Avis scientifique 2017/017

Un modèle révisé d’exploitation de la Morue charbonnière (Anoplopoma fimbria) en Colombie-Britannique, au Canada, pour 2017-2018

Sommaire

• La stratégie de pêche de la morue charbonnière de la Colombie-Britannique (Anoplopoma fimbria) est conçue d’après une procédure de gestion (PG) testée par l’intermédiaire de simulations par rapport à plusieurs scénarios de modèle d’exploitation qui représentent diverses hypothèses sur la dynamique des stocks et les pêches de morue charbonnière. Le modèle d’exploitation sous-jacent utilisé pour générer des hypothèses sur la dynamique des stocks et la pêche de la morue charbonnière a récemment été mis à jour pour inclure plusieurs changements structurels (MPO, 2016). Une réunion régionale d’examen par les pairs s’est tenue le 10 janvier 2017 pour évaluer le rendement de la procédure actuelle de gestion de la morue charbonnière et des procédures de gestion alternatives à l’aide du modèle d’exploitation révisé de 2016.
• La procédure de gestion actuelle utilise une règle de contrôle des prises avec un taux de récolte maximal établi au taux de récolte estimé au rendement maximal soutenu (URMS), ainsi qu’un seuil minimal du total autorisé des captures (TAC) de 1 992 tonnes (t) et une taille minimale de capture de 55 cm. L’évaluation portait également sur neuf procédures de gestion alternatives qui différaient par leur utilisation des seuils de TAC (0; 1 800; ou 1 992 t), leurs périodes de mise en place progressive jusqu’à un nouveau taux de récolte maximal (0, 3, 4 ou 5 ans), et la réglementation sur la remise à l’eau des poissons qui n’ont pas la taille réglementaire (remise à l’eau des morues charbonnières de moins de 55 cm ou conservation de toutes les prises de morues charbonnières, qui sont prises en compte pour le TAC). Chaque procédure de gestion alternative comportait un taux de récolte maximal de 5,5 %.
• La version révisée du modèle d’exploitation de la morue charbonnière a été adaptée (ou conditionnée) aux données sur la surveillance des stocks et sur les pêches recueillies entre 1965 et 2016. Cinq scénarios du modèle d’exécution ont été utilisés pour prendre en compte l’incertitude en ce qui concerne la productivité du stock et la biomasse du stock reproducteur femelle en 2016 (fSSB2016). Le modèle d’exploitation du scénario de référence utilisait la combinaison moyenne ou attendue de la productivité et de la fSSB2016, tandis que les quatre autres scénarios de modèle d’exploitation représentaient les combinaisons suivantes :
1. Productivité élevée, fSSB2016 moyenne (hiProd/expSSB);
2. Productivité faible, fSSB2016 moyenne (loProd/expSSB);
3. Productivité moyenne, fSSB2016 élevée (expProd/hiSSB); et
4. Productivité moyenne, fSSB2016 faible (expProd/loSSB).
• Les estimations de la biomasse du stock reproducteur femelle en 2017 (fSSB2017) étaient supérieures au point de référence limite (PRL) de 0,4BRMS, mais inférieures à la cible à long terme du BRMS dans quatre des cinq scénarios du modèle d’exploitation, où le BRMS est la biomasse du stock reproducteur femelle au rendement maximal soutenu (RMS). Dans le scénario expProd/loSSB, la fSSB2017 estimée était inférieure au PRL (fSSB2017/BRMS = 0,38). Les estimations de fSSB2017/BRMS variaient de 0,42 à 0,46 dans les quatre autres scénarios du modèle d’exploitation.
• Le rendement des 10 procédures de gestion a été mesuré par rapport aux cinq objectifs pour la pêche de la morue charbonnière en Colombie-Britannique (trois objectifs de conservation et deux objectifs sur les prises des pêches) qui ont été élaborés au moyen de consultations entre les gestionnaires des pêches, les scientifiques et les intervenants de l’industrie. Le rendement des procédures de gestion a été classé dans chacun des cinq scénarios du modèle d’exploitation, et pondéré dans les scénarios.
• Lorsqu’on l’a évaluée par rapport au modèle d’exploitation révisé (MPO, 2016), la procédure de gestion actuelle n’était pas en mesure d’atteindre les trois objectifs de conservation dans aucun des cinq scénarios productivité-biomasse du stock reproducteur du modèle d’exploitation et se classait systématiquement en dernière position en ce qui concerne le rendement en matière de conservation. Il est recommandé de prendre en compte les procédures de gestion alternatives pour la pêche de la morue charbonnière.
