Avis scientifique 2017/045

Évaluation du stock canadien de phoques gris de l'Atlantique Nord-Ouest (Halichoerus grypus)

Sommaire

• Les phoques gris constituent une seule et même population génétique que l'on peut classer, aux fins de gestion, en trois groupes selon l'emplacement des sites de reproduction.
• Pour estimer le nombre de petits nés en 2016, des relevés photographiques aériens (aéronef, hélicoptère, drone) et des relevés visuels ont été effectués pour toutes les colonies de reproduction de phoques gris au Canada. Le relevé précédent sur la production de petits avait été mené en 2010.
• La production de petits sur l'île de Sable a été estimée à 83 600 avec un intervalle de confiance de 95 % variant de 63 600 à 103 500, soit une augmentation de 4 % par rapport au niveau de 2010. La côte de la Nouvelle-Écosse comprend deux zones principales de reproduction de phoques gris. La production de nouveau-nés à l'île Hay, à 2 500 animaux (intervalle de confiance de 95 % = 1 700 à 3 200), s'est révélée semblable au niveau de 2010, tandis que les colonies du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse (Round, Mud, Noddy et Flat) ont augmenté à 2 100 nouveau-nés (intervalle de confiance de 95 % = 1 800 à 2 400) par rapport à environ 417 nouveau-nés en 2010. Une nouvelle colonie sur l'île Red dans les lacs Bras d'Or a eu 41 nouveau-nés en 2016. La production de nouveau-nés dans le golfe du Saint-Laurent a été de 10 500 (intervalle de confiance de 95 % = 9 000 à 12 200), ce qui n'est pas très différent de l'estimation de 11 300 animaux (intervalle de confiance de 95 % = 4 000 à 31 800) en 2010. La production totale de nouveau-nés a été estimée à 101 500 (intervalle de confiance de 95 % = 80 600 à 121 600).
• La répartition de la production des nouveau-nés a changé au fil du temps, avec une diminution de la partie de la population née dans le golfe du Saint-Laurent et une augmentation continue sur l'île de Sable et dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. En 2016, la plupart des petits (85 %) sont nés sur l'île de Sable, 11 % dans le golfe du Saint-Laurent et 4 % le long de la côte de la Nouvelle‑Écosse.
• Dans le golfe du Saint-Laurent, la proportion de petits nés sur la banquise a décliné, passant de 100 % en 2004 à 1 % en 2016, en raison de la réduction de la couverture de glace en hiver. Les phoques ont plutôt mis bas sur des îles à proximité.
• Une analyse de phoques gris marqués individuellement qui ont été observés sur l'île de Sable entre 1978 et 2016 a été utilisée pour estimer la survie des adultes en fonction de l'âge et du sexe. La survie moyenne des adultes était élevée (mâles = 0,943, intervalle de confiance de 95 % = 0,937 à 0,948; femelles = 0,976, intervalle de confiance de 95 % = 0,974 à 0,978). Les taux de survie des phoques gris mâles étaient plus faibles à tous les âges que ceux des femelles. La survie des adultes mâles ou femelles ne présente aucun signe de changement au fil du temps.
• Le taux de survie des juvéniles a diminué, passant de 76 % au début des années 1990 à 33 % au milieu des années 2000.
• Dans les évaluations précédentes, on a présumé que le sex-ratio entre les mâles et les femelles était de 1:1. Toutefois, cette hypothèse n'est pas exacte en raison des différents taux de mortalité observés chez les mâles et les femelles. En supposant une répartition stable selon l'âge, le sex-ratio entre les mâles et les femelles est de 0,69:1.
• Les renseignements sur les taux de reproduction ont été obtenus à partir des échantillons biologiques recueillis dans le golfe du Saint-Laurent et le programme de marquage-réobservation sur l'île de Sable. Les deux sources de données indiquent un déclin des taux de reproduction dans les classes d'âge plus jeunes, mais également des taux de reproduction élevés et stables chez les femelles plus âgées.
• Des modèles de population, comprenant des estimations sur les taux de reproduction en fonction de l'âge, et des prélèvements ont été adaptés aux estimations de la production de petits afin de décrire la dynamique de la population de phoques gris du Canada. Les trois troupeaux continuent d'augmenter. En 2016, la population totale estimée du troupeau de l'île de Sable et de la côte de la Nouvelle-Écosse, en prenant en compte le sex-ratio, était de 380 300 animaux (intervalle de confiance de 95 % = 234 000 à 517 200) et celle du troupeau du golfe du Saint-Laurent, de 44 100 (intervalle de confiance de 95 % = 29 600 à 61 100). La population totale de phoques gris au Canada est estimée à 424 300 animaux (intervalle de confiance de 95 % = 263 600 à 578 300, arrondie à la centaine près). Cette estimation est très inférieure à celle de 2014, en raison des changements dans le modèle de population.
