Avis scientifique 2020/038

Évaluation du stock de saumon atlantique de Terre-Neuve-et-Labrador en 2018

Sommaire

• Vingt-deux populations de saumons atlantiques ont été surveillées en 2018, dont 20 à l’aide de barrières de dénombrement et de passes migratoires et deux au moyen de relevés au tuba.
  • De les 22 rivières surveillées en 2018, 21 ont été incluses dans l’évaluation des stocks; quatre au Labrador et 17 à Terre-Neuve. La rivière Northwest à Port Blandford n’a pas été évaluée en 2018 puisque le dénombrement était incomplet. Dans quatre des 21 rivières évaluées à Terre-Neuve, les saumons juvéniles (saumoneaux) migrant vers la mer ont aussi été dénombrés (Figure 1).
• En 2018, cinq rivières évaluées ont enregistré une baisse des montaisons totales, et trois d’entre elles ont connu une baisse de plus de 30 % par rapport à leur moyenne de la génération précédente (2012 à 2017 et 2013 à 2017 pour le Labrador et Terre­Neuve, respectivement). Sept rivières ont connu des baisses de leurs montaisons totales par rapport à la moyenne des générations antérieures à 2016 (2010 à 2015 pour le Labrador et à 2011 à 2015 pour Terre-Neuve), dont quatre ont été supérieures à 30 %. Les données n’étaient pas disponibles pour la génération précédente et la génération antérieure à 2016 pour six rivières (tableau 3).
• Sur les 15 rivières évaluées pour lesquelles il existe des renseignements sur les montaisons au cours des trois générations précédentes (2000 à 2017 et 2003 à 2017 pour le Labrador et Terre-Neuve, respectivement), les montaisons totales en 2018 étaient plus faibles sur l’une des quatre rivières du Labrador et sur cinq des onze rivières de Terre-Neuve. Parmi celles-ci, quatre rivières de Terre-Neuve ont connu un déclin supérieur à 30 % (tableau 3).
• En 2018, les échappées de géniteurs (œufs) estimées étaient inférieures au point de référence limite (PRL) spécifique à la rivière (zone critique) sur deux des quatre rivières évaluées au Labrador. L’échappée de géniteurs estimée a dépassé le point de référence supérieur du stock (PRS) spécifique à la rivière English (zone saine) et s’est située entre le PRL et le PRS (zone de prudence) sur le ruisseau Muddy Bay.
• À Terre-Neuve, les échappées de géniteurs (œufs) estimées étaient inférieures au PRL (zone critique) pour huit des 17 rivières évaluées en 2018. Sur les neuf autres rivières de Terre-Neuve, sept dépassaient le PRS (zone saine) et deux se situaient entre le PRL et le PRS (zone de prudence).
• La récolte des pêches autochtones et de subsistance au Labrador en 2018, déduite des retours dans les journaux de bord (taux de retour de 73 %), était de 12 930 saumons (8 793 petits, 4 137 grands), soit 5,5 % de moins que la moyenne des six années précédentes (2012 à 2017) de 13 496 saumons (8 255 petits, 5 241 grands).
• Les estimations des prises récréatives pour Terre-Neuve-et-Labrador sont extrêmement variables depuis 2005 (la fourchette des prises totales va de 38 900 à 76 100 saumons). Les estimations préliminaires des saumons conservés et relâchés en 2018 étaient de 13 626 et de 25 055 (38 681 au total).
• La montaison du saumon atlantique vers les rivières qui se trouvent sur la côte sud de Terre-Neuve (zones de pêche du saumon [ZPS] 9 à 11) demeure faible. Des montaisons historiquement basses ont eu lieu dans la rivière Conne et la rivière Little (>30 ans pour chaque rivière). Les trois rivières surveillées dans la ZPS 11 restent dans la zone critique et les taux de survie en mer restent également faibles (moins de 3 %).
• La survie en mer demeure le principal facteur limitant l’abondance du saumon de l’Atlantique dans la région de T.-N.-L. Les montaisons d’une année sont surtout déterminées par la survie en mer, plus que par les variations de la production de saumoneaux. Les estimations de la survie en mer d’une année à l’autre continuent de fluctuer; en 2018, la survie était comprise entre 0,8 % et 9,3 % pour les cinq rivières surveillées pour lesquelles les estimations de la survie en mer étaient disponibles. L’estimation de la survie en mer en 2018 pour la rivière Conne dans la ZPS 11 (0,8 %) est une valeur historiquement basse dans une série chronologique de 32 ans.

