Avis scientifique 2020/035
Lignes directrices scientifiques sur les approches de surveillance et d’évaluation des réseaux biorégionaux marins
Sommaire
- Des lignes directrices sont fournies pour appuyer l’élaboration d’un cadre cohérent, à l’échelle nationale, pour l’évaluation de la conception des réseaux biorégionaux marins et la surveillance de l’efficacité de ceux-ci à atteindre leurs objectifs établis. Ce cadre est suffisamment souple pour tenir compte des conditions régionales et locales, des différences dans les objectifs de conservation des divers réseaux, et des circonstances qui peuvent évoluer au fil du temps.
- Le cadre recommandé comprend ce qui suit :
- Volet 1 : Évaluation visant à déterminer si les caractéristiques de conception (p. ex. représentativité, répétitivité, connectivité) ont été intégrées de manière efficace dans la conception et la mise en œuvre des réseaux.
- Volet 2 : Surveillance nous permettant de déterminer si les réseaux biorégionaux marins, tels qu’ils sont mis en œuvre, atteignent leurs objectifs de conservation.
- La surveillance et l’évaluation des réseaux biorégionaux s’effectueront dans le cadre d’un processus échelonné et itératif. Les renseignements obtenus pourraient être utiles pour rectifier la stratégie de gestion et de surveillance des aires protégées existantes ou nouvelles.
- Différents types de suivi écologique, comme le rendement écologique, la pression anthropique, les conditions ambiantes et la surveillance des sites de référence, peuvent être utilisés pour effectuer le suivi des changements dans les composantes écologiques d’intérêt.
- Bien qu’il soit peu probable qu’une approche unique de surveillance des réseaux soit appliquée dans toutes les biorégions canadiennes, l’élaboration de pratiques et d’approches normalisées en vue de l’évaluation des éléments communs de la conception des réseaux et des résultats escomptés pourrait faciliter le processus de synthèse et l’établissement de rapports à l’échelle nationale.
- Les programmes de surveillance existants peuvent être utilisés pour orienter les évaluations de la conception des réseaux et surveiller leur efficacité, ce qui permettrait de tirer parti des séries chronologiques existantes. Toutefois, les outils et les techniques utilisés pour surveiller les réseaux devraient également changer en fonction de l’évolution des technologies et des exigences législatives.
- Les réseaux ne sont pas encore pleinement mis en œuvre; le Canada dispose actuellement d’un ensemble d’aires protégées et d’AMCEZ efficaces. Toutefois, le suivi des progrès vers la réalisation des buts et objectifs de conservation du réseau biorégional devrait et peut commencer dès maintenant afin d’établir des bases de référence ainsi que l’ordre de priorité des prochaines étapes.
Volet 1 : Évaluation des caractéristiques de conception des réseaux
- L’évaluation des réseaux biorégionaux comprend l’évaluation de la mesure dans laquelle les caractéristiques de conception (p. ex. la représentativité, la répétitivité, la connectivité, la pertinence et la viabilité) ont été intégrées à la conception et à la mise en œuvre du réseau. Par exemple, comment les objectifs de conservation spatiale sont pris en compte dans le réseau proposé et mis en œuvre.
- L’évaluation des réseaux biorégionaux peut être réalisée à l’aide des outils existants et des données disponibles. Dans la plupart des cas, les outils qui ont été utilisés pour concevoir les réseaux peuvent aussi être utilisés pour réaliser les premières évaluations, à l’aide des données les plus récentes.
- Au minimum, il est recommandé de procéder à l’évaluation du réseau biorégional à mesure que de nouvelles aires s’y ajoutent, en fonction de l’ajout de nouvelles données substantielles ou à intervalles réguliers (p. ex. au moins tous les cinq ans).
Représentativité
- Aux fins de l’évaluation des réseaux biorégionaux, on peut considérer que la représentativité est atteinte si les stratégies de conception du réseau convenues (en fonction des objectifs de conservation connexes) sont respectées et maintenues au sein du réseau mis en œuvre.
- La capacité à évaluer la représentativité peut être limitée par les ensembles de données spatiales utilisés lors de la conception (p. ex. les systèmes de classification originaux ou les modèles de répartition des espèces utilisés). Les nouvelles données sur la répartition des espèces et sur l’étendue et la qualité des habitats devraient être intégrées dans les classifications mises à jour, et l’évaluation des objectifs de conservation devrait être mise à jour en conséquence.
