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Examen de l’efficacité des mesures de rétablissement concernant les épaulards résidents du sud

Efficacité des mesures de rétablissement

Examen de l’efficacité des mesures de rétablissement concernant les épaulards résidents du sud

Examen de l’efficacité des mesures de rétablissement concernant les épaulards résidents du sud (PDF, 1.51 MB)

Table des matières

6.0 Efficacité des mesures de rétablissement

Les principales menaces pour le rétablissement des épaulards résidents du sud, leurs caractéristiques et l'efficacité des mesures prises à ce jour pour les atténuer sont abordées dans les sections suivantes. Il ressort clairement du tableau 2 que de nombreuses mesures de rétablissement (32) nécessitent de la recherche en vue d'améliorer la compréhension de la façon dont une menace particulière a une incidence sur cette population. Bien que ces mesures de rétablissement ne réduisent pas directement les menaces, les connaissances et la compréhension acquises par la recherche sont souvent nécessaires pour orienter et éclairer les options de gestion qui peuvent mener à l'atténuation des menaces.

6.1 Disponibilité des proies

Caractérisation de la menace

Les épaulards résidents du sud sont des prédateurs très spécialisés se nourrissant principalement de saumon quinnat. Cette sélectivité est particulièrement évidente au cours des mois de mai à septembre dans la mer des Salish, où les épaulards se nourrissent presque exclusivement de saumon quinnat dans le détroit de Juan de Fuca, la baie Puget, la partie sud du détroit de Georgie et au large de la côte sud-ouest de l'île de Vancouver (Ford et al. 1998; Ford et Ellis 2005, 2006; Ford et al. 2010b; Hanson et al. 2010b; M. Ford et al. 2016; J. Ford et al., sous presse). En octobre et en novembre, les épaulards résidents du sud fréquentent davantage la baie Puget et se nourrissent probablement de saumon kéta en plus du saumon quinnat (Osborne 1999). En décembre, la plupart des épaulards résidents du sud ont quitté leurs principaux habitats d'estivage dans la mer des Salish. Les groupes K et L, en particulier, sont en grande partie absents de décembre à mai. Même si on connaît beaucoup moins le régime alimentaire d'hiver et du début du printemps des épaulards résidents du sud, les observations et les enregistrements acoustiques indiquent qu'ils occupent un vaste territoire le long de la côte continentale des États-Unis et au large de la côte ouest de l'île de Vancouver (Wiles 2004; Zamon et al. 2007 Hanson et al. 2013; Ford et al., sous presse). Leur présence au large de l'embouchure du fleuve Columbia et à Monterey Bay (Californie) semble être associée aux concentrations locales de saumon quinnat (Wiles 2004; Zamon et al. 2007; Hanson et al. 2010b).

La survie et le rétablissement des épaulards résidents du sud semblent être fortement associés à l'abondance de saumon quinnat. Ford et al. (2010b) ont montré une corrélation négative entre les taux de mortalité des épaulards résidents du sud et du nord et l'abondance du saumon quinnat sur une période de 25 ans, de 1979 à 2003. En particulier, une diminution marquée de l'abondance du saumon quinnat ayant persisté pendant 4 ans à la fin des années 1990 a été associée à des taux de mortalité jusqu'à 2 à 3 fois plus élevés que prévu, et a entraîné le déclin des 2 populations d'épaulards résidents. Ward et al. (2009) ont démontré un lien significatif entre l'abondance du saumon quinnat et les taux de reproduction de la population du sud.

La taille relativement grande du saumon quinnat et sa teneur élevée en lipides en font une proie très nutritive pour les épaulards résidents du sud, celle-ci offrant un gain calorique élevé par rapport à l'énergie dépensée pour la chasse (Ford et Ellis 2005, 2006). Le saumon quinnat a également été, historiquement à tout le moins, une proie abondante. Contrairement à de nombreuses espèces de poissons qui passent une grande partie de leur cycle de vie en haute mer, retournant seulement dans les eaux côtières pour le frai, le saumon quinnat est présent toute l'année dans les eaux côtières. Les épaulards semblent préférer le saumon quinnat de 4 à 5 ans, dont la masse corporelle moyenne est de 8 à 13 kg (Ford et Ellis 2005). Le saumon quinnat est considérablement plus gros que le saumon kéta adulte (de 4,0 à 5,5 kg), plus présent dans le régime alimentaire des épaulards à l'automne, et fait plus du double de la taille du saumon coho ou du saumon rose typique, dont ils se nourrissent rarement (Ford et al. 1998).

Abondance du saumon quinnat

L'abondance du saumon quinnat au Canada (Colombie-Britannique) comme aux États-Unis (États de Washington, de l'Oregon et de la Californie) a grandement diminué par rapport aux niveaux historiques, et de nombreuses populations sont en déclin. Par conséquent, de nombreux stocks, dont 10 des 17 stocks de saumon quinnat des États de Washington, de l'Oregon et de la Californie, sont inscrits comme menacés ou en voie de disparition aux termes de l'Endangered Species Act des États-Unis (National Wildlife Refuge 2004), ou considérés au Canada comme des stocks dont la conservation est préoccupante. L'abondance du saumon quinnat en Colombie-Britannique a chuté dans les années 1970 et 1980, mais le nombre d'échappées (nombre de poissons entrant dans les rivières pour migrer vers les zones de frai) a augmenté jusqu'au début des années 1990 dans certaines rivières. Cette augmentation est principalement attribuable à la production en écloserie et à la réduction des taux de récolte à la suite de la mise en œuvre du Traité sur le saumon du Pacifique en 1985 (Beamish et al 1997). Cependant, l'abondance de plusieurs de ces stocks a encore diminué de façon considérable au cours des 3 dernières générations (Riddell et al. 2013). Récemment, 7 unités de conservation (UC) du saumon quinnat du fleuve Fraser ont été désignées « Rouge » (niveau de préoccupation le plus élevé) et 2 autres « Ambre » (niveau de préoccupation plus faible) dans un processus d'application des catégories d'état en vertu de la Politique concernant le saumon sauvage en fonction de diverses mesures et d'indicateurs de l'état des stocks (MPO 2016b; Grant et Pestal 2013). Bien qu'on compte 15 UC reconnues dans le réseau hydrographique du fleuve Fraser, on ne disposait d'un ensemble suffisant de données pour l'évaluation que pour 11 d'entre elles. Durant les 12 à 15 dernières années, la plupart des groupes de saumon quinnat du fleuve Fraser ont vu leur nombre décliner, et l'aperçu pour le saumon quinnat à l'extérieur du fleuve Fraser n'a généralement pas montré d'amélioration soutenue depuis 1990 (MPO 2016b).

Dans l'État de Washington, les poissons d'écloserie représentent maintenant environ 75 % de tous les saumons quinnats pêchés, ce qui est préoccupant pour la diversité génétique et la productivité des populations de saumon quinnat (Mahnken et al. 1998, dans Wiles 2004). Les déclins de l'abondance du saumon quinnat en remonte printanière ont été particulièrement évidents dans la vallée du centre de la Californie, dans le fleuve Columbia (saumon quinnat printanier des eaux intérieures), et dans la baie Puget. Parallèlement avec le déclin de l'abondance, on a également observé des changements de la structure selon l'âge de nombreuses populations, c'est-à-dire des populations plus jeunes et des adultes plus petits. Outre la réduction de l'abondance du saumon quinnat, la taille et, par conséquent, la valeur nutritive des individus semble avoir diminué au cours des dernières décennies. Entre 1975 et 1993, un déclin de la masse moyenne du saumon quinnat pouvant atteindre 45 % a été observé dans 9 populations de la Colombie-Britannique à la Californie (Bigler et al. 1996). Par conséquent, le rendement nutritionnel de chaque saumon quinnat est considérablement moindre aujourd'hui qu'il ne l'était les dernières années, ce qui a un effet néfaste sur l'énergie consacrée à la quête de nourriture pour les épaulards résidents du sud (Krahn et al. 2004, 2002).