Génétique

• L’analyse génétique de stocks mélangés des pêches du saumon atlantique dans les régions côtières du Labrador (2017-2018), de l’ouest du Groenland (2017-2018) et de Saint-Pierre-et-Miquelon (2015, 2017-2018) a révélé des différences significatives dans la composition des stocks, le Labrador exploitant de 98 à 99 % de saumons originaires du Labrador. Les deux autres pêches exploitaient des mélanges de stocks migratoires nord-américains. Dans l’ouest du Groenland, les stocks du Royaume-Uni et de l’Islande ont également apporté une contribution importante.
• Les recherches sur la distribution et l’abondance du saumon atlantique provenant de cages d’aquaculture marine et de l’hybridation avec le saumon sauvage se sont poursuivies en 2018.
  • Cinq fugitifs ont été recapturés à la barrière de dénombrement de la rivière Garnish lors d’activités régulières de surveillance. En outre, 400 fugitifs ont été recapturés dans l’environnement marin après l’évasion de 2 000 à 3 000 saumons d’élevage à la fin du mois de juillet 2018.
  • L’examen de la survie relative des juvéniles sauvages, hybrides et féraux dans la nature suggère une diminution de la survie de la progéniture des saumons d’aquaculture et la modélisation par simulation suggère des impacts négatifs sur le caractère et la taille des populations sauvages qui subissent l’hybridation.

Mortalité résultant de la pêche avec remise à l’eau

• Conformément aux conclusions publiées, les résultats d’un modèle de mortalité résultant de la pêche avec remise à l’eau indiquent que la probabilité de mortalité d’un saumon atlantique capturé et remis à l’eau augmente de manière significative avec l’augmentation de la température de l’eau.

Environnement

• En 2018, la température annuelle moyenne de l’air à Terre-Neuve et au sud du Labrador était proche de la moyenne à long terme (1981 à 2010), caractérisée par un hiver et un été chauds et un printemps froid. Les températures de la surface de la mer en été ont été plus froides que la moyenne à long terme dans les régions extracôtières, une tendance observée depuis 2015. En raison de la chaleur en été, la température de l’eau dans les régions côtières de Terre-Neuve (par exemple, Comfort Cove) était supérieure à la moyenne à long terme à l’été 2018.
• Depuis 2015, les indices de production primaire et secondaire sur le plateau continental de T.-N.-L. montrent une faible productivité globale aux niveaux trophiques inférieurs (phytoplancton et zooplancton) et des changements dans la structure de la communauté zooplanctonique avec des impacts potentiels sur le transfert d’énergie vers les niveaux trophiques supérieurs, y compris le saumon atlantique.

Températures des rivières

• En été, les températures des rivières fluctuent tout au long de la journée et varient considérablement en fonction de la situation géographique à T.-N.-L., certaines rivières connaissant des variations supérieures à 5 °C.
• Les températures moyennes de l’eau en juillet et août pour neuf rivières surveillées à Terre-Neuve de 1960 à 2016 ont montré une augmentation significative au fil du temps.
• Les températures moyennes de l’eau en juillet pour quatre rivières surveillées au Labrador n’ont pas montré de changement significatif dans le temps, alors que les températures de l’eau en août ont montré une légère augmentation.

Tendances à la fermeture de rivières à Terre-Neuve

• Le nombre de fermetures de rivières dues aux conditions environnementales (température de l’eau élevée ou faible niveau d’eau) dans toutes les ZPS de Terre-Neuve en 2018 a été le plus élevé jamais enregistré (131 rivières fermées), tandis que le pourcentage de jours de pêche à la ligne fermés en 2017 et 2018 a été le plus élevé depuis 1987.

Le présent avis scientifique découle de la réunion régionale d’examen par les pairs de l’évaluation du saumon de l’Atlantique à Terre-Neuve-et-Labrador qui s’est tenue du 5 au 7 mars 2019. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.

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