Morue charbonnière

Morue charbonnière
Nom :
Morue charbonnière
Nom latin :
Anoplopoma fimbria
Groupe :
Poissons de fond
Lieu :
Océan Pacifique
Engins de pêche :
Principalement la palangre et le filet-piège et, parfois, le chalut
Saison :
À l'année

Aperçu de l’espèce

La morue charbonnière est l'une des espèces de la côte Ouest du Canada qui a le plus de valeur. Ce poisson de grands fonds est présent dans l'océan Pacifique aussi loin au nord que la mer de Béring et aussi loin au sud que le Japon et la Californie. La morue charbonnière vit dans les eaux tempérées de plateau et de talus à des profondeurs pouvant atteindre 1 500 mètres.

Plus de 74 % de la morue charbonnière du Canada est exportée au Japon. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont les autres principaux marchés du Canada.

Débarquements :
1 951 tonnes en 2013, 2 281 tonnes en 2012, 2 124 tonnes en 2011, et 2 412 tonnes en 2010.
Valeur :
La valeur au débarquement était de 16,3 millions de dollars en 2013. La valeur au débarquement était de 20,9 millions de dollars en 2012, 19,2 millions de dollars en 2011, et 21,8 millions de dollars en 2010.
Situation et tendances de l’abondance :
On estime que la biomasse du stock reproducteur se situe entre 28 000 tonnes et 57 000 tonnes approximativement. Les indices sur la taille du stock de morue charbonnière ont généralement baissé en 2003 et 2012, tout comme d'ailleurs l'abondance de la classe d'âge 2000.
Pêche :
On pêche la morue charbonnière à l'échelle commerciale à longueur d'année, principalement dans les eaux côtières profondes. La gestion de la partie du total autorisé des captures attribuée au quota de pêche commerciale (2 225 tonnes pour les saisons de pêche 2012 et 2013) est assurée au moyen d'un système de quota individuel par bateau.
Mesures de conservation :
L'obligation de tenir compte de toutes les prises de morue charbonnière et d'assurer une surveillance vidéo à 100 % ou la surveillance par un observateur et la validation des débarquements à quai a été imposée à tous les pêcheurs. Des restrictions concernant les engins de pêche ont également été imposées pour empêcher la « pêche fantôme » et les prises accessoires d'oiseaux marins et de mammifères. En outre, des zones ont été fermées pour prévenir la capture de morues charbonnières juvéniles et pour réduire les impacts de la pêche dirigée sur les espèces en péril et sur les habitats vulnérables tels que les récifs de coraux et d'éponges.

Renseignements sur l’espèce

La morue charbonnière peut s'avérer une grande migratrice; en effet, le suivi de morues étiquetées a montré qu'elles migrent des eaux intérieures du détroit d'Hécate et des bras de mer continentaux vers les eaux au large de la Colombie-Britannique, aussi loin au nord que les îles Aléoutiennes et au sud dans les eaux américaines au large de l'Oregon. Le poisson le plus âgé qui ait été capturé dans les eaux de la Colombie-Britannique était âgé de 92 ans.

L’âge, le taux du croissance et la maturité de la morue charbonnière varient nettement en fonction du territoire et des profondeurs. La croissance initiale est rapide, et les femelles matures atteignent une longueur de 55 cm entre 3 et 5 ans. De larges classes d’âge se produisent infréquemment. La plupart des périodes de production des stocks sont caractérisées par des périodes de recrutement faibles à moyennes.

Pêche

Les premiers débarquements de morue charbonnière qui ont été enregistrés remontent à 1913. Même si les premières captures étaient des captures accessoires, au Canada la pêche de la more charbonnière en tant que pêche ciblée a connu une croissance rapide à la fin des années 1970 et au début des années 1980. En 1981, la pêche de la morue charbonnière se limitait à 48 permis et ce nombre est toujours le même. En 1990, un système de quota individuel par bateau a été adopté pour attribuer des quotas précis aux bateaux munis d'un permis de pêche; ces quotas étaient fondés sur les données historiques concernant leurs prises. En permettant la pêche à longueur d'année, ce système de gestion a éliminé le « derby » de pêche de courte durée, extrêmement compétitif et difficile à contrôler. En plus de la surveillance indépendante de la pêche, le système garantit aussi que la pêche ne dépasse pas le total autorisé de captures.

La saison de pêche commerciale de la morue charbonnière débute le 21 février et se termine le 20 février de l'année suivante. Les quotas sur le total autorisé des captures sont attribués aux Premières Nations, à la recherche et aux pêches commerciales. Un petit pourcentage du TAC est aussi consacré à la collecte du stock de géniteurs aux fins de l'aquaculture.