L'identification génétique des échantillons de proies indique que les épaulards résidents du sud chassant dans la mer des Salish et au large de la côte ouest de l'île de Vancouver se nourrissent principalement de saumon quinnat du réseau hydrographique du fleuve Fraser, mais aussi de certains stocks de la baie Puget et du sud-est de l'île de Vancouver (Ford et al. 2010b; Hanson et al. 2010b). Le réseau hydrographique du fleuve Fraser abrite la plus grande population reproductrice de saumon quinnat sur la côte ouest de l'Amérique du Nord. Des études sur le régime alimentaire des épaulards résidents du sud indiquent que les saumons quinnats provenant de différents stocks apparaissent dans le régime alimentaire des épaulards de manière approximativement proportionnelle à leur abondance relative (Ford et al. 2010b; Ford et al., sous presse; Hanson et al. 2010b).

En 2013, une étude photogrammétrique a évalué l'état corporel de 43 épaulards résidents du sud et a démontré un déclin de la condition corporelle de 11 d'entre eux, dont 7 jeunes femelles, par rapport à leur état de 2008, où 43 individus ont également été évalués. Dans l'étude de 2013, 12 épaulards résidents du sud ont été désignés comme gravides d'après les mesures de la largeur à partir de ces photos aériennes. Toutefois, seuls 2 de ces animaux ont par la suite été vus en compagnie d'un baleineau, ce qui laisse entendre que le mauvais état corporel est une cause probable (Fearnbach et al. 2015).

En 2017, un examen des recherches récentes sur les épaulards résidents du sud a été entrepris afin de détecter les signes de mauvais état corporel dans la population (Matkin et al. 2017). Cet examen portait sur les données probantes obtenues grâce aux données d'observation (identification photographique et mortalité), à la photogrammétrie aérienne, aux données d'autopsie et aux analyses hormonales à partir d'échantillons de matières fécales. Le groupe d'experts scientifiques indépendants qui a mené l'examen a conclu que plusieurs sources de données indiquaient le mauvais état corporel de certains épaulards résidents du sud, et que cela a été associé à la perte de fœtus, de baleineaux et d'adultes.

Mesures de rétablissement en réponse à cette menace

L'abondance du saumon quinnat En 2011 et 2012, le MPO a collaboré avec la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) américaine à une série de 3 ateliers scientifiques dans le cadre desquels on a rigoureusement examiné les renseignements disponibles sur les épaulards résidents du sud, leurs habitudes alimentaires et les effets potentiels de la pêche au saumon sur les épaulards résidents du sud, du fait de la diminution de l'abondance des proies. Un comité composé de scientifiques indépendants a été sélectionné pour superviser et participer au processus et produire un rapport documentant ses constatations (Hilborn et al. 2012). Ce rapport reconnaît l'abondance de recherches scientifiques sur les effets de la diminution de la disponibilité des proies sur la population, mais conclut qu'il faut faire preuve de prudence avant d'établir une lien de causalité dans la corrélation entre l'indice de l'abondance du saumon quinnat à l'échelle de la côte et la survie des épaulards résidents du sud. En outre, le groupe d'experts a indiqué que la réduction de la pêche au saumon quinnat sur l'ensemble de la côte ne mènerait pas nécessairement directement à une plus grande disponibilité pour les épaulards résidents du sud. Cet avis se fonde sur le recours des épaulards résidents du sud aux stocks du fleuve Fraser et à certains stocks de saumon quinnat de la baie Puget; une fermeture des pêches de saumon quinnat sur l'ensemble de la côte (une pêche de stocks mélangés) n'entraînerait donc pas nécessairement l'augmentation directe des stocks de saumon quinnat s'ils devenaient disponibles pour les épaulards résidents du sud. Les experts ont aussi fait remarquer que les augmentations de l'abondance des stocks de saumon quinnat pouvant résulter de la fermeture des pêches sur l'ensemble de la côte pourraient être annulées par la concurrence des épaulards résidents du nord, des phoques et des otaries.

Hilborn et al. (2012) ont fourni une série de recommandations concernant les futurs travaux qui ont été incluses à titre de mesures de rétablissement dans le plan d'action. Leurs recommandations mettent l'accent sur l'importance de l'évaluation continue de l'état corporel en tant qu'indicateur d'une disponibilité réduite des proies et sur la nécessité de déployer plus d'efforts pour déterminer le régime alimentaire hivernal de ces épaulards (Hilborn et al. 2012).

En 2005, le MPO a mis en place la Politique concernant le saumon sauvage (PSS) afin d'orienter la conservation et la gestion des espèces de saumon du Pacifique. La PSS a établi une méthode comportant la détermination et l'évaluation de l'état biologique des UC du saumon quinnat. Les UC ont été classées en fonction de leur état biologique, et le classement a été utilisé pour cibler les mesures de recherche et de gestion ultérieures. Par exemple, de nombreuses UC du saumon quinnat du réseau hydrographique du fleuve Fraser, ainsi que de nombreuses autres dans le sud de la Colombie-Britannique, ont été évaluées et se sont vu attribuer l'état biologique « zone rouge », ce qui indique un niveau élevé de préoccupation et le déclenchement d'une exigence en vertu de la PSS pour « évaluation immédiate des façons de protéger le poisson, d'accroître l'abondance et de réduire le risque de perte » (MPO 2016b).

Les stocks de saumon quinnat du sud de la Colombie-Britannique sont capturés non seulement dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, mais aussi dans les États de Washington et de l'Alaska. Le Traité sur le saumon du Pacifique (TSP) oblige le Canada et les États-Unis à mener des programmes des pêches et de mise en valeur, et prévoit une coopération bilatérale utile à la conservation de stocks importants visant la limitation des pêches. Le renouvellement de 2009 du TSP comprenait, par rapport à sa version de 1990, une réduction de 15 % des prises de saumon quinnat dans le sud-est de l'Alaska et de 30 % des prises sur la côte ouest de l'île de Vancouver pour les pêches dont la gestion est fondée sur l'abondance totale du saumon quinnat. Dans le cadre du cycle de renégociation de 10 ans, les deux pays renégocient les dispositions de la section concernant la pêche au saumon quinnat; le maintien des réductions des activités de pêche et d'autres modifications sont des éléments clés de la discussion. Le Comité technique sur le saumon quinnat de la Commission du saumon du Pacifique (CSP), chargé d'évaluer le régime de gestion, a relevé des déficiences dans les données sur un grand nombre de stocks, et celles-ci ont eu une incidence sur les évaluations de l'efficacité du régime de gestion (CSP 2016). Même si ces mesures de gestion, ainsi que l'élaboration et la mise en œuvre de la PSS sont en cours, leur effet positif sur les épaulards résidents du sud n'a pas encore été clairement établi. Il faut toutefois tenir compte du fait que la disponibilité des proies pour les épaulards résidents du sud aurait pu poser une menace encore plus grande sans ces mesures et ces efforts.

Le MPO a compilé 2 rapports de données pour soutenir l'évaluation actuelle du COSEPAC du saumon quinnat dans le sud de la Colombie-Britannique. Il a également lancé, en 2012, un processus de planification bilatérale avec les Premières Nations et d'autres collaborateurs intitulé Initiative de planification stratégique concernant le saumon quinnat du sud de la Colombie-Britannique. L'objectif général de cette initiative est l'élaboration d'un plan stratégique qui permettra de régler les difficultés auxquelles ces stocks font face, comme le fléchissement ou le déclin de l'abondance des reproducteurs, les taux de survie en eau douce et en mer réduits et variables, les pressions sur les habitats en eau douce, le taux de mortalité totale associé aux pêches, l'accroissement de la prédation et les effets écosystémiques des changements climatiques. Ce plan stratégique provisoire comprend 6 objectifs biologiques, dont l'un est particulièrement pertinent pour les épaulards résidents du sud, et offre un potentiel considérable afin de s'assurer de la disponibilité des proies pour cette population. Plus précisément, l'objectif : « Appuyer la contribution du saumon à la santé de l'écosystème » comprend deux objectifs secondaires précis : 1) s'assurer qu'il y a suffisamment de saumon quinnat après les pêches pour maintenir les populations de prédateurs dépendants du saumon quinnat; 2) s'assurer que les prises de saumon quinnat ne nuisent pas aux populations d'épaulards résidents. Les indicateurs et les mesures de rendement énoncées sont : 1) la sensibilité de la fécondité et du taux de croissance de la population d'épaulards résidents du sud aux taux actuels de prises de saumon quinnat; 2) les changements de la relation entre les mesures de la population d'épaulards résidents du sud et les indicateurs d'abondance du saumon quinnat. Même si ce document est toujours à l'état provisoire, l'inclusion de ces objectifs, indicateurs et mesures de rendement témoigne de la prise en compte de la relation entre l'abondance du saumon quinnat et les mesures de rétablissement pour les épaulards résidents du sud (tableau 2).

