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Plan de gestion de la zone de protection marine du mont sous-marin SGaan Kinghlas-Bowie Gin siigee tl’a damaan kinggangs gin k’aalaagangs

Plan de gestion de la zone de protection marine du mont sous-marin SGaan Kinghlas-Bowie Gin siigee tl’a damaan kinggangs gin k’aalaagangs

Plan de gestion de la zone de protection marine du mont sous-marin SGaan Kinghlas-Bowie Gin siigee tl’a damaan kinggangs gin k’aalaagangs (PDF, 8.27 Mo)

Table des matières

Liste des encadrés

Liste des figures

Liste des tableaux

4 Importance de la conservation et utilisation anthropique

La ZPM SK-B est une zone biologiquement riche qui héberge de fortes densités d’espèces marines vivant dans le Pacifique Nord et qui est caractérisée par un habitat relativement rare et très productif. Les monts sous-marins peu profonds de la ZPM sont des montagnes qui se sont formées sous l’eau grâce à l’activité volcanique et qui ont favorisé des interactions océanographiques uniques qui renforcent la productivité biologique de cette zone. Les tourbillons enrichissent et piègent les nutriments autour du mont sous-marin, permettant ainsi la création d’un écosystème qui offre une très grande biodiversité, qui sert de refuge et d’aire de croissance pour la flore et la faune, et qui constitue une importante zone d’alimentation pour les espèces de poisson résidentes et migratoires, les mammifères marins migrateurs et les oiseaux de mer.

Les recherches marines menées en lien avec les monts sous-marins du monde entier ont non seulement prouvé que les monts sous-marins sont riches en vie marine comparativement à la haute mer, mais aussi qu’il s’agit d’écosystèmes fragiles susceptibles d’être endommagés par l’activité humaine. Bon nombre d’espèces qui vivent sur les monts sous-marins croissent et se reproduisent lentement, et sont par conséquent vulnérables à la surexploitation. On sait peu de choses sur les habitats des monts sous-marins profonds, qui sont en grande partie inaccessibles, et la ZPM SK-B nous donne l’occasion d’en apprendre plus sur ces écosystèmes uniques.

Les monts sous-marins comme ceux que regroupe la ZPM SK-B sont également touchés par les menaces mondiales qui affectent les océans, comme les changements climatiques et les tendances liées à l’acidification et au réchauffement des océans. Beaucoup d’autres monts sous-marins productifs sont situés en haute mer, au-delà du territoire de compétence de tout état ou de toute nation, ce qui entraîne des problèmes de gouvernance et de gestion en ce qui a trait à la protection efficace des habitats en haute mer. Le conseil de gestion de la ZPM SK-B collaborera avec les organismes appropriés, au besoin, afin de formuler des recommandations pour réagir aux menaces nouvelles et émergentes qui visent les écosystèmes des monts sous-marins, y compris la pêche et l’exploitation minière en eau profonde.

4.1 Caractéristiques géologiques, océanographiques et écologiques

Figure 2. Tourbillons Haïda à proximité de la ZPM SK-B

Figure 2. Tourbillons Haïda à proximité de la ZPM SK-B

Les monts sous-marins sont des montagnes sous-marines vulnérables formées par l’activité volcanique qui se dressent sur le plancher océanique, mais qui n’atteignent pas la surface. Le mont sous-marin SK-B possède deux terrasses distinctes à des profondeurs de 65 à 100 m et de 220 à 250 m, et s’élève jusqu’à 24 m sous la surface de l’eau. Du point de vue géologique, le mont sous-marin est relativement jeune, puisqu’il s’est formé il y a moins d’un million d’années. En raison de la présence de plateaux découpés par les vagues sous la surface, ainsi que de dépôts volcaniques relativement jeunes au niveau du sommet, on pense qu’il s’agissait d’une île volcanique active il y a environ 18 000 ans, pendant la dernière période glaciaire.

