Capelan de l’Atlantique (Mallotus villosus)
Sur cette page :
- Aperçu de l’espèce
- Historique de la pêche
- Contexte écosystémique
- Avis scientifiques et recherche
- Plan de gestion intégrée des pêches
- Sources
Aperçu de l’espèce
Description physique
Le capelan de l’Atlantique est un petit poisson pélagique qui vit en bancs. Il s’agit d’un poisson allongé et mince, au museau pointu et à la mâchoire inférieure légèrement saillante. Il possède une grande nageoire dorsale, qui se trouve devant une petite nageoire adipeuse. Il est argenté sous sa ligne latérale et bleu métallique, vert, jaune-vert, olive ou brun cuivré au-dessus. Son ventre est d’un blanc argenté.
Au cours de la période de fraie, le capelan de l’Atlantique présente un dimorphisme sexuel, c’est-à-dire :
- la tête et le dos des mâles deviennent plus foncés que ceux des femelles;
- les nageoires pectorales, pelviennes et anales des mâles sont plus grandes et plus longues que celles des femelles;
- sur le corps des mâles, deux paires de carènes de fraie se développent; ces rangées d’écailles allongées se situent tout juste au-dessus de la ligne latérale, de chaque côté du corps, et forment une crête proéminente.
Un capelan de l’Atlantique mature mesure généralement entre 13 et 20 centimètres de long. Le plus grand mâle trouvé dans les eaux de Terre-Neuve mesurait 25 centimètres. Il peut peser de 40 à 45 grammes. Le capelan de l’Atlantique vit rarement plus de 5 ans.
Répartition
Le capelan était auparavant considéré comme une unique espèce circumpolaire. Toutefois, les données montrent de plus en plus qu’au moins trois espèces de capelan vivent dans les eaux canadiennes :
- le capelan de l’Atlantique (Mallotus villosus) ;
- le capelan du Pacifique (Mallotus catervarius) ;
- une espèce de capelan sans nom (Mallotus sp.).
Les habitats des trois espèces de capelan se chevauchent dans les eaux canadiennes. Des études approfondies sont nécessaires pour définir leurs préférences en matière d’habitat, leur génétique et les caractéristiques de leur cycle biologique.
Dans le nord-ouest de l’océan Atlantique, le capelan de l’Atlantique est présent de l’ouest du Groenland et de la baie d’Hudson jusqu’au Maine. Il est plus abondant autour de Terre-Neuve. Dans les années 1990, il est observé en plus grand nombre dans le sud du golfe du Saint-Laurent et sur le plateau néo-écossais.
Depuis 1992, le capelan de l’Atlantique des divisions 2J, 3K et 3L de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) est considéré comme un seul complexe de stocks (« 2+3 »). Il y a quatre autres stocks reconnus de capelan de l’Atlantique dans les eaux canadiennes : le Platier (3NO), le banc de Saint-Pierre (3Ps), le golfe du Saint-Laurent (4RST) et le plateau néo-écossais (4W).
Cycle biologique
Les populations de capelan de l’Atlantique connaissent des cycles de croissance et de ralentissement en réponse aux conditions environnementales changeantes. Certains stocks de capelan de l’Atlantique passent la majeure partie de leur vie au large et ne se déplacent vers la côte pendant l’été que pour frayer sur les plages. Les reproducteurs roulent sur des plages de sable ou de gravier fin, où les mâles et les femelles déposent leur laitance et leurs œufs. Les œufs adhèrent au substrat sablonneux. On pense que les épisodes de fraie sont plus fréquents la nuit et lors de la marée haute. Aussi, les vents côtiers et la phase lunaire influeraient sur la date et l’heure de la fraie. La mortalité est élevée après un épisode de fraie sur la plage, surtout chez les mâles.