Seulement 2 des 98 mesures de rétablissement du plan d'action (nos 28 et 29) ciblent expressément le rétablissement des stocks de saumon quinnat au Canada. Un certain nombre d'efforts déployés à l'heure actuelle sont harmonisés à ces mesures (tableau 2). Au moins 4 autres mesures de rétablissement (nos 3, 9, 25 et 26) liées à la recherche pourraient appuyer la mise en œuvre de mesures améliorées de gestion des pêches (tableau 2). La mise en œuvre de ces mesures a été lancée ou est en cours; elle exige une étroite collaboration entre le personnel responsable de l'évaluation des stocks de saumon et les chercheurs sur les mammifères marins pour faire en sorte que les renseignements nécessaires soient disponibles aux fins d'intégration.

Disponibilité du saumon quinnat Les efforts initiaux visant à contrer la menace que pose la réduction de la disponibilité des proies visaient à démontrer l'existence d'une relation de cause à effet entre l'indice de l'abondance du saumon quinnat et le taux de mortalité des épaulards résidents du sud dans le but d'éclairer les mesures de gestion du saumon quinnat. Comme mentionné précédemment, peu de données probantes indiquent que la fermeture de la pêche du saumon quinnat le long de la côte réglerait la question de l'abondance des proies pour les épaulards résidents du sud. Toutefois, il serait probablement avantageux de mettre en place des réductions plus ciblées des prises de saumon quinnat, et des mesures visant à aborder la menace d'une réduction de la disponibilité des proies dans les principales zones d'alimentation sont actuellement à l'étude.

Un certain nombre d'activités récemment mises en œuvre au MPO pourraient donner des résultats mesurables pour les mesures de rétablissement nos 6, 7, 8, 10 et 27 qui se rapportent à la prise en compte des exigences en matière de proies pour les épaulards résidents du sud dans les décisions de gestion des pêches. La désignation des zones de chasse des épaulards résidents du sud a déjà été effectuée, et les pressions exercées par les activités de pêche dans ces zones sont actuellement évaluées. Les résultats de l'évaluation donneront aux gestionnaires l'occasion d'envisager des approches de planification stratégique de la pêche au saumon et des mesures de gestion offrant la probabilité la plus élevée d'accroître la disponibilité du saumon quinnat pour les épaulards résidents du sud aux endroits et aux moments où la chasse est le plus susceptible de se produire. Les facteurs à prendre en considération, comme les réductions des retraits de saumon quinnat par la modification ou la fermeture des zones de pêche, ou la modification des limites de rétention des prises seront axés sur les aires d'alimentation; une évaluation consécutive de l'efficacité de ces mesures de gestion sera effectuée.

À l'appui de ces mesures, des renseignements sur les épaulards résidents du sud, leur dépendance à l'égard du saumon quinnat et les menaces à leur survie ont été inclus dans le plan de gestion intégrée des pêches pour 2016-2017 (PGIP de 2016). Ainsi, le présent PGIP, qui établit les plans de gestion pour les pêches au saumon en Colombie-Britannique, constitue une étape importante vers l'intégration de la prise en considération des besoins des épaulards résidents du sud dans la gestion de la pêche du saumon quinnat (tableau 2), même s'il ne propose pas de mesures précises de gestion des pêches.

Efficacité des mesures

La plupart des recherches présentées ci-dessus sur la caractérisation de l'importance de la disponibilité du saumon quinnat pour les épaulards résidents du sud ont été menées avant 2003. Les résultats obtenus à ce jour confirment que cette espèce est la proie dominante pendant au moins la moitié de l'année, et montrent une corrélation entre la santé des épaulards résidents du sud et la disponibilité des proies. C'est ce qui a motivé l'évaluation des options de gestion pour appuyer le rétablissement de l'espèce. Des recherches sur ces sujets sont en cours (et comprises dans l'une des 13 mesures de rétablissement indiquées dans le tableau 2). À mesure que de nouvelles constatations se dégageront, elles continueront d'éclairer et d'orienter les mesures de rétablissement fondées sur la gestion.

Les mesures de gestion prises par le MPO pour réduire les pressions sur le saumon quinnat exercées par les prises sur la côte sud de la Colombie-Britannique et conserver les stocks essentiels de saumon quinnat du fleuve Fraser devraient profiter aux épaulards résidents du sud. On ne recense toutefois que très peu de preuves de la mise en œuvre de mesures de gestion appuyant directement la disponibilité du saumon quinnat pour les épaulards résidents du sud dans des aires d'alimentation clés. L'atelier transfrontalier dirigé par la NOAA (Hilborn et al. 2012) ainsi que plusieurs documents de recherche du Secrétariat canadien de consultation scientifique, qui évaluent les besoins en saumon quinnat des épaulards résidents du sud (p. ex., Ford et al. 2010b; Vélez-Espino et al. 2014a; 2014b) visent à éclairer les mesures de gestion. À ce jour, ils n'ont toutefois pas donné lieu à des mesures de gestion des pêches précises. Cependant, le récent changement d'approche, consistant à passer de l'accent sur l'abondance du saumon quinnat au soutien de la disponibilité du saumon quinnat dans les aires d'alimentation des épaulards résidents du sud a mené à la mise en place d'avis scientifiques à l'appui d'approches et de mesures de gestion stratégiques pour la pêche au saumon en vue de réduire la compétition subie par ces épaulards en raison de la pêche au saumon quinnat. En outre, le fait d'inclure des objectifs concernant les exigences en matière de proies des épaulards résidents du sud dans le plan stratégique intégré pour le saumon quinnat du sud de la Colombie-Britannique et la description de leurs besoins dans le PGIP pour le saumon représentent un certain progrès.

6.2 Perturbations acoustiques et physiques

Caractérisation de la menace

Les perturbations acoustiques et physiques causées par les navires sont étudiées ensemble ici, car il s'avère souvent impossible de savoir si l'effet néfaste sur les baleines est attribuable à la présence physique des navires (p. ex., faisant obstacle aux baleines) ou aux nuisances acoustiques (bruits sous-marins produits par les navires ou autres activités anthropiques qui masquent les signaux de communication et d'écholocalisation) ensemble ou séparément.

Les épaulards utilisent des signaux sonores pour communiquer, détecter leurs proies et obtenir des renseignements sur leur environnement. Ces animaux produisent un éventail de sons, y compris des clics d'écholocalisation pour chercher leur nourriture et se déplacer, et des signaux sous la forme d'impulsions ou de sifflements lorsqu'ils interagissent entre eux. On croit que la production de signaux d'appel joue un rôle important dans la dynamique sociale des groupes qui se déplacent et s'alimentent ensemble (Ford 1989). Les épaulards résidents semblent recourir très fréquemment à l'écholocalisation pour localiser et capturer leurs proies, même si leur vision joue aussi un rôle à très courte distance (Ford 1989; Barrett-Lennard et al. 1996). Des études sur la structure des clics d'écholocalisation et l'énergie acoustique des clics chez les épaulards résidents du nord donnent à penser qu'ils sont en mesure de détecter des saumons quinnats à des distances d'environ 100 m dans des conditions moyennes, et que cette distance diminue à mesure que le bruit ambiant sous l'eau augmente (Au et al. 2004).

