Avis scientifique 2021/019
Évaluation du potentiel de rétablissement de la grosse poule de mer (Cyclopterus lumpus) dans les eaux canadiennes
Sommaire
Paramètres de la biologie, de l’abondance, de la répartition et du cycle biologique
- La grosse poule de mer (Cyclopterus lumpus) est un téléostéen en forme de ballon, sexuellement dimorphe, largement répandu, présent dans les eaux canadiennes du détroit de Davis au banc de Georges et dans le golfe du Saint-Laurent (y compris l’estuaire).
- La grosse poule de mer se trouve souvent dans les eaux côtières et hauturières de la zone démersale et de la zone pélagique. Elle est connue pour entreprendre de vastes migrations côtières au printemps pour aller se reproduire sur les fonds rocheux des zones côtières. Elle effectue également des mouvements diurnes dans la colonne d’eau.
- Les indices de l’abondance et de la biomasse pour la sous-division 3Ps (relevé de printemps) et la division 2J3KL (relevé d’automne) ont décliné brusquement depuis le milieu des années 2000 et restent faibles; ces indices sont considérés comme reflétant l’état du stock. Aucune tendance discernable n’est présente dans la division 4RST, la division 4VWX5YZ ou la division 0AB.
- La plupart des aspects du cycle biologique de l’espèce dans les eaux canadiennes sont mal compris.
Besoins en matière d’habitat et de résidence
- Les sites de reproduction et de nidification de la grosse poule de mer constitueraient des résidences qui favorisent la reproduction, car ils sont modifiés par les mâles et occupés à la fois par les adultes et les œufs/larves. Ces sites côtiers sont généralement rocheux, structurellement complexes et associés à des macroalgues.
- On ignore les caractéristiques précises de l’habitat nécessaires pour mener à bien tous les stades du cycle biologique, mais la grosse poule de mer, et en particulier les jeunes individus, est souvent associée à la zostère marine et à diverses macroalgues dans les eaux côtières.
- On ne dispose pas d’informations détaillées sur l’étendue spatiale et la disponibilité d’un habitat convenable pour la grosse poule de mer, mais on ne pense pas que l’habitat soit limitatif pour cette espèce.
- Il n’y a aucune preuve de contraintes de configuration spatiale, car la répartition au Canada est continue et on ne pense pas que les déplacements soient limités par des barrières physiques ou océanographiques.
Menaces et facteurs limitatifs pour la survie et le rétablissement de la grosse poule de mer
- La seule menace anthropique quantifiée pesant sur le rétablissement de la grosse poule de mer est la mortalité par pêche dans le cadre des pêches commerciales dirigées et, dans une moindre mesure, les prises accessoires (conservées/débarquées ou rejetées) dans le cadre des pêches commerciales ciblant d’autres espèces.
- D’autres menaces anthropiques potentielles existent, telles que les changements climatiques, les activités pétrolières et gazières, les espèces envahissantes, les agents infectieux, l’aquaculture, l’aménagement du littoral et la pollution.
- Les activités anthropiques qui ont un impact négatif sur les environnements benthiques littoraux adaptés aux sites de nidification et d’alevinage de la grosse poule de mer pourraient compromettre la survie et le rétablissement de l’espèce. Il n’est pas possible de quantifier l’étendue ou l’impact de ces activités à l’heure actuelle.
- La survie et le rétablissement de la grosse poule de mer peuvent être limités par des événements climatiques et météorologiques naturels, ainsi que par des interactions interspécifiques telles que la prédation et l’infection par des agents parasitaires, viraux ou bactériens. L’impact de ces facteurs ne peut être estimé ou quantifié à l’heure actuelle.
- La seule menace quantifiée est la pêche et une réduction de la mortalité par pêche réduirait les dommages causés à cette espèce et aux espèces cooccurrentes. Il n’y a pas assez de programmes complets de surveillance indépendante et dépendante de la pêche pour cette espèce.
Objectifs de rétablissement
- Un objectif de rétablissement possible de la répartition pour cette unité désignable (UD) est de ramener la répartition aux niveaux historiques dans la sous-division 3Ps et la division 3KLde l’OPANO et de maintenir la répartition actuelle dans les autres zones (p. ex. la division 4RST3Pn; la division 4VWX5YZ; sous-secteur 0).
- L’objectif de rétablissement possible de la biomasse est de 15 831 t, soit le niveau de référence supérieur du stock (PRS) estimé à partir des indices combinés des relevés dans la subdivision 3Ps et la division 3KL. L’objectif de rétablissement à court ou moyen terme doit être supérieur au point de référence limite possible ([PRL] 7 915 t). La biomasse actuelle est estimée à 50 % du PRL.
- En raison de l’absence d’un modèle quantitatif, il n’a pas été possible d’estimer les trajectoires de la population.
- On estime qu’il existe suffisamment d’habitats convenables pour répondre aux besoins de l’espèce, tant à l’heure actuelle que lorsqu’elle aura atteint l’objectif de rétablissement proposé.
- On ne pense pas que les niveaux actuels de mortalité par pêche compromettent la survie. Toutefois, une diminution de la mortalité par pêche peut être nécessaire pour atteindre les objectifs de rétablissement.
Dommages admissibles
- Une série de mesures de gestion de la pêche et de protection de l’habitat peuvent réduire la mortalité par pêche et atténuer les impacts sur les habitats de nidification et d’alevinage.
Le présent avis scientifique découle de la réunion d’examen par les pairs zonal(e) du 12 au 13 mars 2019 sur l’évaluation du potentiel de rétablissement de la lompe, océan Atlantique. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
Avis d’accessibilité
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