À l'échelle commerciale, les pêcheurs titulaires de pêchent la morue charbonnière sur toute la longueur de la côte dans le cadre de pêches dirigées au moyen de pièges à longue ligne et de leurs hameçons, tandis que les pêcheurs titulaires utilisent des chaluts. Le secteur de la pêche au chalut reçoit 8,75 % du total autorisé de captures pour la pêche commerciale. On utilise aussi des hameçons et des longues lignes pour pêcher la morue charbonnière dans le cadre de la pêche dirigée du flétan du Pacifique, du sébaste, de la morue-lingue et de l'aiguillat commun; ces pêches font aussi l'objet d'une surveillance totale et un quota doit être attribué pour rendre compte des captures de morue charbonnière. En vertu du règlement, toute morue charbonnière de moins de 55 cm de longueur à la fourche doit être remise en mer.

Zones de pêche de la morue charbonnière
Figure 1. Zones de pêche de la morue charbonnière

La figure 1 a pour sous-titre « Zones de pêche à la morue charbonnière ». Il s'agit d'une carte montrant les zones de pêche à la morue charbonnière situées au large de la partie continentale de la Colombie-Britannique. La zone couverte par la carte va de la frontière canado-américaine à l'Alaska (au nord) et de celle-ci jusqu'à l'État de Washington (au sud). La carte comprend également le large des côtes de l'île de Vancouver et des îles de l'archipel Haida Gwaii (îles de la Reine-Charlotte). Les coordonnées de latitude (du 46e au 54e degré nord) et de longitude (du 136e au 124e degré ouest) sont indiquées le long de tous les côtés de la carte. La carte montre les masses terrestres canadienne et américaine ainsi que l'océan Pacifique. Les limites des zones de pêche à la morue charbonnière figurent sur la carte et les zones principales sont toutes numérotées : (de bas en haut) 3C, 3D, 5A, 5B, 5C, 5E et 5D. L'ensemble des sous-zones sont également numérotées, tandis que les villes clés (Campbell River, Port Hardy, Bella Bella et Prince Rupert) sont localisées sur la carte.

Gestion de la morue charbonnière

La Canadian Sablefish Association et Pêches et Océans Canada concluent des ententes de collaboration annuelles depuis les années 1990 dans le but d'accomplir conjointement les activités d'évaluation, de gestion et d'application des lois et règlements.

Mesures de conservation

Pêches et Océans Canada collabore étroitement avec l'industrie de la morue charbonnière à l'élaboration d'un plan d'évaluation du stock et à la formulation du plan de pêche de la morue charbonnière contenu dans le Plan de gestion intégrée des pêches du poisson de fond.

Parmi les mesures de conservation figurent la collecte de données fiables sur le stock et la surveillance des pêches, l'élaboration d'une méthode d'évaluation, ainsi que l'application de la règle de décision de pêche conforme à l'approche de précaution du Canada concernant la prise de décisions concernant les pêches. La procédure de gestion de la morue charbonnière comprend des avis sur les taux de captures qui satisfont aux objectifs particuliers en matière de conservation et de croissance du stock à court terme et à long terme.

La limite du total autorisé des captures est aussi une mesure de gestion clé qui est utilisée pour mettre à exécution les avis visant les captures. Cette limite est mise en application au moyen d'un programme intégré de journaux de bord obligatoires, de la surveillance vidéo à 100 % en mer des prises, ainsi que de la validation à quai de tous les débarquements. Ce Programme d'intégration de la pêche commerciale du poisson de fond oblige les pêcheurs individuels à rendre compte de toutes les prises de morue charbonnière sans égard au permis sous lequel ils pêchent. L'industrie du poisson de fond a participé activement à l'établissement de normes de surveillance et à la recommandation de mesures correctives lorsque les captures déclarées sont inférieures aux normes.

Parmi les autres mesures de conservation figurent :

  • l'accès limité à la pêche de la morue charbonnière la taille limite légale de 55 cm de longueur à la fourche, afin de permettre à la majorité des morues charbonnières d'atteindre la maturité sexuelle et l'âge de la reproduction avant leur capture, et ce, peu importe le type d'engin;
  • l'obligation pour les pièges d'être munis de deux orifices d'évasion (d'au minimum 8,89 cm) afin de réduire la capture de poissons de taille non réglementaire et de poissons immatures;
  • l'obligation pour les pièges d'être munis d'un panneau biodégradable, afin que les engins perdus ne continuent pas à piéger des poissons (c.-à-d. pour éviter la pêche « fantôme »);
  • une durée d'immersion maximale de quatre jours des engins de pêche à la palangre, afin de réduire le gaspillage;
  • l'obligation de déclarer les engins perdus;
  • l'obligation d'utiliser des effaroucheurs d'oiseaux de mer pour les empêcher d'attraper les appâts pendant le déploiement et la récupération des pièges à longue ligne et de leurs hameçons;
  • la fermeture des bras de mer continentaux de la Colombie-Britannique à la pêche commerciale dirigée de la morue charbonnière afin de minimiser les captures de juvéniles;
  • le respect des fermetures de zones pour protéger l'habitat benthique vulnérable de coraux et d'éponges ainsi que d'autres espèces (p. ex., les aires de conservation du sébaste).