On estime que les niveaux de bruit sous-marin ambiant (en arrière-plan) ont augmenté en moyenne de 15 dB (il convient de noter qu'une augmentation de 3 dB représente un doublement des niveaux de bruit) au cours des 50 dernières années dans les océans du monde (CNR 2003). Le bruit généré par les navires constitue la principale source de bruit ambiant entre 10 et 200 Hz; toutefois, ils produisent également une quantité importante de bruits plus aigus dans la gamme des fréquences audibles (de 600 Hz à 114 kHZ); les épaulards sont plus sensibles aux sons dont la fréquence se situe entre 5 kHz et 81 kHz Branstetter et al. 2017). Le bruit émis par les navires à des distances de moins de 3 km dans le passage relativement étroit du détroit de Haro, une zone fréquentée par les épaulards résidents du sud, monte dans les fréquences utilisées par les épaulards résidents du sud (Veirs et al. 2015). Il est largement reconnu que la navigation commerciale a considérablement augmenté au cours des dernières années. Actuellement, dans la mer des Salish, un grand navire circule en moyenne toutes les heures, tous les jours de l'année, et trois déplacements par heure sont observés pendant les périodes de pointe(Erbe et al. 2012; Williams et al. 2014a). Dans la mer des Salish, la navigation commerciale est la principale source d'énergie sonore globale, mais les plus petites embarcations (bateaux de pêche récréative et d'observation des baleines) contribuent grandement au bruit dans certaines sous-zones de la mer des Salish (ECHO 2016). On a apparié une année de données sur le trafic maritime et des enregistrements d'hydrophones dans la baie Puget en vue d'évaluer le bruit ambiant et de quantifier l'apport du trafic maritime à ce bruit. Le trafic des navires commerciaux représentait plus de 90 % du bilan énergétique acoustique et les porte-conteneurs constituaient la plus importante source de bruit (Bassett et al. 2012).

L'observation des baleines et les activités de navigation de plaisance ont aussi augmenté en raison de l'intérêt accru pour l'écotourisme et de l'accroissement de la population humaine sur les côtes de la mer des Salish. Les activités commerciales d'observation des baleines dans les portions canadiennes et américaines de la mer des Salish a augmenté, passant d'un petit nombre de bateaux dans les années 1970 à environ 80 bateaux en 2003 et à 100 bateaux en 2016. Cette estimation ne comprend pas les bateaux de plaisance (Holt 2017). Les bateaux non commerciaux comprennent les kayaks, les voiliers et les bateaux à moteur. Les activités d'observation des baleines peuvent perturber les mammifères marins à la fois par la présence et l'activité de tous les types d'embarcations et par l'augmentation des niveaux de bruits sous-marins générés par leurs moteurs (MPO 2011).

Les tendances relatives aux bruits aigus provenant des activités telles que le dragage, le forage ou le dynamitage dans l'habitat des épaulards résidents du sud ne sont pas examinées ici en raison du délai imparti pour réaliser cet examen.

Le bruit anthropique, qu'il soit chronique (p. ex. bruits associés à la navigation) ou ponctuel (p. ex. battage de pieux, dynamitage, levés sismiques et autres types de relevés hydroacoustiques, navigation) peut nuire à la capacité des épaulards résidents du sud de mener leurs processus vitaux. Ces perturbations sont associées à une diminution du succès de la quête de nourriture, au déplacement des animaux hors de leurs habitats d'alimentation préférés, au déplacement des proies et à des déficiences auditives temporaires ou permanentes (Barrett-Lennard et al. 1996; Erbe 2002, Bain 2002, NRC 2003, Au et al. 2004).

L'étude des effets du bruit sur les cétacés exige une modélisation complexe de la propagation du son et l'obtention d'information sur la sensibilité auditive des espèces. Erbe (2002) a modélisé le bruit de la circulation des bateaux d'observation des baleines à proximité des épaulards résidents du sud et a montré que le bruit des bateaux circulant à grande vitesse pouvait masquer leurs appels dans un rayon de 14 km, susciter une réaction comportementale dans un rayon de 200 m, et entraîner un déplacement temporaire du seuil (TTS) d'audition de 5 dB après 30 à 50 minutes dans un rayon de 450 m. La vitesse des bateaux constituait un facteur important pour déterminer la quantité de bruit généré. Le fait de réduire la vitesse, donc de diminuer le bruit, réduit la zone où les signaux sont masqués à un rayon de 1 km de l'embarcation. Toutefois, on compte habituellement de nombreuses embarcations à proximité des épaulards résidents du sud, on a donc constaté que les niveaux de bruit modélisés associés à un certain nombre de bateaux près des baleines se situent près du seuil critique de bruit censé causer une perte auditive permanente à la suite d'une exposition prolongée.

Depuis 2002, de nombreuses études ont mis en évidence des réactions comportementales et des changements dans les signaux acoustiques émis par les épaulards résidents du sud vivant dans la mer des Salish et s'y nourrissant, ce qui semble une forte indication d'une dépense d'énergie et d'un stress potentiel pour les épaulards résidents du sud associés à l'augmentation des niveaux de bruit. Plus précisément, les épaulards résidents du sud ont considérablement augmenté la durée de leurs appels en présence de navires ainsi que l'amplitude de leurs appels à mesure que le niveau de bruit de fond augmentait en raison du nombre de bateaux à proximité (Foote et al. 2004; Holt et al. 2009, 2011).

La plupart du temps, de mai à septembre, pendant les heures de clarté, des épaulards résidents du sud ont été observés à moins de 400 m de navires, en grande partie en raison de bateaux d'observation des baleines qui s'en approchent et les suivent. Des études sur le comportement des épaulards résidents du sud se trouvant à proximité de bateaux d'observation des baleines dans la mer des Salish montrent que les épaulards résidents du sud sont beaucoup moins susceptibles d'être en quête de nourriture et beaucoup plus susceptibles d'être en déplacement en présence de bateaux, et qu'ils se déplacent sur de courtes distances en raison de ces bateaux (Lusseau et al. 2009). Parmi les réactions comportementales aux approches de bateaux à courte distance, notons l'augmentation des comportements actifs à la surface, ceux-ci pouvant engendrer une plus grande dépense d'énergie (Noren et al. 2009).

La réaction des épaulards résidents du sud face aux navires est probablement attribuable à des perturbations acoustiques et également, dans les cas d'approches de petits bateaux, à des perturbations physiques. Williams et al. (2014b) estiment que dans les sites les plus bruyants des eaux canadiennes du Pacifique, les épaulards résidents du sud perdent jusqu'à 97 % de leur espace de communication acoustique dans les fréquences qu'ils utilisent pour les appels de communication sociale.

Selon un modèle de simulation d'exposition au son des épaulards fondé sur une modélisation de la propagation du son, un modèle comportemental dose-réponse (SMRU Consulting Canada 2014) et la publication d'audiogrammes d'épaulards, le bruit causé par les navires à l'échelle régionale dans la partie canadienne de la mer des Salish a probablement une incidence sur la capacité des épaulards résidents du sud à se nourrir. On estime que le temps de quête de nourriture perdu en raison des navires, tous types confondus, s'élève chaque jour à 20 % à 23 % par baleine. Les 2/3 de cette perte de temps sont réputés être attribuables aux réactions comportementales causées principalement par de grands navires (généralement de 500 tonnes ou plus); toutefois, les bateaux d'observation des baleines (embarcations plus petites) sont principalement responsables des autres bruits à haute fréquence sonore qui masquent les clics (RBT2 2013).

Mesures de rétablissement en réponse à cette menace

Au moins 12 mesures de rétablissement du plan d'action sont relativement immédiates et visent à atténuer les niveaux de bruit dans la mer des Salish, à évaluer les effets cumulatifs des projets de développement et des autres activités humaines et à réduire le niveau de bruit et la perturbation principalement attribuables à la circulation des bateaux d'observation des baleines grâce à l'éducation, à l'application de la loi et aux recommandations sur l'observation des baleines (tableau 2; p. ex., mesures de rétablissement nos 12, 31, 34, 35, 41, 10, 11, 13, 47, 49, 50 et 53).