Des renseignements limités sont disponibles à propos de la dynamique de l’eau à proximité des monts sous-marins Bowie, Hodgkins et Davidson. Cependant, un programme de recherche océanographique important a été mené de 1989 à 1994 à propos du mont sous-marin Cobb, un mont sous-marin peu profond situé à 500 km au sud-ouest de l’île de Vancouver. En partant du principe que le débit d’eau est semblable autour du mont Cobb et du mont Bowie, on peut envisager la présence d’une zone d’eau froide riche en nutriments comportant un niveau élevé de mélange dans la zone euphotique supérieure. Du point de vue biologique, ces conditions pourraient être propices à la hausse de la croissance du phytoplancton, et ainsi favoriser les communautés hautement productives que l’on trouve souvent sur les monts sous-marins peu profonds.

En plus de certains tourbillons localisés, la ZPM SK-B est touchée par des tourbillons régionaux, appelés « tourbillons haïdas ». Bien que l’on ne comprenne pas bien encore les liens écologiques entre les tourbillons haïdas et les écosystèmes du mont sous-marin, on pense que les tourbillons haïdas transportent des eaux côtières riches en larves de poisson, en plancton et en nutriments, tels que le nitrate et le fer, jusqu’à la ZPM SK-B, où les organismes s’installent et parviennent à maturité (figure 2).

Les différents phénomènes océanographiques présents dans cette zone appuient une communauté biologique riche et unique qui, en dépit de la faible profondeur, comprend une combinaison d’espèces de haute mer (salpes), d’espèces vivant en profondeur (zaproras et galatées), et d’espèces côtières des zones intertidale et infratidale peu profonde (taaXuu [moules de Californie] et k’aay [laminaires à feuille divisée]).

Les études menées au sujet de l’écologie du mont sous-marin ont indiqué qu’en raison de la limpidité de l’eau, la lumière pouvait pénétrer jusqu’à une profondeur de 40 m ou plus. Les algues les plus grandes et les plus facilement visibles, les ngaalaagaas (Desmarestia ligulata), ont été repérées à 38 m de profondeur. Pour la plupart des espèces d’algues, leur présence sur le mont sous-marin SK-B donne lieu à de nouveaux records de profondeur, étant donné que les algues marines benthiques se trouvent rarement à des profondeurs supérieures à 20 m dans les eaux côtières.

En 2015, une gin gii hlk’uuwaansdlagangs (éponge siliceuse) a été découverte dans la ZPM SK-B; il s’agissait du premier spécimen du genre Doconesthes à être découvert en dehors de l’océan Atlantique Nord, et le tout premier à être aperçu dans l’océan Pacifique. L’année suivante, deux échantillons de skwaank’aa (éponges) ont été identifiés comme de nouvelles espèces jusque-là inconnues des scientifiques (Rhabdocalyptus trichotis et Pinulasma bowiensis). Ces découvertes portent à croire que la ZPM peut contenir d’autres espèces qui dont l’existence n’est pas encore connue dans le Pacifique Nord, et soulignent l’importance des recherches en cours et des activités de surveillance menées dans cette zone.

4.2 Caractéristiques et valeurs culturelles

Selon les traditions orales, à l’origine des temps, les Haïdas gin siigee tl’a kaatl’aagangs (sont sortis de l’eau) à plusieurs endroits autour de Haida Gwaii en la présence d’êtres surnaturels. SGaan Kinghlas, l’un de ces êtres surnaturels, reflète la croyance haïda à l’égard de cette origine océanique. Certains croient que le mont sous-marin est incarné par le mât totémique frontal à deux têtes qui a été sculpté dans la pierre et auquel on fait référence dans un récit haïda portant sur Chaan sGaanuwee (L’être de la mer), qui a été publié en 1905 par l’anthropologue et linguiste John Swanto.

Selon une autre tradition orale, les aînés haïdas racontent l’histoire d’un frère et d’une sœur partis à la recherche d’une colonie de macareux perdue dans la brume afin de rétablir la réputation et la richesse de leur famille. Après un long voyage, les deux enfants ont découvert à marée basse une île cachée bien au large de la côte nord-ouest de Haida Gwaii, ce que l’on pense être SGaan Kinghlas. L’île était recouverte de kwa.anaa kun (becs de macareux), et le frère et la sœur en ont rempli leur canot avant de retourner au village. En distribuant les becs lors d’un potlatch, la famille a retrouvé sa réputation au sein de la communauté. Ces traditions orales indiquent que le sommet de SGaan Kinghlas pourrait renfermer des traces archéologiques de l’occupation humaine.