Débarquement

Depuis 1969, les débarquements annuels totaux se sont situés entre 2 290 tonnes (2003) et 7 410 tonnes (1975), la moyenne des débarquements s'établissant à 4 740 tonnes environ entre 1969 et 1999. Les débarquements ont baissé à 2 350 tonnes en 2010, lorsque le total autorisé de captures a été réduit.

Débarquements annuels de morue charbonnière
Figure 2. Débarquements annuels de morue charbonnière (barres verticales) et rejets (cercles) entre 1913 et 20101

La figure 2 a pour sous-titre « Prises commerciales annuelles de morue charbonnière conservées (période de 1913 à 2010) ». Le sous-titre comprend un renvoi à un bas de page où sont décrits les autres éléments de la légende du tableau : les lignes pointillées verticales représentent la période d'application du Programme des observateurs en mer visant la pêche au chalut (1996 à 2006) et la surveillance en 2006 des prises dans tous les secteurs de la pêche du poisson de fond. Le cercle représente les totaux de prises relâchées. L'axe des y du diagramme sert à la fois de mesure des débarquements conservés et de mesure du volume de poissons capturés relâchés en tant que prises accessoires. L'axe s'étend de 0 à 7 500 tonnes et est divisé en tranche de 500 tonnes (seuls les multiples de 1 000 apparaissent – 1 000, 2 000, 3 000, etc.). L'axe des x comprend les années de chaque décennie allant de 1910 à 2010, tandis que les barres représentant les débarquements et les remises à l'eau commencent à l'année 1913. Le tableau montre que le poids des captures de morue charbonnière est demeuré relativement constant entre 1919 et 1968 (des volumes très élevés ont été enregistrés en 1914 et en 1915, ce qui fait contraste avec les années avant et après). Les débarquements de morue charbonnière ont déjà été très importants, en 1970 et en 1972 (entre 5 000 et 6 000 tonnes), et ont connu un pic de plus de 7 000 tonnes en 1975 et en 1976. Après cette période, les débarquements ont en général été de 3 500 à 5 000 tonnes. Ils connaissent toutefois une lente baisse depuis 2007, d'où ils sont passés de 3 000 à 2 500 tonnes, puis à 2 000 tonnes, en 2010. À partir de 1966 et pour chaque année suivante, un cercle représente la quantité (en tonnes) de morue charbonnière remise à l'eau. C'est en 1979 et en 1980 que cette quantité a été le plus élevée, affichant plus de 2 000 et 1 500 tonnes, respectivement. Au cours de la dernière décennie, le poids total de morue charbonnière remise à l'eau s'est situé aux alentours de 500 tonnes.

1 Les lignes pointillées verticales indiquent l'introduction des observateurs de chalut en mer en 1996 et la surveillance des captures de tous les poissons de fond à compter de 2006. Les cercles représentent les estimations de rejets de morues charbonnières.

Estimations de la population

Les données sur l'abondance du stock de morue charbonnière et les données biologiques proviennent d'un relevé spécial indépendant de la pêche effectué en collaboration par Pêches et Océans Canada et la Canadian Sablefish Association. Ces données sont utilisées chaque année pour formuler des avis sur les captures, y compris sur le total autorisé de captures pour la saison de pêche.

Selon les estimations, le stock reproducteur se situe actuellement sous la biomasse au rendement maximal soutenu. On estime que la morue charbonnière se situe actuellement entre le milieu de la zone de prudence et le bas de la zone saine, selon le Cadre décisionnel pour les pêches intégrant l’approche de précaution du Canada. Les estimations indiquent qu'au cours des dernières années le stock de morue charbonnière a fait l'objet d'une pêche à un taux légèrement supérieur ou légèrement inférieur au taux de récolte optimal; toutefois, l'application uniforme de la procédure de gestion de la morue charbonnière devrait se traduire par des taux de récolte légèrement sous le taux de récolte optimal et un taux de rentabilité élevé en moyenne.

Renseignements supplémentaires

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