Parmi ces mesures, 6 mesures de rétablissement (nos 31, 34, 47, 48, 49, 43) visant à résoudre le problème de l'augmentation du bruit ambiant provenant de la navigation dans la mer des Salish ont récemment connu un certain succès. En 2012, le Fonds mondial pour la nature a organisé un atelier visant à approfondir les connaissances sur le bruit généré dans l'océan le long de la côte du Pacifique. Cet atelier a permis de cerner des mesures, y compris l'établissement de niveaux de référence pour le bruit sous-marin et l'élaboration de scénarios de changements possibles, l'intégration des réseaux d'hydrophones et des recommandations en vue d'éclairer le choix de l'emplacement d'hydrophones supplémentaires ainsi que la formulation de recommandations de politiques d'atténuation du bruit (Heise et Alidina 2012). Depuis, le MPO a entrepris de faire l'inventaire des installations d'hydrophones sur toute la côte en guise de première étape à la mise en place d'un réseau d'hydrophones étalonnés dans les eaux canadiennes. Il s'agit d'une mesure de rétablissement définie.

On a analysé les données acoustiques provenant de la portion canadienne de la mer des Salish afin de déterminer les secteurs de déplacement des navires qui contribuent aux différents niveaux de bruit dans les différentes sous-régions. Cet effort continu vise à désigner les sous-régions où il est nécessaire d'atténuer le bruit pour les épaulards résidents du sud afin d'orienter les efforts d'atténuation (ECHO 2016).

L'Administration portuaire Vancouver Fraser a dirigé une initiative visant à mieux comprendre et gérer les répercussions des activités de navigation sur les cétacés en péril, en particulier les épaulards résidents du sud, tout le long de la côte sud de la Colombie-Britannique. Cette initiative s'intitule ECHO (Enhancing Cetacean Habitat and Observation). À long terme, le programme ECHO vise à définir des mesures d'atténuation qui donneront lieu à une réduction quantifiable des menaces potentielles pesant sur les baleines en raison des activités de navigation. Parmi les approches étudiées, notons la détermination des niveaux de bruit provenant des navires et l'élaboration de mesures d'atténuation comme l'établissement de zones de ralentissement volontaire, le nettoyage de la coque ou des mesures incitatives pour adopter des technologies d'insonorisation (p. ex., une réduction des frais de port) (Port de Vancouver 2017). Afin d'orienter le programme, des groupes consultatifs et des groupes de travail techniques comprenant des membres du MPO sont en place.

L'Administration portuaire Vancouver Fraser a également mis sur pied un groupe consultatif technique (GCT) pour améliorer la pertinence, la qualité et la rigueur des études d'évaluation environnementale qui seraient nécessaires pour le développement du Terminal 2 du banc Roberts proposé. Le GCT avait comme point de mire les épaulards résidents du sud. Les travaux du GCT ont mené, en partie, à l'estimation des pertes de temps pour la quête de nourriture et à une courbe dose-réponse des effets comportementaux attribuables au bruit (SMRU Consulting Canada 2014, ECHO 2016; RBT2 2013).

Le MPO possède une ligne téléphonique d'urgence activée 24 heures sur 24 (Programme d'intervention auprès des mammifères marins de la Colombie-Britannique/Observer, noter et signaler) pour signaler les incidents impliquant des baleines. La NOAA possède un système semblable, et permet également la production de rapports en ligne. Au Canada, la promotion des lignes directrices sur l'observation des baleines, des programmes de conformité volontaire en mer et des efforts concernant l'application de la loi sont en cours. Depuis 2003, 4 poursuites ont été intentées à l'endroit de personnes qui avaient causé des perturbations aux épaulards résidents au Canada. Aux États-Unis, on veille aussi à l'application de la réglementation sur l'observation des baleines. En vertu d'un règlement mis en œuvre en 2011 dans l'État de Washington, il est interdit aux navires de s'approcher à moins de 200 verges d'épaulards et de se trouver à moins de 400 verges de leur trajectoire. Au Canada, dans les directives de Respectez les baleines, on demande aux personnes qui utilisent des navires de demeurer à 100 m des baleines et de ralentir lorsqu'ils se trouvent à moins de 400 m de baleines, de se déplacer parallèlement à elles, et d'éviter de s'approcher à moins de 400 m de la trajectoire des baleines. De nouveaux règlements qui permettraient de mettre en application ces lignes directrices au Canada en vertu de la Loi sur les pêches sont en cours d'élaboration.

Efficacité des mesures

Les recherches mentionnées dans la caractérisation de la section sur les menaces ci-dessus sont en grande partie menées depuis 2003. Même si certaines études comportementales sur les épaulards résidents du nord (Williams et al. 2002a; 2002b) et la modélisation acoustique (Erbe 2002) faisaient partie de l'état des connaissances en 2003, il est évident que la recherche a mené depuis à une compréhension manifestement meilleure de cette menace qui continuera à éclairer et à orienter les mesures de rétablissement fondées sur la gestion.

Les mesures de rétablissement qui visent à modifier le comportement des navires de plaisance et d'observation des baleines au moyen de restrictions volontaires et de frais liés aux perturbations entraînant des condamnations (Canada), les restrictions réglementaires concernant les distances d'observation minimales des baleines (États-Unis) et les activités d'éducation et de sensibilisation ont augmenté au cours des dernières années. Ensemble, ces mesures mises en œuvre ont probablement eu un effet positif sur la modification du comportement des personnes à bord de petits bateaux sur l'eau, réduisant ainsi les perturbations acoustiques et physiques provenant de ces derniers. Cependant, leur efficacité collective, en matière de réduction mesurable du bruit ou des perturbations, est incertaine. L'efficacité pourrait être déduite à partir d'une estimation du nombre de bateaux situés à une certaine distance des épaulards durant l'été, chaque année, mais cette statistique n'a pas été trouvée en temps voulu pour cet examen. L'achèvement et la formulation du Règlement sur les mammifères marins du Canada en vertu de la Loi sur les pêches pourraient apporter une contribution exécutoire.

Les bruits sous-marins provenant des navires dans la mer des Salish sont élevés, mais des séries chronologiques quantitatives n'étaient pas disponibles au moment de cet examen démontrant une augmentation des niveaux de bruit sous-marins depuis 2003 ou pendant une période plus longue. Cependant, on peut en déduire que l'augmentation des bateaux d'observation des baleines, du trafic maritime et d'autres augmentations prévues des activités de navigation ont conduit à une augmentation des bruits sous-marins depuis 2003. Les mesures de rétablissement visant à atténuer le bruit provenant du trafic maritime dans la mer des Salish ont grandement évolué au cours des dernières années et étaient inexistantes en 2003. Ensemble, ces activités, surtout depuis 2012, ont permis d'acquérir une compréhension plus approfondie de la menace. Les efforts déployés par l'Administration portuaire Vancouver Fraser et son programme ECHO ont rassemblé des experts provenant de différents secteurs (MPO, milieu universitaire, entreprises de recherche et de développement et industrie du transport maritime, etc.; tableau 2) pour déterminer et préciser les mesures d'atténuation visant à réduire les bruits associés à la navigation maritime dans l'habitat des épaulards résidents du sud. Cependant, aucune mesure d'atténuation précise n'a encore été mise en œuvre.

6.3 Contaminants environnementaux

Caractérisation de la menace

La menace que représentent les contaminants environnementaux englobe les produits chimiques, en particulier les contaminants chimiques qui se bioaccumulent et les polluants biologiques. Ces derniers peuvent être des agents pathogènes qui pénètrent dans l'habitat des épaulards résidents du sud en provenance des eaux du ruissellement côtier et par les eaux usées provenant des zones urbaines et agricoles et possiblement par le transport atmosphérique. Ces deux catégories sont examinées séparément ci-dessous. La mer des Salish est entourée par l'augmentation du développement urbain et de l'industrialisation. Il existe des apports locaux, régionaux et mondiaux de contamination. Le problème est d'autant plus complexe que le Canada et les États-Unis ont des règlements différents pour répondre à cette menace transfrontalière, et une solution efficace nécessitera plus de collaboration et d'harmonisation.