Les pêcheurs haïdas continuent de se rendre et de pêcher dans cette zone, qui accueille depuis longtemps des pêches commerciales et traditionnelles. Pour connaître l’état actuel des pêches, y compris les restrictions relatives à la pêche à l’aide d’engins mobiles de fond, consultez la section 4.3.1.

4.3 Utilisations socio-économiques

En plus des connaissances et de l’utilisation par la Nation haïda, le mont sous-marin SK-B et les secteurs environnants ont accueilli diverses activités humaines au cours des cent dernières années, y compris la chasse à la baleine, la pêche et la recherche (encadré 3).

À l’heure actuelle, les principales activités anthropiques menées dans la ZPM SK-B sont la recherche et la surveillance scientifiques, ainsi que le trafic maritime. D’autres activités se déroulent également moins régulièrement (tourisme maritime, pêche récréative).

Encadré 3. Historique récent des activités socio-économiques menées dans la ZPM SK-B

Les documents historiques indiquent que des activités de pêche à la baleine ont eu lieu à proximité du mont sous-marin entre 1911 et 1943, et que les prises saisies durant cette période comprenaient des sgaguud (rorqual commun) et une kun (baleine bleue). Depuis lors, les pêches commerciales du xaguu (flétan atlantique), de la skil (morue charbonnière) et du k’ats (sébaste) ont été menées à différentes reprises. Des renseignements anecdotiques témoignent également d’activités occasionnelles de pêche au thon blanc, lors du déplacement des eaux chaudes vers le nord.

Avant 1972, le gouvernement fédéral a délivré 227 permis et licences pour l’exploration pétrolière et gazière au large, y compris près du mont sous-marin SK-B. Les droits accordés en vertu de ces permis ont été suspendus en 1972 au moyen d’un décret. La haute mer est actuellement visée par un moratoire provincial et fédéral qui interdit les activités d’exploration pétrolière et gazière et de développement au large. De nombreux peuples autochtones, y compris la Nation haïda, ont également pris des résolutions afin d’interdire le développement de l’exploitation du pétrole et du gaz au large.

En 1995, la National Geographic Society a entrepris une expédition jusqu’au mont sous-marin SK-B pour réaliser une plongée et un relevé à l’aide d’un véhicule sous-marin téléguidé; l’expédition a fait l’objet d’un article dans le numéro de novembre 1996 du magazine National Geographic. Depuis lors, des recherches multidisciplinaires ont été menées dans la zone SK-B de manière à étoffer les connaissances scientifiques de l’océanographie biologique et physique du mont sous-marin.

4.3.1 Activités de pêche

Conformément au Règlement sur la ZPM SK-B, les activités de pêche commerciale, récréative et autochtone, y compris la pêche traditionnelle haïda, sont autorisées selon des conditions précises. Au moment de la désignation de la ZPM, la pêche au casier de la morue charbonnière (Anoplopoma fimbria) dans le secteur du mont sous-marin du nord était la seule pêche commerciale autorisée par le MPO au sein de la ZPM.

Cette pêche était gérée par le MPO sous la forme d’une pêche à accès limité pour laquelle les participants étaient désignés à l’aide d’un processus de tirage au sort. À partir de 2014, la pêche était menée du 1er mai au 31 août, avec quatre navires autorisés chaque année (un par mois). Le nombre de sorties était également limité. La pêche était limitée au mont sous-marin SK-B à des profondeurs supérieures à 250 brasses (456 m), et elle était interdite sur les monts sous-marins Hodgkins et Davidson. Les mesures de gestion faisaient l’objet d’une description annuelle dans le cadre du plan de gestion intégrée des pêches au poisson de fond.

