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Document de recherche 2013/128

Évaluation nationale du risque de l'introduction au Canada d'espèces aquatiques non indigènes par les eaux de ballast

Par O. Casas-Monroy, R.D. Linley, J.K. Adams, F.T. Chan, D.A.R. Drake, et S.A. Bailey

Résumé

Les eaux de ballast ont été désignées comme étant l'un des principaux vecteurs d’introduction d’espèces non indigènes (ENI) aquatiques au Canada et à l'intérieur du pays, malgré une série de modifications réglementaires qui, dans la dernière décennie, semble avoir ralenti le taux d’invasion par les eaux de ballast. Nous avons réalisé une évaluation nationale du risque afin de mieux comprendre le risque relatif d’invasion représenté par le déchargement des eaux de ballast effectué par des navires commerciaux (transocéaniques, côtiers, domestiques, etc.) dans les voies de navigation partout au pays. Nous estimons le risque actuel (d’après les exigences actuelles en matière d’échange des eaux de ballast – BWE) ainsi que le risque futur (en vertu des normes internationales sur les décharges des eaux de ballast) sur deux échelles : celle du risque d'invasion annuel et celle du risque par décharge individuelle. La probabilité d’introduction d'ENI et l’ampleur des conséquences sont estimées en considérant le trafic maritime (volume d’eau de ballast déversée), la pression de propagules (à partir des données d’échantillonnages biologiques), les similarités environnementales (salinité et climat) entre les ports donneurs et les ports récepteurs, le nombre d’ENI ayant un grand impact dans les régions sources, ainsi que les effets des stratégies d'atténuation (BWE ou normes sur les décharges des eaux de ballast). Le risque d’invasion actuel représenté par les navires transocéaniques étrangers dans la région des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent (GLFSL) a été utilisé comme valeur repère du « plus faible risque ». Cette valeur est utilisée puisque les exigences de BWE sont considérées particulièrement efficaces pour cette voie et parce que, depuis 2006, aucune ENI introduite par les eaux de ballast n’a été signalée dans les Grands Lacs; par contre, même les voies qui présentent le risque le plus faible comportent un risque d’invasion.

Bien que peu de décharges d'eaux de ballast se produisent dans l'Arctique, ce qui engendre un risque annuel relativement faible, le risque posé par les décharges individuelles des navires transocéaniques étrangers dans l'Arctique est relativement élevé. Les ports arctiques sont peu susceptibles de constituer une source d’ENI pour d'autres plans d’eau du Canada. Les navires qui parcourent les zones d'exemption des eaux de ballast dans les régions du Pacifique et de l'Atlantique représentent actuellement un risque relativement élevé d'envahissement. Les navires étrangers exemptés constituent une voie d'entrée importante pour l'introduction d'ENI de zooplancton et de phytoplancton dans les eaux canadiennes par le biais des eaux de ballast non échangées. Le risque que posent les navires canadiens varie selon les régions, les taxons et les échelles temporelles. Les laquiers posent un risque relativement élevé en ce qui a trait aux ENI de zooplancton, tandis que les navires canadiens de la côte est présentent un risque relativement élevé en ce qui concerne les deux taxons, dans le cas des décharges individuelles d'eaux de ballast. Le risque que posent les navires canadiens dans l'Arctique est relativement faible. Dans le cas des navires canadiens de la côte du Pacifique, le risque n'a pas été évalué en raison d'un manque de données. Bien que les exigences réglementaires actuelles en matière d'échange d'eaux de ballast des navires transocéaniques réduisent le risque d'invasion dans les écosystèmes d'eau douce (p. ex., les Grands Lacs), ces règlements sont moins efficaces pour la réduction du risque pour les écosystèmes marins. Le risque d'introduction d’ENI de zooplancton serait réduit pour toutes les voies s'il était géré en conformité avec la norme de décharge D-2 de l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Toutefois, le risque d'introduction de phytoplancton ne serait réduit que pour cinq voies. Il est important de souligner que tous les résultats sur le risque d’invasion doivent être interprétés de façon relative et par rapport aux voies où l'on décharge des eaux de ballast au Canada. Le risque absolu (p. ex., probabilité d'invasions/an dues aux activités de ballast) est encore inconnu en raison du caractère incertain de la relation entre la pression des propagules et l’établissement des propagules.

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