Contamination chimique

Les épaulards sont vulnérables à l'accumulation de fortes concentrations de polluants organiques persistants (POP), car ce sont des animaux à grande longévité qui se retrouvent à un niveau supérieur de la chaîne alimentaire (Ross et al. 2000, 2002, Rayne et al. 2004; Ross 2006). Les POP sont persistants; ils se bioaccumulent dans les tissus adipeux et sont toxiques. Les proies des épaulards résidents, principalement le saumon quinnat, se nourrissent également dans les niveaux trophiques supérieurs du réseau trophique, et plusieurs stocks d'importance pour les épaulards résidents du sud se trouvent dans la mer des Salish et dans d'autres zones marines côtières pour une période considérable de leur cycle de vie.

Les POP comprennent d'anciens contaminants, comme les biphényles polychlorés (BPC) et le pesticide organochloré dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), qui ne sont plus largement utilisés dans les pays industrialisés, mais demeurent persistants dans l'environnement. Les POP connus comme les « douze substances les plus nocives » sont visés par les dispositions de la Convention de Stockholm qui ont pour but d'éliminer progressivement l'utilisation des produits chimiques de préoccupation mondiale. D'autres contaminants préoccupant actuellement comprennent les produits ignifuges que sont les les éthers diphényliques polybromés (PBDE), ainsi que les pesticides utilisés couramment.

BPC

Les concentrations moyennes totales de BPC chez les épaulards résidents du sud échantillonnés de 1993 à 1996 dépassaient largement celles mesurées chez les bélugas du Saint-Laurent très contaminés, Delphinapterus leucas (Ross et al. 2000). Les concentrations de BPC chez les épaulards résidents du sud à ce moment-là étaient bien au-dessus des niveaux associés à des effets toxiques chez les phoques communs et indiquent que les épaulards résidents du sud risquent de subir des effets nocifs pour la santé, notamment l'immunotoxicité, les troubles reproducteurs et les perturbations endocriniennes (Ross et al. 1996). Les BPC totaux dans les tissus des épaulards résidents du sud semblaient avoir diminué en 2004 et 2006 par rapport aux niveaux de 1993 à 1996. Cependant, les niveaux dépassent encore le seuil associé aux effets sur la santé chez les phoques communs (Krahn et al. 2007). Des échantillons de biopsie de graisse d'épaulards résidents du nord prélevés de 2003 à 2007 ont été analysés en vue d'étudier les effets des BPC sur les transcrits d'ARNm liés à la santé des épaulards; on a trouvé des augmentations associées aux BPC dans l'expression de cinq cibles géniques. Ces résultats indiquent que les BPC ont des effets physiologiques nocifs continus chez les épaulards résidents du nord et, par conséquent, cela est sans doute aussi vrai chez les épaulards résidents du sud (Buckman A. et al. 2011).

PBDE

Les ignifuges (PBDE) suscitent de nouvelles préoccupations importantes pour les épaulards résidents du sud (Ross 2006). Trois principaux types de PBDE sont utilisés dans des produits de consommation : le penta-BDE, l'octa-BDE et le déca-BDE. Des niveaux modérés de PBDE ont été observés dans 39 échantillons de biopsie prélevés sur des épaulards résidents du sud de 1993 à 1996. Les concentrations dans l'environnement ont augmenté de façon exponentielle au cours des années 2000. Le potentiel de perturbation endocrinienne (effets négatifs sur la reproduction, développement précoce, etc.) des PBDE a été établi chez les animaux de laboratoire, les poissons et les phoques. Les PBDE sont introduits dans le milieu marin par l'évacuation des eaux usées et les dépôts atmosphériques (Rayne et al. 2004; Ross et al. 2008; Ross et al. 2009).

Les concentrations actuelles et historiques de BPC et de PBDE ont été modélisées au niveau individuel pour les épaulards résidents du sud. Les concentrations totales de BPC ne devraient pas augmenter considérablement à la longue, mais les concentrations de PBDE sont susceptibles d'avoir augmenté au fil du temps et avec l'âge, avec un temps de doublement de 3 à 4 ans. Le groupe J, qui passe le plus de temps dans la mer des Salish, devrait présenter les concentrations les plus élevées de BPC et de PBDE (Mongillo et al. 2012).

Niveaux de contaminants chimiques chez le saumon quinnat

Contrairement aux autres saumons, de nombreuses populations de saumon quinnat demeurent dans les eaux côtières au cours de la phase océanique de leur cycle de vie, et elles ont une espérance de vie relativement longue par rapport à d'autres espèces de saumon. Ainsi, une exposition prolongée les rend plus sensibles à la pollution. Le saumon quinnat a généralement des concentrations plus élevées de toxines bioaccumulables persistantes que d'autres espèces de saumon du Pacifique (Mongillo et al. 2016).

Par exemple, de 97 à 99 % des BPC, des dibenzo-p-dioxines polychlorées (PCDD), des dibenzofurannes polychlorés (PCDF), du dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et de l'hexachlorocyclohexane (HCH) chez le saumon quinnat adulte en remonte dans le sud de la Colombie-Britannique ont été acquis pendant son temps passé dans la mer qui, dans le cas du saumon quinnat de type océanique, comprend les eaux marines côtières plutôt que l'habitat en haute mer. Les concentrations de POP les plus élevées (y compris les BPC, les PCDD, les PCDF et le DDT) et les concentrations de lipide les plus faibles ont été observées chez le saumon quinnat en remonte échantillonné près du bas Fraser et dans la baie Puget, près des rivières de destination. On sait que le saumon quinnat subit une perte de sa teneur en lipides liée à sa migration à mesure qu'il se rapproche de ses rivières natales, car il arrête de se nourrir durant cette période. La teneur en lipides la plus faible du saumon quinnat, à mesure qu'il se rapproche des rivières natales dans le sud de la Colombie-Britannique, pourrait amener les épaulards résidents du sud à augmenter de 50 % leur consommation de saumon par rapport aux épaulards résidents du nord afin d'obtenir une valeur calorique suffisante, ce qui accroît leur exposition à des polluants organiques persistants (Cullon et al. 2009).

Il a été suggéré que l'accumulation des POP et l'exposition à ceux-ci pourraient exacerber la mortalité des épaulards résidents du sud pendant les périodes de diminution de l'abondance du saumon quinnat en entraînant des carences nutritionnelles (Lundin et al. 2016). Dans de telles conditions, les épaulards résidents du sud devraient probablement gagner de l'énergie en mobilisant leurs réserves de graisse (lard), ce qui permettrait également de libérer les BPC devant être métabolisés. Cela pourrait mener à une hausse des enzymes hépatiques qui sont liés à des effets nocifs sur la reproduction et la fonction immunitaire.

Mesures de rétablissement en réponse à cette menace

Il existe un certain nombre de mesures de rétablissement pouvant entraîner une réduction relativement immédiate de la menace (p. ex., mesures de rétablissement 73, 74, 79, 80). Bien que certaines d'entre elles aient été amorcées, d'autres ne l'ont pas été.

Le Gouvernement du Canada a pris de nombreuses mesures pour réduire les rejets de certains contaminants. Des interdictions réglementaires sur certains produits chimiques, des mises à jour aux règlements et de nouveaux règlements concernant l'élimination et les décharges d'eaux usées ont été mises en place, certaines avant 2003, d'autres après 2003. Ces questions sont abordées ci-après et comprennent les activités qui s'harmonisent avec la plupart des mesures de rétablissement énumérées associées à cette menace.

Par exemple, le DDT a été largement limité au Canada et aux États-Unis dans les années 1970, et son utilisation a été entièrement interdite au cours des années 1980. La production de BPC a été interdite en Amérique du Nord dans les années 1970, bien qu'il soit encore utilisé à des fins industrielles et commerciales dans des applications fermées (p. ex. dans les transformateurs et condensateurs); toutefois, il est sévèrement réglementé partout en Amérique du Nord (Grant et Ross 2002). Bien que ces interdictions aient été mises en place bien avant 2003, le taux de décomposition des BPC est particulièrement lent; par conséquent, des améliorations découlant de cette interdiction continuent à se produire avec le temps.