Les récentes analyses scientifiques indiquent la possibilité d’un échange de morue charbonnière entre les monts sous-marins et d’autres parties de leur aire de répartition, mais l’ampleur de cet échange demeure inconnue pour le moment. Parmi les autres préoccupations et incertitudes relatives à la pêche de la morue charbonnière qui ont d’abord été signalées par le CNH et qui ont fait l’objet d’une enquête conjointe par le conseil de gestion, on compte les effets de la pêche de la morue charbonnière sur la dynamique des populations et des espèces, les effets sur l’habitat (y compris les coraux et les éponges), les prises accessoires (élimination et rejets d’espèces non ciblées), ainsi que la limitation des renseignements écologiques de référence permettant de mesurer le changement.

Compte tenu de ces préoccupations, des mesures de gestion provisoires visant la pêche de la morue charbonnière au sein de la ZPM SK-B ont été mises en place de 2014 à 2017. Les mesures provisoires comprenaient la réduction du nombre de sorties, la présence d’un observateur en mer, la formulation d’exigences supplémentaires concernant la collecte des données, et la mise en œuvre d’un protocole de rencontre pour les coraux et les éponges. Un processus stratégique de gestion écosystémique des pêches, y compris une évaluation de la stratégie de gestion de la pêche de la morue charbonnière dans la ZPM SK-B, a également été lancé durant cette période afin d’évaluer les effets de cette pêche sur le sébaste, l’habitat benthique vulnérable et l’abondance de la morue charbonnière. Les données recueillies pendant cette période provisoire ont confirmé que les casiers utilisés pour la pêche de la morue charbonnière entraient en contact avec les coraux et les éponges d’eau froide au sein de la ZPM.

En janvier 2018, la Nation haïda et le gouvernement du Canada se sont entendus afin d’accroître la protection de l’habitat benthique vulnérable au sein de la ZPM. À cette fin, toutes les activités de pêche mobile de fond ont été suspendues au sein de la ZPM, y compris la pêche au casier de la morue charbonnière. Ces restrictions constituent une mesure de gestion préventive et devraient se poursuivre grâce à la mise en œuvre du présent plan, à l’aide des outils de gestion mis à la disposition des parties.

À la suite de l’imposition de ces restrictions, les activités de pêche associées aux espèces dont la capture exige l’utilisation d’un engin mobile de fond ne sont plus autorisées dans la ZPM. Par conséquent, aucune activité de pêche commerciale ne peut désormais être menée dans la ZPM. La décision s’applique également aux pêches autochtones et récréatives qui utilisent des engins mobiles de fond.

Conformément au protocole d’entente (PE) et à la relation de gouvernance coopérative décrite à la section 2, le rétablissement ou l’ouverture des activités de pêche dans la ZPM devra faire l’objet d’une recommandation du Conseil de gestion de la SK-B ou, si le celui-ci n’est pas en mesure de formuler une recommandation conjointe, de conseils distincts et de justifications connexes présentés au CNH et au MPO.

4.3.2 Activités de recherche et de surveillance scientifiques

Afin de pouvoir mener des activités de surveillance ou de recherche scientifique dans la ZPM SK-B, les chercheurs doivent présenter un plan d’activité. Le conseil de gestion étudie les plans d’activité afin de garantir leur cohérence avec les objectifs et les buts décrits dans le présent plan, et formule une recommandation à l’intention du CNH et du MPO. Le conseil de gestion appuie les activités de recherche qui ont des effets écologiques minimes et qui aident à mieux comprendre la ZPM.

D’autres exigences et processus peuvent également s’appliquer à la recherche scientifique marine effectuée ou commanditée par un gouvernement étranger. Ces chercheurs doivent communiquer avec la Direction des relations de la sécurité et de défense d’Affaires mondiales Canada (AMC) afin d’obtenir une autorisation au préalable. Le conseil de gestion de la ZPM SK-B s’attend également à ce que tous les chercheurs se trouvant dans la ZPM lui transmettent un plan d’activité aux fins d’examen.

Depuis 2010, les activités de recherche comprennent la collecte pluriannuelle de données hydroacoustiques par le Secteur des sciences du MPO. La collecte des données hydroacoustiques a permis d’analyser les effets du bruit sous-marin sur les poissons ainsi que de mieux comprendre l’activité des mammifères marins dans la ZPM. De plus, le conseil de gestion a encouragé la tenue d’une analyse indépendante des renseignements de suivi par satellite du système d’identification automatique (SIA); cette analyse, combinée aux données hydroacoustiques, a permis de mieux appréhender les tendances en matière de trafic maritime au sein de la ZPM. La surveillance acoustique continue est considérée comme un outil pouvant potentiellement permettre de mieux comprendre l’écologie du mont sous-marin et les activités anthropiques observées dans cette zone.