Répétitivité
- L’évaluation de la répétitivité devrait définir explicitement ce qui constitue une « répétition » sur le plan de la taille et de la qualité des parcelles. De plus, elle devrait intégrer une rétroaction itérative fondée sur les données récemment recueillies quant à l’utilisation de l’habitat, à la taille des parcelles et à la qualité dans la description et la comptabilisation des répétitions.
Connectivité
- Dans la plupart des cas, la connectivité (c’est-à-dire les liens entre les habitats) n’a été prise en compte que partiellement ou a posteriori dans la conception des cinq réseaux biorégionaux marins prioritaires du Canada, ce qui fait que, de manière générale, les renseignements de base sur la connectivité sont limités.
- L’évaluation de la connectivité devrait être axée sur les priorités de conservation pour lesquelles les objectifs de conservation dépendent de liens spatiaux au sein du réseau.
- Divers outils sont disponibles pour évaluer et contrôler la connectivité à différentes échelles spatiales et temporelles. Chacun de ces outils comporte des exigences en matière de renseignements et des coûts différents.
- Il a été impossible de parvenir à un consensus quant à l’adoption d’une approche cohérente à l’échelle nationale pour évaluer la connectivité dans la conception des réseaux biorégionaux. Toutefois, on a convenu que, pour déterminer l’approche appropriée en matière de connectivité au sein de chaque biorégion (y compris la recherche, la surveillance, l’évaluation et la mise en œuvre effectuées dans le cadre de la conception des réseaux), il serait nécessaire d’examiner attentivement les coûts et les avantages, et de prendre en compte les outils, données, capacités et ressources disponibles.
Volet 2 : Surveillance de l’efficacité des réseaux
- Un plan de surveillance rigoureux visant à évaluer l’efficacité du réseau à l’échelle biorégionale par rapport à tous les objectifs de conservation et permettant de trouver la cause des problèmes nécessiterait un important investissement.
- Pour démontrer l’efficacité des réseaux et aux fins de l’établissement de rapports, il est recommandé de définir des sous-ensembles de sites de réseaux, des objectifs de conservation et des indicateurs connexes, et d’en établir l’ordre de priorité. Il est aussi recommandé d’utiliser un petit ensemble d’indicateurs bien compris à court terme tout en continuant d’élaborer et de perfectionner un plus grand ensemble d’indicateurs aux fins de la surveillance à long terme.
- Les indicateurs doivent permettre de répondre à des questions claires liées aux objectifs de conservation.
- La sélection des indicateurs devrait être un processus itératif, adaptatif et hiérarchique. L’ensemble d’indicateurs devrait être fondé sur des données probantes, harmonisé et validé à l’échelle biorégionale et nationale.
- Les indicateurs, protocoles et stratégies de surveillance peuvent différer pour les zones côtières, les plateaux et les zones en eaux profondes ou éloignées. Ces distinctions devraient être prises en compte dans la planification biorégionale.
- L’utilisation d’indicateurs indirects (témoins) relatifs aux priorités de conservation (p. ex. évaluations de la vulnérabilité ou espèces indicatrices) est recommandée dans les situations où les données sont insuffisantes ou lorsque ces indicateurs sont plus efficaces que les indicateurs directs.
Considérations générales
- La planification et la capacité en matière de gestion et de traitement des données, et la disponibilité des données doivent être prioritaires à l’échelle nationale afin d’optimiser l’efficacité des évaluations et de la surveillance adaptative (à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement).
- L’utilisation de l’expertise et des ressources disponibles à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement est essentielle pour entreprendre la surveillance du réseau. Il est recommandé de déterminer les possibilités de collaboration avec les communautés autochtones, ainsi qu’avec les universités, les organisations environnementales et d’autres intervenants du milieu océanique au Canada et à l’étranger, afin d’accroître la recherche scientifique et la capacité de surveillance des réseaux, à titre d’étape distincte de la planification des programmes de surveillance.
Le présent avis scientifique découle de la réunion du 10 au 12 septembre 2019 sur l’Examen des méthodes de surveillance du réseau de conservation marine. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
Avis d’accessibilité
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