Document de recherche 2005/053
État et potentiel de rétablissement de la maraîche dans l’Atlantique Nord Ouest
Par Gibson, A.J.F., et S.E. Campana
Résumé
L’abondance de la maraîche (Lamna nasus) dans l’Atlantique Nord-Ouest a diminué et, en 2004, la population a été désignée espèce en voie de disparition par le COSEPAC. Il était aussi recommandé de l’inscrire sur la liste de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril. L’inscription de la maraîche à cette liste entraînerait l’interdiction des activités qui lui seraient nuisibles et l’adoption d’un plan de rétablissement. Toutefois, avant que cette mesure ne soit prise, des décisions sont requises au sujet de l’autorisation des activités qui lui seraient nuisibles ainsi que de la planification du rétablissement. Dans le cadre de ce processus, le présent document a été préparé en vue d’évaluer l’état actuel de la maraîche et de déterminer le temps prévu du rétablissement selon différents scenarios de gestion. À cette fin, nous avons eu recours à un modèle de projection prospective du cycle biologique structuré selon l’âge et le sexe, qui utilisait les données sur les captures selon la longueur et les captures par unité d’effort (CPUE) jusqu’à la fin de 2004, de façon à évaluer la dynamique de la population de maraîche.
Quatre variantes du modèle sont présentées. Un des modèles utilise les séries chronologiques des CPUE standardisées pour les maraîches matures et immatures, tandis que les trois autres utilisent des CPUE non standardisées, exprimées en poids par hameçon. Ces trois derniers modèles sont fondés sur des scénarios de productivité hypothétique différents. Les modèles indiquent que la population est d’environ 12,2 % à 24,3 % de son effectif de 1961 et que l’abondance des femelles reproductrices a diminué, pour se situer à environ 7 à 15 % de son niveau de 1961. L’abondance des femelles reproductrices, en 2005, est d’à peu près 77 % à 92 % de celle de 2002. Les trois modèles qui utilisent les CPUE non standardisées révèlent que l’abondance totale est à peu près inchangée depuis 2002, avec des augmentations correspondantes de l’abondance des poissons immatures.
Les modèles n’ayant pas permis d’estimer les taux de reproduction de manière fiable, on a évalué des scénarios de productivité maximale de l’ordre de 1,6 à 2,6 géniteurs/géniteur, jugés appropriés pour cette population. Tous les modèles indiquent que la population peut se rétablir si les taux de mortalité de source anthropique sont faibles. Bien que le taux de rétablissement varie selon les modèles, le temps requis se mesure en décennies. À l’aide de projections déterministes de la population, les modèles de CPUE intégrées permettent d’estimer qu’il faudra de dix à trente ans, en supposant que la mortalité de source anthropique est maintenue aux environs de 2 % à 4 % de la biomasse vulnérable, pour obtenir un rétablissement à 20 % de la biomasse d’équilibre non exploitée. Le rétablissement à un niveau qui assure un PME devrait prendre beaucoup plus longtemps. Actuellement, un plan de gestion (de rétablissement) de cinq ans, en vigueur jusqu’à la fin de 2007, comprend un quota de 250 t. Des simulations basées sur le modèle le plus pessimiste (la plus faible abondance de départ) indique que la gestion conformément à ce plan d’ici la fin de 2007 ne retardera que légèrement le rétablissement par rapport aux fermetures de la pêche mises en oeuvre en 2005. Cette stratégie donnerait la possibilité d’éliminer les incertitudes que contiennent les estimations de la population et de la productivité, notamment les augmentations récentes des CPUE qui ne sont pas bien prévues par le modèle, et les écarts entre le modèle et les données obtenues par marquage qui semble indiquer que le taux de survie est plus élevé que celui qui est prévu par le modèle.
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