D’autres stocks passent toute leur vie au large et se reproduisent sur le fond marin, dans des eaux plus profondes (moins de 40 mètres de profondeur), ce qui est le cas du stock du Platier du Grand Banc. Le choix du site de fraie dépend principalement de la température de l’eau. La proportion de capelan de l’Atlantique qui se reproduit sur des sites qui ne sont pas des plages augmente lorsque les plages deviennent trop chaudes (plus de 12 °C). Le capelan favorise alors des sites plus froids, en dehors des plages, qui ont un substrat de sable ou de gravier fin et dont la salinité est plus élevée. Les œufs pondus sur des sites autres que des plages présentent des taux de développement plus lents, ce qui signifie que les larves ont moins de temps pour chercher de la nourriture avant leur premier hiver. Certains sites en dehors des plages peuvent aussi entraîner un taux d’éclosion plus faible.
Depuis l’effondrement du stock 2+3 de capelan de l’Atlantique au début des années 1990, on remarque que la fraie a lieu sur des sites autres que des plages plus souvent qu’auparavant. Le stock 2+3 a également connu une croissance plus rapide des poissons immatures depuis l’effondrement, ce qui signifie que les poissons arrivent à maturité plus tôt. Cette situation est probablement attribuable à la diminution de la concurrence pour la nourriture. Un taux de croissance accru des poissons immatures et une maturation précoce entraînent une population reproductrice plus jeune et plus petite en longueur, par rapport à une population de poissons qui arrivent à maturité et qui se reproduisent à des âges plus avancés.
Les températures de l’eau et du substrat influent sur :
- la durée d’incubation des œufs ;
- la mortalité des œufs ;
- la survie des larves.
Les larves émergent des sites de plage deux à trois semaines après la fraie et des sites en eaux profondes après plus de quatre semaines. Après l’éclosion, les larves restent près de la surface de l’eau jusqu’à l’hiver.
Les larves deviennent des juvéniles 8 à 12 mois après l’éclosion. La croissance la plus importante se déroule au cours de la première année. Le capelan de l’Atlantique atteint la maturité sexuelle vers l’âge de deux ans.
Historique de la pêche
Par le passé, une pêche au capelan de l’Atlantique à des fins domestiques avait lieu sur les plages de Terre-Neuve-et-Labrador; la récolte annuelle était estimée à environ 25 000 tonnes (t). La pêche au capelan de l’Atlantique dans les divisions 4RST remonte à plus de 100 ans.
Traditionnellement, les formes des produits qui en découlaient étaient les suivantes :
- séchée ;
- fumée ;
- salée ;
- congelée.
Le capelan de l’Atlantique était utilisé aux fins suivantes :
- source de nourriture pour les humains et les animaux domestiques ;
- appât pour la pêche à la morue ;
- engrais agricole.
Source : Politiques et services économiques. Source du TAC : Gestion des pêches.
Version textuelle
Les barres bleues représentent la quantité de captures en tonnes (t) pour chaque année. La ligne orange représente le total autorisé des captures (TAC) au fil du temps.
| Année | Débarquements (t) | TAC (t) |
|---|---|---|
| 2011 | 20,134 | 24,396 |
| 2012 | 22,309 | 24,396 |
| 2013 | 23,755 | 30,496 |
| 2014 | 23,189 | 30,496 |
| 2015 | 25,051 | 30,496 |
| 2016 | 27,391 | 30,496 |
| 2017 | 19,914 | 30,496 |
| 2018 | 19,810 | 19,823 |
| 2019 | 20,404 | 22,796 |
| 2020 | 16,086 | 19,377 |
La pêche côtière aux capelans de l’Atlantique rogués s’est amorcée à la fin des années 1970. Le Japon était le principal marché de femelles œuvées. Au cours des dernières années, de nouveaux marchés de femelles sans œufs et de mâles se sont développés. Par exemple, la Norvège et l'Islande pêchent le capelan atlantique plus tôt dans l'année que le Canada, ce qui a entraîné une augmentation de la demande de produits canadiens à base de capelan atlantique et une amélioration des débouchés et des prix pendant la saison de pêche du capelan au Canada.
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, un très petit nombre de pêcheurs pratiquaient la pêche au capelan à des fins commerciales. Du milieu à la fin des années 1980, l'importance des marchés japonais de la rogue s'est accrue, tout comme le nombre de pêcheurs commerciaux.
