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Regard en profondeur : la conservation des coraux et des éponges au Canada

Les coraux et les éponges d'eau profonde ont une relation importante avec les diverses espèces de poissons de nos océans.

Transcription

Narrateur

Dès que les premiers humains on foulés le sol de la planète, nous avons établis un partenariat avec les océans du monde entier. Nous dépendons de ces derniers pour la nourriture, le transport, l’essence, les médicaments et même la décoration. Ce partenariat n’est cependant pas réciproque. Nous avons utilisé les océans sans grande considération à leur égard et sans penser aux conséquences. Pendant des générations, on a cru que les ressources océaniques étaient inépuisables. Au cours des dernières décennies, nous avons enfin pris conscience du fait que les richesses offertes par les océans peuvent s’épuiser. Il est également devenu évident que nous en avions encore beaucoup à apprendre à leur sujet. Les scientifiques et les personnes qui gagnent leur vie grâce à la mer tentent de rattraper le retard quant à l’interprétation de la diversité présente dans les écosystèmes marins. Cette quête interprétative est particulièrement urgente au Canada en raison de l'effondrement des stocks de morue dans l'Atlantique Nord, de la variabilité observée dans les stocks de saumons dans le Pacifique à la hauteur de la Colombie-Britannique ainsi que l'intérêt accru à l’égard des ressources de l'océan Arctique. Par conséquent, un grand nombre de Canadiens jugent que nous devons mieux comprendre la façon de conserver nos ressources océaniques.

Capitaine Cecil Bannister, pêcheur professionnel, Terre-Neuve-et-Labrador

Quand j'ai commencé dans les années 70, on pêchait surtout la limande à queue jaune, et la plie sur les Grands Bancs. Plus tard, dans les années 80, on est allé plus au nord pour pêcher la morue, puis la morue a disparu après un certain temps. Aujourd’hui, on pêche la crevette et le crabe.

Brian Mose, skipper / propriétaire du navire, Colombie-Britannique

Au bout de quelques dizaine d’année, je peux dire que j’ai vu toutes sortes de transformations dans les conditions environnementales de l’océan et des périodes plus productives et d’autres moins productives. Durant ces périodes, on peut voir aussi des changements dans le comportement du poisson et comme pêcheur, ces changements sont les plus importants que l’on peut voir. À la fin de votre carrière, vous pourrez regarder en arrière et reconnaître quels changements ont été les plus importants.

Narrateur

Une importante leçon que nous avons apprise est que toutes les ressources maritimes sont précieuses et jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé des océans. Nous devons faire de notre mieux pour minimiser la destruction inutile des formes de vies dans l’océan que ce soit des plantes côtières, comme la zostère marine, et les algues ou encore des animaux, comme les oursins et les étoiles de mer.

Jim Boutillier, coordonnateur, recherche sur l’écosystème marin, Pêches et océans Canada

Probablement que le déclin de la loutre de mer est le meilleur exemple d’un organisme de Pacifique qui a causé une transformation majeure chez les espèces d’un écosystème, au début des années 1900. Quand les loutres de mer ont disparu, leurs proies, en particulier les oursins ont commencé à prendre de l’expansion et au fur et à mesure qu’elles prenaient de l’expansion elles ont commencé à se nourrir de varech alors les forêts sous-marines de varech et le varech ont commencé à disparaître. On s’est retrouvé avec des secteurs où il y avait des oursins en abondance, mais rien d’autre. Quand on a réintroduit les loutres de mer elles ont commencé à manger des oursins et on a commencé à voir un rétablissement du varech. Au fur et à mesure que les loutres de mer se multiplient cependant elles commencent à avoir un impact sur d’autres organismes. On commence donc à voir un déclin, dans certains secteurs, du crabe, de la mye et du panope du Pacifique.

