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Plan scientifique du plan conjoint de recherche sur le saumon atlantique (2018-2023)

Le saumon atlantique sauvage (Salmo salar) est une espèce migratrice indigène de l’Atlantique Nord, depuis l’Amérique du Nord jusqu’à l’Europe. L’espèce est exposée à des dangers naturels et à des menaces anthropiques dans des milieux d’eau douce, estuariens et marins. Ces facteurs posent d’énormes difficultés pour ce poisson et font en sorte qu’il est difficile de comprendre pourquoi le déclin des populations amorcé il y a plusieurs décennies se poursuit. Comme les questions scientifiques qui touchent une zone aussi vaste sont complexes, de nombreux organismes, et bien entendu de nombreuses nations, doivent collaborer à l’approfondissement des connaissances sur l’espèce et à l’apport de solutions. Le Plan conjoint de recherche sur le saumon Atlantique a été établi afin de bâtir un partenariat et une collaboration pour se pencher sur ces questions scientifiques urgentes demeurées sans réponse, qui ne seraient peut-être pas étudiées autrement.

Le Plan conjoint, créé en 2016, regroupe des membres issus d’organismes et d’organisations qui participent activement à la réalisation d’activités de recherche sur le saumon atlantique sauvage ou qui soutiennent celles-ci. Les membres font partie d’organismes fédéraux, provinciaux et étatiques, d’organisations et de gouvernements autochtones, d’organisations non gouvernementales, ainsi que du milieu universitaire canadien et américain. Le Plan scientifique du Plan conjoint de recherche sur le saumon Atlantique (2018-2023) a été élaboré pour définir les thèmes de recherche prioritaires qui, s’ils font l’objet d’études, permettraient de résoudre certaines incertitudes complexes associées au saumon atlantique sauvage.

Situation du saumon atlantique

Les effectifs des populations de saumon atlantique ont diminué en Europe et en Amérique du Nord au cours des dernières décennies. On estime que les effectifs de saumon atlantique de l’Amérique du Nord (individus nés dans les rivières du Canada et des États Unis) dans l’océan ont diminué, passant d’un peu moins de deux millions de poissons dans les années 1970 à moins d’un million d’individus dans la présente décennie, ce qui représente une diminution de 45 % pendant cette période. En Amérique du Nord, surtout dans les portions méridionales de l’aire de répartition de l’espèce, on considère que les populations de nombreuses rivières sont en voie de disparition.

Endroits problématiques pour le saumon

Le saumon atlantique sauvage passe certaines parties de son cycle vital en eau douce et effectue de longues migrations vers l’océan, depuis celui-ci et au sein de celui-ci. Même si la plupart des facteurs de stress anthropiques directs sont présents dans les milieux d’eau douce (fraye et élevage des juvéniles), il ne s’agit que d’une étape de la voie migratoire du saumon. Les juvéniles vulnérables doivent traverser des milieux estuariens et côtiers, grandir et atteindre la maturité en haute mer, puis retourner dans leur cours d’eau natal. Ils sont soumis à de nombreuses pressions dans chacun de ces milieux. Selon les données scientifiques actuelles, les changements ayant eu lieu dans l’océan au cours des 20 à 30 dernières années, qu’ils touchent l’océan lui même ou les proies ou les prédateurs du saumon, sont les principaux facteurs causant le déclin de l’espèce et empêchant le rétablissement des populations à leurs niveaux antérieurs.

La plupart des mesures de conservation et de gestion ont ciblé le maintien et l’amélioration de la production de juvéniles en eau douce pour compenser la mortalité en mer.

Activités de recherche sur le saumon atlantique et contraintes scientifiques associées à l’étude de l’espèce

Pour que les mesures de gestion puissent renverser les tendances actuelles, il a été établi que l’on doit connaître les lieux et les moments où le saumon meurt pendant son cycle vital, ainsi que l’étendue et les causes de cette mortalité. Il est difficile de mener des activités de recherche et des études visant à comprendre la mortalité du saumon et son déclin pour les raisons suivantes :

  • L’abondance globale des saumons atlantiques dans l’Atlantique Nord est faible;
  • L’espèce est répartie dans une énorme zone du bassin de l’Atlantique Nord;
  • En raison des taux de mortalité élevés, le suivi de l’espèce requiert le marquage d’un grand nombre d’individus pour obtenir suffisamment de données étant donné qu’il n’existe pas encore d’émetteurs fonctionnant pendant une longue période, lesquels permettraient d’étudier des juvéniles en croissance;
  • Il est nécessaire de faire le suivi des populations de différentes rivières, chacune ayant souvent de faibles effectifs.