De 2014 à 2017, Wild Canadian Sablefish Ltd. a mené des recherches en réponse aux préoccupations soulevées par le conseil de gestion à l’égard des effets de la pêche. Les chercheurs ont utilisé des caméras sous-marines et d’autres appareils sous-marins d’enregistrement de données placés sur des casiers afin de déterminer l’ampleur du contact des engins avec le fond marin. Les recherches ont également compris l’échantillonnage biologique et le marquage de la morue charbonnière et du complexe d’espèces de sébaste k’aalts’adaa (à taches noires et à œil épineux).

En plus de ces travaux, une étude menée en 2015 par le MPO a permis de réaliser un documentaire vidéo sur la structure et la distribution de la biodiversité (y compris la distribution des coraux). Les chercheurs ont également consigné toute répercussion observable de la pêche, ainsi que la présence d’oiseaux de mer et de mammifères marins dans la ZPM. Des données hydroacoustiques supplémentaires et des échantillons de plancton ont également été recueillis.

Du 5 au 21 juillet 2018, la Nation haïda, le MPO, Oceana Canada et Oceans Networks Canada ont mené conjointement une expédition afin d’explorer les monts sous-marins en mer ouverte, y compris le mont sous-marin SK-B. L’équipe a enregistré des séquences vidéo de grande qualité à l’aide de deux véhicules sous-marins téléguidés, et a également recueilli des échantillons et cartographié le fond marin à l’aide d’un échosondeur multifaisceaux. Les données recueillies au cours de cette expédition fourniront des renseignements sur les divers écosystèmes des monts sous-marins, pour lesquels on dispose de peu de données, et aideront à documenter la planification et la gestion du mont sous-marin SK-B.

Les éventuels problèmes de gestion liés aux activités de recherche comprennent l’installation, la perte et l’abandon de l’équipement, les répercussions de la collecte d’échantillons, l’introduction potentielle d’espèces aquatiques envahissantes à la suite d’opérations menées à l’aide d’engins sous-marins ou de matériel de recherche, ainsi que les répercussions des rejets des navires.

4.3.3 Trafic maritime

Le trafic maritime, à l’intérieur et autour de la ZPM, se déplace principalement selon un axe nord-ouest/sud-est, ce qui correspond au trafic entre l’Alaska et la partie continentale des États-Unis, ainsi qu’au trafic transpacifique. En 2015, on estimait que l’activité des navires était répartie dans la ZPM et les zones environnantes selon un niveau d’intensité généralement faible; cependant, trois secteurs présentaient une activité plus intense : la limite nord-est (surtout des navires de charge), à 90 km au sud de la ZPM (principalement des pétroliers), et à proximité du sommet du mont sous-marin SK-B (navires de pêche; cette activité a cessé en janvier 2018). Les activités de surveillance hydroacoustique en cours et les autres initiatives de recherche collaborative vont permettre de mieux comprendre les niveaux de bruit de référence dans cette zone.

Les incidences potentielles du trafic maritime comprennent le bruit et les rejets des navires. Le bruit océanique anthropique est considéré comme un facteur de stress chronique pour les organismes marins, et il peut avoir des effets néfastes sur plusieurs d’entre eux. Les rejets des bateaux comprennent des espèces aquatiques envahissantes, des débris, du pétrole ou des contaminants, des nutriments et d’autres matières étrangères ou produits chimiques qui peuvent être rejetés d’un navire par l’intermédiaire de l’eau de ballast, de la salissure des coques, du rejet des eaux d’égout ou des eaux usées, de la cale, de marchandises perdues ou autres. Le risque associé au bruit et aux rejets varie en fonction de l’intensité du trafic maritime dans la ZPM et dans la région plus étendue (encadré 4).