Narrateur

Les coraux et les éponges des grands fonds ou d’eau froide sont deux groupes d’organismes que les scientifiques commencent tout juste à connaître. Ils sont différents des coraux tropicaux qui ont besoin de lumière pour vivre. On a longtemps pensé que les coraux et les éponges étaient des végétaux, mais ils s’agissent en fait d’animaux. Les coraux d’eau froide sont des créatures immobiles qui vivent isolées ou en colonies. On les trouve de la zone intertidale aux profondeurs des océans. Un grand nombre d’entre eux vivent à une distance allant jusqu’à 6 km sous la surface. Les coraux d’eau froide peuvent vivrent sous les types de planchers océaniques des surfaces rocheuses à celles couvertes de sable. Ils se nourrissent en mangeant de petits animaux et les matières qui dérivent dans l’eau. Les éponges peuvent vivre dans les mêmes profondeurs océaniques que les coraux et elles sont également des organismes filtreurs immobiles. Les éponges sont uniques parce qu’elles n’ont pas d’organes internes. La plupart des coraux et des éponges d’eau froide croissent lentement et vivent longtemps. Certains types de corail qui se trouve dans les océans à l’heure actuel ont commencés à grandir il y a des centaines d’années. Par contre, ils sont souvent fragiles. Il peut falloir des décennies, voir des siècles avant qu’une colonie se remette d’une perturbation de son habitat. Dans le passé, on a fait très peu de recherche sur les coraux et éponges des grands fonds. L’environnement dans lequel ils vivent est si hostile et difficile à atteindre que les étudier n’était pas une option viable. La majorité des preuves de leur existence provient des spécimens qui ont été remontés du fond par les agents de pêche en haute mer.

Capitaine Cecil Bannister, pêcheur professionnel, Terre-Neuve-et-Labrador

On a découvert les coraux et les éponges il y a des années un peu par accident. On les remontait dans les chaluts mais rien ne nous indiquait que ça faisait partie de l’habitat du poisson ou plutôt on ne le savait pas. On les voyait comme une nuisance, comme quelque chose qui n’avait aucun bénéfice. Ils nous nuisaient plus qu’autre chose.

Narrateur

La recherche menée dans les zones au large des côtes du Canada n’est pas une aventure toujours facile. L’océan est vaste et les conditions météorologiques peuvent être imprévisibles. L’eau est froide et profonde. Jusqu’à tout récemment il y avait d’importants obstacles à la recherche sur les coraux et les éponges des grands fonds. Les développements technologiques ont permis ont chercheurs d’atteindre les recoins des océans et d’observer les coraux ainsi que les éponges dans leur habitat naturel. Bien que les connaissances scientifiques sur ces animaux soient relativement récentes, on a appris un grand nombre de faits à propos de ces créatures uniques.

Vonda Elaine Wareham, Biologiste, Éponges et coraux abyssaux, Pêches et Océans Canada

Les récentes découvertes sur les coraux et éponges à Terre-Neuve et au Labrador nous ont permis de constater à quel point ils sont diversifiés et à quel point ils sont répandus. Nous en avons trouvé au large de Terre-Neuve, jusque dans l’océan Arctique. Leur hauteur peut varier de quelques millimètres à sept pieds. Ces grands coraux sont importants individuellement mais ils le sont encore plus lorsqu’ils sont en fortes concentrations. Individuellement, ils fournissent un habitat, mais comme groupe ils fournissent un écosystème unique qu’on ne trouve pas dans d’autres parties de la région.

Jim Boutillier, coordonnateur, recherche sur l’écosystème marin, Pêches et océans Canada

Le Pacifique est un océan qui est plus ancien et il y a énormément d’animaux qui y vivent. Une chose qu’on a apprise au sujet des coraux et des éponges c’est que nous sommes loin de tous les connaître et que les gens découvrent tout le temps de nouvelles espèces. Les coraux et les éponges sont un domaine nouveau de la science. Il s’est passé beaucoup de choses dans les dix dernières années tous les pays du monde ont commencé à s’échanger de l’information et à s’intéresser de plus en plus à ce genre d’organismes. Nous voulons en prendre soin et comprendre le rôle qu’il joue dans l’écosystème global.

Narrateur

Les nouvelles connaissances ont également permis on scientifiques et aux membres de l’industrie de la pêche de comprendre l’importance de protéger les zones où vivent les coraux et les éponges.