Lacunes dans les connaissances

L’étude des facteurs contribuant au déclin du saumon atlantique au Canada a commencé il y a 20 ans lors de la parution d’une étude importante énumérant 62 facteurs ou mécanismes qui pourraient contribuer à la diminution des effectifs de l’espèce. Dix des douze facteurs hypothétiques les plus probables mettaient en évidence la baisse des effectifs du saumon dans les milieux marins et estuariens. L’une des recommandations principales de l’étude était de créer une initiative de recherche multidisciplinaire visant à déterminer les causes de la diminution du taux de survie de l’espèce en mer. Jusqu’à présent, les études sur la survie ont principalement ciblé les étapes en eau douce du cycle vital du saumon atlantique sauvage, probablement en raison des facteurs limitant la recherche dans les milieux marins. Les milieux estuariens, côtiers et en haute mer demeurent des boîtes noires dans lesquelles les juvéniles entrent et desquelles un pourcentage variable d’entre eux ressortent au stade adulte.

Le rapport de 2015 du Comité consultatif ministériel sur le saumon Atlantique laissait entendre que la collaboration et l’échange de données scientifiques entre les gouvernements, les universités, les organisations non gouvernementales et le secteur privé seraient essentiels pour trouver des réponses aux questions scientifiques associées au saumon Atlantique. Ce rapport préconisait la création d’un réseau de recherche et développement scientifique qui agirait en tant qu’entité unique. Cette recommandation s’est traduite par la création du Plan conjoint de recherche sur le saumon Atlantique.

Plan scientifique du plan conjoint de recherche sur le saumon atlantique

L’objectif du Plan scientifique du Plan conjoint de recherche sur le saumon Atlantique est de guider la planification stratégique et la mise en œuvre d’initiatives scientifiques visant à améliorer la compréhension des tendances et des causes de la variation ou de la diminution des effectifs du saumon atlantique sauvage anadrome, et de la répartition de celui-ci.

Domaine d’intérêt 1 : interactions avec l’environnement physique

La planification de la conservation nécessite une compréhension beaucoup plus poussée de la façon dont le saumon répond aux effets cumulatifs des changements liés aux conditions environnementales, des limites de l’espèce en matière d’adaptation et des conséquences touchant l’écologie, les tendances des populations et la survie du saumon atlantique. Il y a un besoin urgent de mener d’autres travaux sur les sujets de recherche suivants.

Température ambiante

La température de l’eau influence la survie du saumon atlantique puisqu’elle a une incidence sur sa physiologie, son comportement, son alimentation, sa croissance, sa résistance aux maladies, sa capacité à faire face à des facteurs de stress (p. ex., la pêche à la ligne) et ses interactions intraspécifiques. La température peut être la variable physique la plus importante influençant le saumon pendant son cycle vital. Il est donc essentiel d’avoir une compréhension claire et approfondie des effets de la température ambiante sur l’espèce. Le plan mettra l’accent sur la température des milieux d’eau douce et ses effets, notamment sur la physiologie et le métabolisme de l’espèce, et les conditions des saumoneaux en migration. Les paramètres associés tels qu’un pH faible ou des contaminants, comme l’aluminium, et leurs effets sur la survie et la maturation des saumoneaux seraient aussi étudiés.

Désynchronisation phénologique

Le moment où ont lieu les déplacements du saumon a changé pour que l’espèce puisse tirer profit de conditions favorables ou de la disponibilité saisonnière de nourriture. On nomme ainsi « désynchronisation phénologique » un décalage de la synchronisation entre les cycles saisonniers du saumon et son milieu, ses proies ou ses prédateurs. Les activités de recherche prévues viseraient notamment à déterminer les milieux d’eau douce qui se sont réchauffés et qui ne correspondent plus aux cycles des températures de l’eau, les retards en matière de taux de migration des saumoneaux et la variation de la disponibilité de proies marines et riveraines associée à des changements hydrologiques et océanographiques.