La production, l'utilisation et l'importation de plusieurs contaminants préoccupants, dont les PBDE (exception faite des produits manufacturés), les biphényles polybromés, le sulfonate de perflurooctane, les alcanes chlorés à chaine courte, les tributylétains, les polychloronaphtalènes, et les polychloroterphényles sont interdits au Canada en vertu du Règlement sur certaines substances toxiques interdites (2012) de la LCPE.

En ce qui a trait aux dioxines, aux furanes, aux hydrocarbures aromatiques polycycliques, au mercure, au plomb, au cadmium et au cuivre, le Gouvernement du Canada a mis en place un certain nombre de mesures visant à réduire l'émission de ces contaminants.

Pour ce qui est des nonylphénols et ses produits éthoxylés, le Gouvernement du Canada a publié un avis de planification de la prévention de la pollution pour les usines de textile qui utilisent des procédés de traitement au mouillé et les importateurs de produits de nettoyage qui a eu pour effet de réduire de 99.99% et 96% respectivement l'utilisation des nonylphénols et ses produits éthoxylés .

Quoique certaines de ces actions aient été prises bien avant 2003, étant donné la nature persistante de plusieurs de ces substances, des améliorations sont à prévoir au fil du temps.

À l'échelle internationale, le gouvernement du Canada collabore avec d'autres pays pour réduire au minimum l'exposition aux contaminants provenant de sources étrangères. Il s'agit notamment des travaux en vertu de la Convention de Stockholm qui vise à interdire les POP, dont bon nombre sont décrits à l'annexe 2 du programme de rétablissement (MPO 2011) et des travaux en vertu de la Convention de Minamata (ratifiée par le Canada en 2017) sur le mercure qui vise à protéger la santé humaine et l'environnement contre les effets nocifs du mercure. Le Canada a ratifié la Convention de Stockholm en 2001; toutefois, les travaux en vertu de la Convention sont en cours pour faire face aux polluants organiques persistants.

Au Canada, Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et Santé Canada (SC) sont tous deux responsables de l'évaluation du rendement en matière de réglementation qui vise à déterminer l'efficacité des règlements. Par exemple, en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) (LCPE 1999), de deux à trois millions de tonnes de substances sont éliminées dans des sites dédiés du milieu marin. Le seuil d'intervention de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement pour l'élimination du matériel potentiellement contaminé en mer a été jugé trop élevé pour protéger les épaulards en raison de la nature bioaccumulable des BPC (Lachmuth et al. 2010). Par conséquent, en 2011-2012, l'ECCC a élaboré des procédures normales d'exploitation avec le MPO afin de traiter tous les risques supplémentaires liés au dragage ou à l'élimination dans l'habitat essentiel des épaulards résidents. Des limites plus restrictives du BPC concernant les concentrations dans les sédiments ont par la suite été introduites, à partir de la modélisation qui prenait compte de la bioaccumulation (Alava et al. 2012). Les BPC ayant été largement interdits au cours des quarante dernières années, les concentrations dans les sédiments diminuent lentement ou sont enfouies par le dépôt de sédiments. Par conséquent, les limites plus restrictives ainsi que l'enfouissement des sédiments contaminés avec des sédiments plus propres peuvent servir à réduire l'exposition aux anciennes sources de BPC (Lachmuth et al. 2010).

Des améliorations apportées à la protection de la qualité de l'eau ont été introduites au Canada en 2012 avec l'entrée en vigueur du Règlement sur les effluents des systèmes d'assainissement des eaux usées (RESAEU) (gouvernement du Canada 2012). Le RESAEU établit les normes réglementaires minimales sur la qualité des effluents à respecter au moyen du traitement secondaire des eaux usées. La norme la plus stricte exigée conduira au retrait de plus de 95 % de la masse totale des polluants classiques dans les eaux usées. D'importantes quantités de polluants non classiques et de bactéries potentiellement présentes seront également éliminées grâce à ce type de traitement. Le RESAEU établit le calendrier au terme duquel les installations de traitement des eaux usées doivent respecter les nouvelles normes. Les systèmes d'assainissement des eaux usées dont le risque de contaminer l'environnement est jugé élevé doivent être conformes aux normes de qualité d'ici 2020, les installations à risque moyen, d'ici 2030, et celles à faible risque, d'ici 2040.

Les recherches visant à appuyer le RESAEU comprenaient une étude qui analysait les congénères de PBDE et sa concentration dans 20 usines de traitement des eaux usées au Canada. Le profil des congénères de PBDE dans les influents qui en découle a permis de fournir un point de référence pour la surveillance future des PBDE dans les eaux usées en fonction duquel l'efficacité de la réglementation de 2012 sera évaluée. Les résultats de l'étude ont également fourni des recommandations opérationnelles afin d'atteindre des pourcentages plus élevés d'élimination des PBDE dans les eaux usées (Kim et al. 2013).

Le Groupe national consultatif sur les contaminants du MPO s'est engagé pour l'étude suivante qui fournira des renseignements clés sur les concentrations de contaminants chez les épaulards résidents du sud et sur les effets sur la santé à l'aide de techniques génomiques :

Évaluation des risques pour la santé des épaulards (Orcinus orca) posés par les contaminants émergents : établissement des priorités pour soutenir le rétablissement. Dirigée par Frank Gobas et Peter Ross

Dans l'État de Washington, le Department of Ecology a entrepris une évaluation et a déterminé les principales sources de plusieurs polluants chimiques présents dans la baie Puget, notamment les BPC, comme une étape clé en vue de réduire cette menace (Ecology and King County 2011).

La Loi sur les PBDE (RCW 70.76) de 2008 de Washington impose des restrictions sur l'utilisation des PBDE dans les produits vendus dans l'État de Washington. Les fabricants de penta-BDE et d'octa-BDE ont volontairement cessé la production en 2004. Les fabricants de déca-BDE ont accepté de mettre un terme à la fabrication, à l'importation et aux ventes de déca-BDE à la fin de 2012. En 2013, les entreprises américaines ont dû cesser progressivement la production et l'utilisation de déca-BDE (USEPA 2010a). Le déca-BDE a été interdit aux États-Unis dans les téléviseurs, ordinateurs et meubles résidentiels rembourrés à compter du 1er janvier 2011.

Une série d'ateliers organisés par la National Oceanic and Atmospheric Administration et l'Environmental Protection Agency a eu lieu en 2013; les thèmes abordés comprenaient la modélisation des PBDE dans la baie Puget et la nécessité d'établir un seuil toxicologique des PBDE pour les épaulards résidents du sud. Des lacunes dans les connaissances liées à l'établissement de ce seuil ont été déterminées, et des recommandations ont été formulées pour la réalisation de recherches futures (Gockel et Mongillo 2013).

Efficacité des mesures

Les mesures présentées ci-dessus indiquent des étapes collectivement positives pour atténuer la menace d'au moins quelques contaminants chimiques dans le milieu marin, et la plupart de ces mesures s'harmonisent avec bon nombre des mesures de rétablissement associées à cette menace. Bien que l'interdiction concernant les DDT et les BPC semble avoir été semblable dans les deux pays et qu'elle ait réussi à réduire ces contaminants dans l'environnement de façon générale, la restriction concernant les PBDE semble différer entre le Canada et les États-Unis. Néanmoins, dans l'ensemble, les règlements ont probablement réduit l'accumulation dans le milieu marin d'au moins quelques PBDE. En 2008 le Canada a interdit la fabrication (mais pas l'utilisation) de tous les congénères de PBDE, ainsi que l'utilisation, la vente, la mise en vente et l'importation de certains PBDEs, de même que les mélanges, polymères et résines en renfermant. En 2016, l'interdiction des PBDEs a été élargie à la production, l'utilisation, la vente, la mise en vente et l'importation de tous les produits renfermant des PBDEs, à l'exception des produits manufacturés. Les États-Unis, en revanche, semblent avoir mis l'accent sur l'interdiction de la fabrication de trois congénères et avoir pris des mesures supplémentaires pour interdire l'utilisation, et non seulement la fabrication, de l'un de ces congénères, le déca-BDE, en 2013.