• D’après le rendement pondéré-moyen dans les cinq scénarios du modèle d’exploitation, les procédures de gestion qui incluaient des seuils de TAC n’étaient pas en mesure d’atteindre les objectifs de conservation, tandis que les procédures de gestion sans seuil de TAC pouvaient atteindre ces objectifs. La longueur de la période de mise en place progressive d’un taux de récolte maximal inférieur n’a pas eu d’effet majeur sur le rendement de la procédure de gestion par rapport aux objectifs de conservation.
• Les procédures de gestion qui comprennent l’ajout de la conservation de toutes les prises (ce qui signifie ici que tous les poissons ayant atteint la taille réglementaire et d’une taille inférieure à la taille réglementaire [< 55 cm] sont pris en compte pour le TAC) ont donné lieu à un meilleur rendement par rapport aux objectifs de conservation en comparaison avec les procédures de gestion identiques qui n’incluent pas la conservation de toutes les prises.
• Ni la procédure de gestion actuelle, ni aucune des procédures de gestion alternatives n’ont atteint des niveaux de fSSB supérieurs au BRMS, ou à 0,8 BRMS dans 50 % des années mesurées sur deux générations de morues charbonnières (le troisième objectif de conservation), bien que certaines procédures de gestion ont été en mesure d’augmenter la biomasse du stock reproducteur jusqu’à 0,8 BRMS d’ici la fin des deux générations de morues charbonnières (36 ans). Il est recommandé d’étudier davantage les compromis entre l’atteinte de 0,8 BRMS dans 50 % des années sur deux générations de morues charbonnières (l’objectif actuel) et l’atteinte de 0,8 BRMS en deux générations de morues charbonnières.
• En l’absence de la conservation de toutes les prises de morues charbonnières, une procédure de gestion comportant l’atteinte progressive d’un nouveau taux de récolte maximal ciblé de 5,5 % sur 5 ans a pu atteindre deux des objectifs de conservation, tout en fournissant des prises moyennes sur 10 ans de 1 690 t, sous le seuil actuel du TAC de 1 992 t.
• Le modèle d’exploitation révisé continue de supposer que le stock de morue charbonnière en Colombie-Britannique est une population fermée, malgré des signes probants de déplacements parmi les stocks de morues charbonnières le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord. Ces mouvements pourraient avoir des répercussions sur les hypothèses formulées sur la dynamique des stocks de morues charbonnières en Colombie-Britannique (c.-à-d. recrutement, productivité) qui ne sont pas actuellement prises en compte par le modèle d’exploitation révisé ou qui ne se reflètent pas dans les évaluations du rendement des procédures de gestion.
• Un échantillonnage non uniforme des données liées à la composition selon l’âge des prises commerciales (seules les données sur la composition selon l’âge dans le cadre de la pêche au casier sont actuellement disponibles) a alimenté les problèmes liés au modèle systématiquement observés pendant le processus d’évaluation des stratégies de gestion de la morue charbonnière en Colombie-Britannique (Cox et al., 2011; MPO, 2011, 2014). Il est recommandé de porter attention à la conception et à la mise en œuvre d’un programme d’échantillonnage des prises commerciales dans l’ensemble des secteurs de pêche.
• L’évaluation de la stratégie de gestion représente un processus itératif de changement et d’amélioration. Il est recommandé de réévaluer le caractère adéquat des modèles d’exploitation et des procédures de gestion de la morue charbonnière de la Colombie-Britannique tous les trois ans.

Le présent avis scientifique découle de l’examen régional par les pairs du 10 janvier 2017 sur l’Évaluation de la solidité des procédures de gestion pour la pêche à la morue charbonnière (Anoplopoma fimbria) en Colombie-Britannique, Canada, 2017-18. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).

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