Répartition et migration

Les conditions océanographiques physiques comme la température de l’eau, les courants de surface, l’apport d’eau douce au niveau des côtes et la quantité de glaces de mer ou leur étendue influencent probablement la migration marine du saumon atlantique. Il reste une grande incertitude concernant la répartition temporelle et spatiale de l’espèce en mer. Ce sujet de recherche demeure essentiel pour déterminer le moment, l’emplacement et les causes de la mortalité en mer et pour faire des liens entre ces facteurs et des phénomènes océanographiques.

Domaine d’intérêt 2 : interactions biotiques

La survie du saumon atlantique peut être influencée par des interactions biotiques qui ont lieu dans des écosystèmes d’eau douce, estuariens et marins, et qui peuvent être modulées par des facteurs de stress présent dans ces milieux.

Proies (qualité, quantité et diversité)

Le saumon atlantique doit consommer de la nourriture à forte teneur énergétique pour survivre, croître et éventuellement se reproduire. On pense que des changements touchant la disponibilité de proies (p. ex., leur abondance et le moment où elles sont présentes) ainsi que la qualité de celles-ci (p. ex., leur teneur en énergie et en lipides) influencent la croissance et la survie du saumon atlantique. Ces facteurs pourraient être influencés par les changements climatiques. Des études seront menées afin de déterminer la qualité, la quantité et la diversité actuelles des proies du saumon pendant son cycle vital.

Prédation

Habituellement, plus de 90 % des saumons atlantiques meurent en mer. Toutefois, il est rare que la mortalité d’individus de toute population de saumon soit observée de façon directe. Si on exclut la pêche commerciale, la prédation représente possiblement la plus grande cause directe de mortalité du saumon atlantique pendant de nombreux stades de son cycle vital. Les activités de recherche prévues comprennent l’étude des effets de l’augmentation de l’abondance des prédateurs naturels de l’espèce.

Compétition

La compétition pour les ressources avec d’autres poissons et animaux pourrait être la cause du moins bon état des saumoneaux et de leur nombre plus faible. En effet, la compétition peut influencer la croissance de l’espèce ainsi que les processus de mortalité associés à sa taille, comme l’inanition ou la prédation, en plus de restreindre l’accès à l’habitat optimal ou de modifier les comportements alimentaires du saumon. Des activités de recherche porteront sur les changements liés aux communautés des milieux riverains et les effets sur la croissance et les aptitudes phénotypiques des saumoneaux.

Domaine d’intérêt 3 : effets à l’échelle des populations

Caractéristiques génétiques et physiologiques

Ce domaine d’intérêt est axé sur l’évolution rapide des technologies et la caractérisation récente du génome complet du saumon atlantique, qui peut servir à quantifier les caractéristiques moléculaires, génétiques et physiologiques au sein d’une même population et dans l’ensemble des populations pour mieux comprendre les effets à l’échelle des populations. Les avenues de recherche envisagées devraient permettre l’amélioration des connaissances de la mesure dans laquelle des changements rapides des conditions dans lesquelles vit le saumon atlantique pourraient avoir contribué et contribuent encore au cline latitudinal au sein de la population et à la capacité des populations à s’adapter, à persister et à se rétablir face à d’éventuels changements. Les activités de recherche devraient permettre une meilleure compréhension des répercussions d’effets génétiques induits sur l’adaptation et les aptitudes phénotypiques de l’espèce, notamment la mesure dans laquelle les tendances du cycle vital sont fondées sur la génétique, la rapidité à laquelle l’évolution induite pourrait se produire et la possibilité qu’une telle évolution soit réversible au moyen d’actions directes.

« Façonner l’avenir de la conservation du saumon atlantique et des connaissances scientifiques liées à l’espèce. »

Pour de plus amples renseignements, veuillez envoyer un courriel à : DFO.ASRJV-PCRSA.MPO@dfo-mpo.gc.ca ou visitez Plan conjoint de recherche sur le saumon de l’Atlantique.

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