On pense que les PBDE rejoignent le milieu marin principalement par l'intermédiaire des eaux usées et de l'écoulement. Dans la baie Puget, par exemple, les PBDE se trouvent en quantités importantes dans les rejets d'eaux usées (~ 25 à 38 % du chargement total de PBDE dans la baie Puget [Gockel et Mongillo 2013]). Bien que le Canada n'ait pas complètement interdit l'utilisation des PBDE, son règlement sur les eaux usées établi des normes concernant la qualité des eaux usées qui doivent être mises en œuvre d'ici 2020 pour les installations à risque élevé, 2030 pour les installations à moyens risques, et d'ici 2040 pour les installations à risque faible. À mesure que les systèmes de traitement des eaux usées sont améliorés pour rencontrer ces normes dans les décennies à venir, on s'attend à une réduction des rejets de PBDEs dans l'environnement marin. Cependant, il convient de noter qu'une conformité totale n'est pas prévue avant 2040.

Il existe un certain nombre de mesures de rétablissement qui permettraient d'appuyer la réduction des polluants chimiques (p. ex., mesures de rétablissement no 66, 68, 69, 70, 71, 75, 76, 77, 78, 97), mais peu semblent avoir été amorcées au Canada (tableau 2). Plus précisément, il n'existe pas, à ce jour, de plan d'intervention en cas de déversement d'hydrocarbures au Canada spécialement pour les mammifères marins, notamment les épaulards résidents du sud ou leur habitat. Cependant, à proximité, l'État de Washington a élaboré et adopté un tel plan. Aux États-Unis, des efforts ont été déployés pour déterminer les sources des POP qui sont préoccupants pour les épaulards résidents du sud et pour essayer d'élaborer des seuils toxicologiques concernant les niveaux de PBDE chez les épaulards résidents du sud (voir Ecology and King County 2011 et Gockel et Mongillo 2013).

En fin de compte, une mesure de l'efficacité est la réduction du niveau des contaminants dans les réseaux trophiques marins. Les épaulards résidents du sud sont des animaux qui ont une longue espérance de vie. Par conséquent, une diminution de la charge corporelle des POP qui se bioaccumulent n'est pas prévue pendant des décennies dans la même cohorte d'animaux. Hickie et al. (2007) ont modélisé les estimations des concentrations de BPC chez les épaulards résidents du sud, de 1930 à 2030, et ont estimé que les concentrations de BPC chez les épaulards résidents du sud ne se trouveraient pas en dessous du seuil de concentration associé à l'apparition d'effets toxiques (17 mg/kg) chez les mammifères marins au moins jusqu'en 2063. Ils ont conclu que, malgré l'adoption de règlements et les limitations des sources concernant les BPC dans les années 1970, ces mammifères aquatiques à grande longévité ne sont pas protégés par les recommandations canadiennes ou américaines actuelles sur les résidus de BPC dans l'alimentation, car les concentrations de BPC chez le saumon quinnat auraient également besoin de diminuer. Les niveaux de contaminants, toutefois, chez les prédateurs de niveau trophique supérieur qui vivent moins longtemps, comme le phoque commun, révéleront les tendances récentes en matière de contamination de la chaîne alimentaire. Les concentrations de BPC chez les phoques communs, dans la mer des Salish, ont diminué de 81 % entre 1984 et 2003. Cette constatation n'est pas surprenante, compte tenu de l'interdiction antérieure concernant les BPC. Les concentrations totales de PBDE qui ont doublé tous les 3,1 ans entre 1984 et 2003, ont semblé diminuer en 2009, ce qui reflète peut-être le retrait des penta- et octa-BDE du marché aux États-Unis en 2004, avec pour conséquence une réduction de leur rejet dans les eaux côtières (Ross et al. 2013).

Ainsi, il semble que les concentrations de BPC dans la chaîne alimentaire marine de l'habitat des épaulards résidents du sud ont diminué en grande partie en raison des mesures prises avant 2003. Les modifications apportées aux lignes directrices en matière d'immersion en mer en 2011 au Canada, en ce qui a trait aux BPC, devraient avoir un effet positif, même si, au moment du présent examen, on ne sait pas s'il existe des preuves d'une tendance toujours à la baisse. Les mesures visant à limiter l'utilisation des PBDE qui ont été prises dès 2004 aux États-Unis et qui sont entrées en vigueur au Canada en 2008 et en 2012 devraient avoir un effet de réduction, mais au moment de cet examen, il n'est pas certain que les tendances à la baisse signalées par Ross et al. (2013) se poursuivent.

Polluants biologiques

Caractérisation de la menace

Les polluants biologiques, notamment les agents pathogènes et les bactéries résistantes aux antibiotiques attribuables aux activités humaines, peuvent également menacer la santé des épaulards résidents du sud, la salubrité de leur habitat ou la santé de leurs proies. En raison de la petite taille de la population d'épaulards résidents du sud et de la nature sociale grégaire de ces animaux, l'introduction d'un agent pathogène très virulent et transmissible a le potentiel d'avoir une incidence catastrophique sur la viabilité à long terme de la population par la diminution du succès de la reproduction et de la survie (Gaydos et al. 2004). De plus, bien que l'âge puisse être un facteur de confusion, il a été suggéré qu'il existe une association entre l'exposition des cétacés à des BPC et leur mortalité en raison de maladies infectieuses (O'Hara et O'Shea 2001). Les agents pathogènes et les bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent entrer dans le milieu marin au moyen des ruissellements côtiers et des rejets d'eaux usées.

Un certain nombre de mesures de rétablissement ont été proposées qui consistent à réduire ou à atténuer les rejets de polluants biologiques dans l'habitat. Certains sont en cours, d'autres ne le sont pas (p. ex., mesures de rétablissement 67, 81, 82, 59, 65) (tableau 2). Le Règlement sur les effluents des systèmes d'assainissement des eaux usées (RESAEU) du Canada de 2012 exigera que toutes les installations de traitement des eaux usées soient conformes aux normes de qualité des effluents d'ici 2040. Cela devrait permettre de réduire considérablement les rejets de polluants biologiques, ce qui correspond à l'une des mesures de rétablissement énoncées dans le plan d'action. Les installations à plus haut risque devront être conformes d'ici 2020.

Plusieurs mesures qui comprennent la surveillance et la détermination des tendances des polluants biologiques chez les épaulards résidents du sud sont en cours dans le cadre de programmes courants à long terme. À l'heure actuelle, la plupart des efforts sont axés sur la surveillance de la mortalité liée à des agents pathogènes et à des maladies chez les épaulards résidents du sud et d'autres mammifères marins échoués qui vivent dans la même région. L'émergence de nouveaux agents pathogènes sera détectée dans le cadre de ces efforts. Des protocoles de nécropsie normalisés et un dépistage des maladies ont été élaborés pour la Colombie-Britannique et Washington. Cette surveillance aidera également à détecter les polluants biologiques.

Efficacité des mesures

Au moment du présent examen, il n'y a pas d'indication que la menace que représentent les polluants biologiques ait été réduite, mais il semble qu'ils ne soient pas aussi préoccupants que les polluants chimiques. Néanmoins, la conformité des installations canadiennes de traitement des eaux usées pourrait aider à réduire cette menace lorsque les mesures entreront en vigueur. La surveillance continue de la santé au moyen des nécropsies d'épaulards résidents du sud morts continuera d'être importante pour détecter les nouveaux polluants biologiques.

6.4 Collisions avec des navires

Les déplacements rapides de gros navires peuvent représenter un risque de collision pour les baleines, et même les épaulards. La mortalité récente de J34, un mâle dans la fleur de l'âge, mort de traumatismes contondants, met l'accent sur cette menace. La très petite taille de la population d'épaulards résidents du sud et le faible nombre de mâles et de femelles dans la fleur de l'âge qui appuient le potentiel de reproduction et la diversité génétique de la population signifient qu'une menace capable de supprimer un animal aura des conséquences importantes. Il n'existe pas de mesures de rétablissement précises pour contrer cette menace, car elle n'a pas été désignée comme une menace au cours de la planification du rétablissement; les recommandations en ce sens sont énoncées à la section 8 du présent examen.

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