Le capelan est pêché à l'aide d'engins fixes et mobiles. La pêche aux engins fixes utilise des pièges et des sennes à barres modifiées, appelées sennes tournantes. La flotte des engins mobiles utilise des sennes coulissantes.
Terre-Neuve et Labrador
Les stocks de capelan atlantique dans les zones 2J3KL et 3Ps (est et sud de Terre-Neuve-et-Labrador) sont gérés dans le cadre du plan de gestion intégrée de la pêche au capelan 2+3. Bien qu'ils soient actuellement considérés comme deux stocks distincts, les deux éléments sont gérés dans le cadre du même plan de gestion.
Le stock de capelan atlantique 4RST de la côte ouest de Terre-Neuve, du sud du Labrador et du golfe du Saint-Laurent est considéré comme un seul stock et est géré dans le cadre du plan de gestion du capelan 4RST.
Le stock de capelan de la zone 3NO est géré par l'Organisation des pêches de l'Atlantique du Nord-Ouest (OPANO) et fait l'objet d'un moratoire depuis 1995.
Contexte écosystémique
Le capelan fait partie intégrante de l’écosystème et interagit avec les niveaux trophiques inférieurs et supérieurs des réseaux alimentaires marins. Il s’agit d’une espèce fourragère essentielle dans l’écosystème de Terre-Neuve-et-Labrador. Le capelan se nourrit de zooplancton et transfère de l’énergie à des prédateurs de niveau trophique supérieur, notamment :
- des poissons à nageoires (comme la morue franche et le turbot) ;
- des mammifères marins ;
- des oiseaux de mer.
Le déclin récent des poissons à nageoires pourrait être associé à une réduction de la disponibilité des capelans de l’Atlantique et des crevettes en tant que proies.
Des changements récents dans la structure de la communauté zooplanctonique ont entraîné une plus grande abondance de copépodes de petite et de grande taille (pour plus d'information, voir : Programme de monitorage de la zone Atlantique (PMZA)). Ces changements dans la communauté zooplanctonique suggèrent une amélioration des conditions de recherche de nourriture pour les larves et les adultes du capelan atlantique.
L’utilisation de pêches à capelan peut engendrer la capture accessoire du saumon de l’Atlantique et de la morue franche.
Avis scientifiques et recherche
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Plan de gestion intégrée
Consultez le Plan de gestion intégrée des pêches du capelan de l’Atlantique
Sources
- Buren et al. 2014. Bottom-up regulation of Capelin, a keystone forage species. PLoS ONE. 9(2): e87589.
- Buren et al. 2019. The collapse and continued low productivity of a keystone forage species. Mar. Ecol. Prog. Ser. 616: 155-170.
- Crook et al. 2017. Temperature-based spawning habitat selection by Capelin (Mallotus villosus) in Newfoundland. ICES J. Mar. Sci. 74: 1622–1629.
- Frank and Leggett 1981b. Prediction of Egg Development and Mortality Rates in Capelin (Mallotus viliosus) from Meteorological, Hydrographic, and Biological Factors. Can. J. Fish. Aquat. Sci. 38: 1327-1338.
- Murphy et al. 2018. Re-visiting the drivers of Capelin recruitment in Newfoundland since 1991. Fish. Res. 200: 1-10.
- Nakashima and Wheeler 2002. Capelin (Mallotus villosus) spawning behaviour in Newfoundland waters–the interaction between beach and demersal spawning, ICES Journal of Marine Science, Volume 59, Issue 5, 2002, Pages 909–916
- Penton and Davoren 2013. Capelin (Mallotus villosus) fecundity in post-1990s coastal Newfoundland. Marine Biology 160: 1625-1632. doi: 10.1007/s00227-013-2215-7
- Penton et al. 2012. A comparison of egg developmental and survival rates in capelin (Mallotus villosus) on beach and demersal spawning sites in Newfoundland, Canadian Journal of Zoology, 2012, vol. 90 (pg. 248-256)
- Vesin et al. 1981. Feeding ecology of capelin (Mallotus villosus) in the estuary and western Gulf of St. Lawrence and its multispecies implications. Can.J.Fish.Aquat.Sci. 38:257-267.
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