Chaque navire est responsable de gérer adéquatement l’eau de ballast afin d’éviter le rejet d’organismes aquatiques ou d’agents pathogènes dangereux dans la ZPM SK-B et les eaux environnantes. Les navires qui effectuent des trajets transocéaniques doivent rejeter l’eau de ballast à au moins 200 milles marins (NM) au large des côtes, ou si cela est impossible ou pourrait compromettre la stabilité du navire ou la sécurité des personnes à bord, à au moins 50 NM du sommet du mont sous-marin SK-B (53°18′ de latitude nord et 135°40′ de longitude ouest)Note de bas de page 1. Cette exigence concernant la distance de 50 NM sera examinée dans le cadre de la mise en œuvre du plan de gestion.

Le mont sous-marin SK-B peut représenter un risque d’échouement pour les navires, étant donné la faible profondeur de son sommet. Par conséquent, les pétroliers et les navires de charge évitent généralement la zone. Les navires de passage sont encouragés à éviter l’ensemble de la ZPM afin de réduire au minimum les effets écologiques.

Encadré 4. Contexte du transport maritime régional

En 1985, une zone d’exclusion volontaire des pétroliers a été créée à 100 NM de la côte ouest de Haida Gwaii afin d’éviter tout déversement de pétrole potentiel dans la région. Le sommet du mont sous-marin SK-B est situé entre 10 et 20 NM à l’ouest de la zone d’exclusion des pétroliers; par conséquent, des pétroliers peuvent circuler à cet endroit. Par ailleurs, le développement de parcs industriels existants et proposés sur la côte nord du Pacifique entraîne une augmentation du trafic des navires présents dans la ZPM SK-B et à proximité. Le trafic maritime se compose de pétroliers (pétrole brut, mazout, huile diesel lourde) et de non-pétroliers (vraquiers), de navires de charge réguliers, de porte-conteneurs, de barges et de navires transportant des passagers. Avec près de 3 000 déplacements de navires dans la région de la ZPM SK-B en 2014 (Canessa et coll., 2016), il existe une probabilité de déversement de pétrole. Les déversements de pétrole présentent des risques cumulatifs considérables pour les espèces marines et les habitats de la ZPM SK-B (MPO, 2015). Il existe également un niveau élevé d’incertitude, puisque les effets varient en fonction du type de déversement, du type d’hydrocarbures, de la proximité avec la ZPM, et des conditions océaniques après le déversement (MPO, 2015).

L’augmentation du trafic maritime dans la région peut avoir une incidence sur la gestion de la ZPM SK-B puisqu’elle est susceptible d’accroître le bruit océanique et les risques de déversements polluants. Les possibilités d’amélioration de la gestion pourraient découler de la mise en œuvre du Plan de protection des océans (PPO), qui a été annoncée par le gouvernement fédéral en novembre 2016. Le PPO comprend des engagements visant à renforcer la sécurité maritime, à assurer un transport maritime responsable et à protéger les écosystèmes des océans. Les activités menées dans le cadre du PPO qui pourraient profiter à la ZPM comprennent la mise en service de deux nouveaux remorqueurs à usage intensif et l’installation de dispositifs de remorquage à grande capacité sur les navires de la Garde côtière canadienne. Le PPO comprend également une entente (conclue en juin 2018) visant à assurer la gouvernance et la gestion collaborative entre le Canada et les peuples autochtones, y compris la Nation haïda, en ce qui concerne la biorégion du plateau nord.

4.3.4 Autres activités

D’autres activités maritimes peuvent se produire au sein de la ZPM. Plus précisément, des activités de tourisme maritime commerciales et éducatives peuvent être menées si elles sont conformes aux buts et aux objectifs du plan, si elles renforcent la sensibilisation du public à l’égard de la zone et si le plan d’activité connexe est approuvé.

Des activités entreprises par des navires, des sous-marins ou des aéronefs aux fins de sécurité publique, d’application de la loi, d’intervention en cas d’urgence, de sécurité nationale et d’exercice de la souveraineté peuvent également avoir lieu au sein de la ZPM. Le ministère de la Défense nationale et la Garde côtière canadienne sont les organismes fédéraux responsables de mener ces activités.

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