Capitaine Cecil Bannister, pêcheur professionnel, Terre-Neuve-et-Labrador

Les pêcheurs ont tout intérêt à éviter les endroits où se trouvent des coraux et des éponges parce que c’est l’habitat des poissons de demain. C’est là que les jeunes poissons grandissent. En outre, si vous pêchez dans ces endroits, cela peut occasionner des dommages importants aux filets et nuire aux activités des pêcheurs si les filets se prennent dans des coraux et des éponges. C’est une situation que les pêcheurs tentent d’éviter. Les éponges sont aussi un problème parce qu’elles ont une forte odeur qui s’imprègne au poisson et qui diminue beaucoup la qualité du poisson.

Vonda Elaine Wareham, Biologiste, Éponges et coraux abyssaux, Pêches et Océans Canada

Il y a deux choses importantes que les pêcheurs professionnels peuvent faire pour contribuer à la recherche sur les éponges et les coraux abyssaux. La première est de transmettre l’information sur les endroits où ils se trouvent en fortes concentrations. Nous pouvons alors faire des recherches sur place en envoyant un engin télécommandé pour faire un examen plus approfondi. La deuxième est de soumettre des échantillons des espèces qu’ils capturent lors des prises accidentelles. Nous pouvons alors déterminer quelles espèces ils capturent, quels types de communautés elles comprennent et quels types de recherches nous pouvons mener sur ces spécimens

Brian Mose, skipper / propriétaire du navire, Colombie-Britannique

Comme pêcheur professionnel, il y a un autre aspect important que j’ai découvert en travaillant avec les scientifiques. Il faut montrer aux pêcheurs professionnels toutes les composantes du processus et la méthodologie et comment faire de bonnes évaluations des stocks pour qu’elles servent d’exemple. Il faut aussi les aider à comprendre les interrelations entre tous les éléments de l’écosystème pour qu’ils voient comment on en arrive à ce résultat. Cette participation a été une courbe d’apprentissage vraiment intéressante chez les pêcheurs professionnels. Nous utilisons des méthodes de plus en plus perfectionnées et nous sommes de mieux en mieux informés.

Narrateur

Il est impossible ou du moins non pratique d’éliminer toutes les répercussions humaines sur l’habitat des coraux et des éponges au large de nos côtes. Par contre, certains chercheurs s’efforcent de modifier les engins de pêche ce qui facilitera la tâche des pêcheurs en minimisant l’incidence négative de la pêche sur les coraux et les éponges

Dr. Paul Winger, Fisheries and Marine Institute

Ici, au Fisheries and Marine Institute de l’université Memorial nous travaillons à un certain nombre de projets novateurs sur la conception et le fonctionnement des chaluts de fond. De nos jours, les chaluts de fond sont beaucoup plus perfectionnés qu’ils ne l’étaient il y a des dizaines d’années. Nous avons besoin d’améliorer l’efficacité énergétique de réduire davantage les prises accidentelles et d’atténuer les répercussions sur le fond marin. Ce que nous devons faire, c’est alléger les chaluts de fond et faire en sorte qu’ils ne touchent pas le fond marin. Aujourd’hui, les dommages au fond marin ne sont plus acceptables aux yeux des consommateurs de fruits de mer.

Capitaine Cecil Bannister, pêcheur professionnel, Terre-Neuve-et-Labrador

L’attitude des pêcheurs a beaucoup changé au fil des ans. Aujourd’hui, les pêcheurs se soucient plus de la conservation. Ils voient la pêche d’une manière différente. Ils essaient de la protéger plus pour l’avenir qu’ils ne le faisaient autrefois.

Brian Mose, skipper / propriétaire du navire, Colombie-Britannique

En tant que pêcheurs, nous faisons un investissement humain et financier important dans la ressources – dans une ressource saine. Il faut comprendre que nos investissements et notre culture sont entièrement dépendants d’une ressource en santé et nous pensons que nous sommes en première ligne pour protéger la ressource.

Narrateur

Au fil du temps et des développements technologiques, nous espérons en apprendre davantage sur les océans ainsi que les interactions entre les végétaux et les animaux qui y vivent. Le ministère des pêches et des océans est à l’œuvre tant à l’échelle nationale qu’internationale afin de déterminer les zones vulnérables et explore des nouvelles façons de les protéger, comme limiter les activités ayant des conséquences négatives, notamment la pêche, sur les planchers des zones océaniques vulnérables. On espère que les nouvelles connaissances ainsi que la collaboration entre les intervenants permettront d’utiliser de façon durable les ressources océaniques et de les préserver pour les générations futures.

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