• Le modèle de population a été mis à jour afin d'intégrer les nouvelles estimations sur la survie des femelles adultes et les données d'entrée comprenant des prélèvements et des estimations sur la production de petits. D'après les nouvelles estimations de la survie des adultes en fonction du sexe, l'estimation de l'abondance totale utilise également l'estimation du sex-ratio de 0,69:1 entre les mâles et les femelles plutôt que le ratio de 1:1 présumé dans les évaluations précédentes.
• Les prélèvements effectués dans la population au cours des cinq dernières années comprennent des individus capturés dans le cadre de la chasse commerciale, ceux capturés à des fins scientifiques, des phoques nuisibles (ayant endommagé des engins et des prises) et des prises accidentelles dans la pêche commerciale. Les estimations du nombre de phoques nuisibles tués demeurent incomplètes et mal connues. Il n'existe pas de données disponibles à propos des prises accidentelles, mais on estime que ces chiffres sont peu élevés.
• Des projections à partir du modèle ont été utilisées pour étudier les conséquences de plusieurs stratégies de prélèvement. Dans le golfe du Saint-Laurent, des prélèvements de 4 500 et de 2 400 animaux composés à 95 % et à 70 % de jeunes de l'année, respectivement, permettraient de respecter l'objectif de gestion actuel qui consiste à demeurer au-dessus du seuil N70. Dans le cas des troupeaux combinés de l'île de Sable et de la côte de la Nouvelle-Écosse (plateau néo-écossais), des prélèvements de 30 000 et de 17 000 animaux composés à 95 % et à 70 % de jeunes de l'année, respectivement, auraient une probabilité de 80 % de demeurer au-dessus du seuil N70.
• Dans le golfe du Saint-Laurent, des prélèvements de 6 800 et de 4 000 animaux composés à 95 % et à 70 % de jeunes de l'année, respectivement, auraient une probabilité de 50 % de demeurer au-dessus du seuil N70. Dans le cas du troupeau du plateau néo-écossais, des prélèvements de 51 000 et de 31 000 animaux composés à 95 % et à 70 % de jeunes de l'année, respectivement, auraient une probabilité de 50 % de demeurer au-dessus du seuil N70.
• La probabilité de dépassement des seuils N70 et N50 pour un total autorisé des captures de 60 000, de 70 000, de 90 000, de 100 000, de 120 000, de 150 000 et de 200 000, en supposant que les captures sont proportionnelles à la production de petits, ainsi que la composition selon l'âge de 95 % et de 70 % de jeunes de l'année ont été estimées.
• Pour un total de captures de 60 000, la probabilité de dépasser le seuil N70 sur le plateau néo-écossais est de 53 % (95 % de jeunes de l'année) et de 83 % (70 % de jeunes de l'année); et celle de dépasser le seuil N50, de 48 % (95 % de jeunes de l'année) et de 80 % (70 % de jeunes de l'année). La probabilité de dépasser le seuil N70 dans le golfe est de 46 % (95 % de jeunes de l'année) et de 94 % (70 % de jeunes de l'année); et celle de dépasser le seuil N50, de 30 % (95 % de jeunes de l'année) et de 96 % (70 % de jeunes de l'année). Des niveaux de prélèvements plus élevés réduisent les probabilités de demeurer au-dessus des seuils N70 et N50.
• Le nombre de phoques gris en quête de nourriture dans l'ensemble du Canada atlantique varie selon la saison. Des estimations modélisées du nombre de phoques dans la population et des emplacements possibles, tirées de la télémétrie par satellite, ont été utilisées pour calculer l'abondance saisonnière des phoques gris dans le golfe du Saint-Laurent. Ces estimations sont très incertaines et ne doivent être utilisées qu'à des fins d'illustration. Les résultats semblent indiquer que la population de phoques gris en quête de nourriture dans le golfe du Saint-Laurent peut plus que doubler de janvier à mars et de juillet à septembre.

Le présent avis scientifique découle de la réunion du 17 au 21 octobre 2016 sur les résultats du relevé de 2016 sur la production de petits chez le phoque gris de l'Atlantique Nord-Ouest et les recommandations pour la durabilité des prises. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.

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