Avis scientifique 2012/067

Points de référence limite et populations minimales de phoques du Groenland (Pagophilus groenlandicus)

Sommaire

• La stratégie de gestion du phoque de l’Atlantique fournit un cadre qui précise les seuils de précaution et de référence limite utilisés pour définir les zones d’abondance saines, de prudence et critiques ainsi que les mesures de gestion mises en œuvre dans le but de limiter les risques de graves dommages à la ressource lorsque ces seuils sont dépassés.
• Actuellement, le seuil de précaution et le seuil critique de référence correspondent à 70 % et à 30 % de la taille maximale observée ou présumée de la population.
• Étant donné que la taille réelle de la plupart des populations sauvages est inconnue, notre perception de celle-ci évoluera lorsque de nouvelles données seront disponibles et/ou lorsque les méthodes utilisées pour évaluer l'abondance seront améliorées. Cette incertitude doit être prise en compte lors de la définition des seuils de référence de précaution. En effet, il convient d'utiliser des proportions plutôt que des nombres fixes étant donné que les proportions permettent de maintenir les seuils de conservation relatifs malgré l'évolution de notre perception de l'abondance de la population.
• Il convient de ne pas utiliser le niveau de population le plus faible observé comme seuil de référence limite. Le rétablissement à partir de niveaux faibles dans les conditions environnementales antérieures ne garantit pas un rétablissement dans les conditions actuelles.
• Il convient de définir le seuil de référence limite (SRL) sous forme d'une proportion de la capacité de charge (K) ou d'une valeur approximative de K. Si on peut obtenir ne estimation de K, il est alors possible d'exprimer le SRL sous forme d'une proportion du nombre de phoques requis pour un rendement maximal soutenu (NRMS) conforme aux directives du MPO et aux approches internationales.
• Compte tenu des incertitudes quant à notre capacité à estimer K et à la forme de la courbe qui représente la relation liée à la densité, si la valeur N_RMS est utilisée, nous recommandons de définir le SRL à 50 % de la valeur N_RMS.
• S'il n'est pas possible d'estimer les valeurs K et N_RMS, on peut utiliser la population maximale observée ou présumée comme valeur approximative de K. Cependant, à quelques exceptions près, elle sera inférieure à K et par conséquent moins prudente. Étant donné que, d'après les estimations, 50 % de N_RMS équivaudrait à au moins 30 % de K, il convient d'être prudent si l'on définit un seuil de référence fondé sur N_max. Le SRL actuel (N₃₀) se situe dans la fourchette inférieure des valeurs possibles.
• Le cadre proposé ici s'applique à d'autres populations de mammifères marins pour lesquelles on pense disposer de nombreuses données.
• Il faut conserver des seuils de référence de précaution identiques entre les examens périodiques. En ce qui concerne les phoques du Groenland, les seuils doivent rester constants entre les principales évaluations qui ont lieu tous les 4 à 5 ans.
• Le modèle d'évaluation de 2011, qui supposait une capacité de charge de 12 millions de phoques, une population maximale de 8,3 millions et une valeur N_lim de 2,5 millions, a permis d'estimer la population minimale requise pour maintenir un niveau de capture durable, compris entre 100 000 et 400 000 individus, pour différents niveaux de risques. En gros, une augmentation de la taille minimale de population était nécessaire pour maintenir un niveau de capture supérieur et pour avoir plus de chances (limitation du niveau de risques) de respecter l'objectif de gestion.
• Selon les estimations, par exemple, une population d'environ 5,3 millions était nécessaire pour maintenir une capture annuelle de 100 000 individus, avec une probabilité de 95 % de rester au-dessus du point de référence limite sur une période de 15 ans si les taux de reproduction ne variaient pas. En revanche, une population de 4,7 millions était requise si l'on supposait que les taux de reproduction augmenteraient avec un déclin de la population.

Le présent avis scientifique découle de la réunion annuelle du Comité national d'examen par les pairs sur les mammifères marins (CNEPMM) tenue du 29 octobre au 2 novembre 2012. Toute autre publication découlant de ce processus sera publiée lorsqu'elle sera disponible sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada .

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