probablement du grand nombre de femelles produites par la classe d’âge 2001 ces années-là. Cela prouve que de fortes biomasses du stock reproducteur (BSS) produisent de fortes classes d’âge, dont la pêche dépend. Comme la biomasse totale, la BSS a aussi été sous-estimée de 2004 à 2008 à cause de l’efficacité réduite du chalut de relevé. La BSS estimative pour 2009 vient au deuxième rang des biomasses les plus élevées enregistrées. La surpêche du potentiel reproducteur ne soulève aucune préoccupation à l’heure actuelle. La classe d’âge 2001, d’âge 8 en 2009, ne semble pas encore avoir fini de changer de sexe et elle contribue nettement à l’abondance (au deuxième rang de la série) de mâles d’âge 4+. Ces derniers changeront de sexe et contribueront à la BSS en 2010. La tendance décroissante dans la longueur au changement de sexe et la taille maximale semble s’est quelque peu inversée à cause du changement de sexe tardif des mâles de la classe d’âge 2001, qui ont pu grossir pendant une autre année. La croissance de cette classe d’âge se manifeste clairement dans la pêche par une diminution marquée du nombre de crevettes à la livre (taille moyenne plus élevée) depuis 2007, En plus des bons comptes, la pêche a connu des taux de capture records en 2009. En grande partie en réponse aux améliorations résultant de la hausse de la biomasse, le feu de circulation global résumant 25 indicateurs de l’état du stock est revenu à vert en 2009.
Malgré la diminution des indices de biomasse de relevé entre 2004 et 2008, les TAC ont été fixés à des niveaux élevés durant cette période, en grande partie à cause de la force de la classe d’âge 2001, qui a commencé à être recrutée à la pêche en 2004. Cette classe d’âge s’approchant de la fin de son cycle de vie (qui dure environ six ans) dans cette région, il était attendu que les biomasses continueraient de diminuer après 2008; le TAC pour 2009 a donc été réduit afin d’éviter que les taux d’exploitation augmentent. Comme les taux estimatifs en 2009 se situaient à 2,7 %, pour venir au deuxième rang des niveaux les plus faibles enregistrés, il semble maintenant que cette réduction, due à une sous-estimation de la longévité de cette classe d’âge et aux résultats de relevé biaisés, était prématurée. Il n’est pas clair si cette classe d’âge, d’âge 9, alimentera la pêche en 2010 aux TAC élevés de la période 2004-2008 étant donné l’incertitude entourant la mortalité naturelle. Compte tenu de la plus petite taille des classes d’âge subséquentes (2002-2006), il est raisonnable de s’attendre à ce que les biomasses diminuent quelque peu jusqu’à ce que les plus fortes classes d’âge 2007 et 2008 commencent à être recrutées à l’engin de relevé et à la pêche, probablement en 2011-2012. Toutefois, la force des classes d’âge subséquentes a probablement été sous-estimée à cause de l’efficacité réduite du chalut de relevé et/ou d’autres facteurs. Il est donc difficile de prédire si ou dans quelle mesure les biomasses vont diminuer entre temps. Compte tenu de l’augmentation soutenue des taux de capture depuis les années 1980, des problèmes d’interprétation des baisses des indices de relevé et des résultats des relevés récents sur le crabe et le poisson de fond, il semble que les effectifs du stock aient augmenté pour se situer à un niveau élevé et stable, ce qui peut représenter la capacité de charge du milieu actuel. Il n’est pas clair à ce moment-ci si la pêche a eu un effet mesurable sur la trajectoire de la biomasse. Il est possible que le stock peut soutenir des niveaux de capture plus élevés que ceux imposés jusqu’à maintenant. La poursuite de la gestion adaptative reposant sur la prudence, y compris l’augmentation prudente des TAC et leur réduction rapide en réponse à des indicateurs négatifs, comme il l’a été fait par le passé et actuellement proposé à titre de stratégie de gestion à long terme et d’approche de précaution officielle incorporant la gestion adaptative (avec des règles décisionnelles de base appliquées à des points de référence limites) permettra de le confirmer.
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