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Document de recherche 2014/007

Évaluation du potentiel de rétablissement de la population de saumons de l'Atlantique (Salmo salar) de l'extérieur de la baie de Fundy : considérations liées à l'habitat

Par T.L. Marshall, C.N. Clarke, R.A. Jones, et S.M. Ratelle

Résumé

Le présent document porte sur les considérations liées à l'habitat pertinentes pour l'élaboration de l'évaluation du potentiel de rétablissement du saumon de l'Atlantique de l'unité désignable 16 (UD 16) de l'extérieur de la baie de Fundy par Pêches et Océans Canada. Ces considérations comprennent : les exigences en matière de résidence et d'habitat, l'étendue spatiale de l'habitat, les contraintes spatiales, la qualité de l'habitat, les options pour l'attribution de l'habitat et les recommandations en matière de recherche.

Le saumon de l'Atlantique adulte a besoin d'un débit fluvial approprié et d'un accès sans obstacle aux frayères ainsi que de bassins de retenue, de substrats de gravier et de galets de forte taille pour pondre. Les œufs, les alevins et les juvéniles ont besoin d'eau propre, non contaminée, avec un pH généralement supérieur à 5,3 pour une croissance adéquate, de même qu'un débit d'eau constant et continu et des zones avec une couverture convenable pendant l'hiver et l'été pour faire face à des températures extrêmes. Les saumoneaux ont besoin d'une eau à la température appropriée, d'une photopériode et d'un débit fluvial adéquats en guise de signaux pour la migration, de même que d'un accès sans obstacle sur toute la longueur du cours d'eau. Dans le milieu marin, les saumons de l'Atlantique immatures et matures ont besoin d'avoir accès à un nombre suffisant de ressources en proies pour soutenir une croissance rapide.

On estime que 49,7 km² d'habitat productif sont accessibles au saumon de l'Atlantique à l'intérieur de l'UD 16, dont 81 % sont situés au Canada. De la zone répartie entre le Canada et les États-Unis, 90 % se trouvent dans le bassin du fleuve Saint-Jean et 10 % sont attribués à dix bassins plus petits vers l'ouest, y compris les eaux limitrophes de la rivière Ste-Croix entre le Canada et les États-Unis. Dans le bassin du fleuve Saint-Jean, 21,5 km² se trouvent en amont et 23,2 km² en aval du barrage de Mactaquac. Dans le cours principal du bassin du fleuve Saint-Jean, l'habitat sous l'influence des marées fait 140 km de longueur et l'habitat estuarien (inclus dans la partie soumise aux marées) environ 60 km. L'habitat marin s'étend de la baie de Fundy et du golfe du Maine jusqu'aux côtes atlantiques de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve, du Labrador et du Groenland, y compris la mer du Labrador.

La partie supérieure de l'habitat productif accessible (21,5 km²) du fleuve Saint-Jean est fragmentée dans la zone de compétence canadienne par quatre grands barrages hydroélectriques (Mactaquac Beechwood, Tinker et Tobique Narrows) et par des bassins d'amont. Dans chacun d'entre eux, des dispositions ont été prises pour le passage du poisson vers l'amont, mais pas vers l'aval. Trois barrages et réservoirs (bassins d'amont/réservoirs) avec des passes à poissons vers l'amont, mais la plupart du temps sans installations pour le passage vers l'aval, entravent l'accès des saumons à la plus grande partie de l'habitat dans la rivière Ste-Croix. Un barrage avec une déviation vers l'aval et une passe migratoire avec bassin en gradins inefficaces est situé à la limite extrême des eaux de marée sur la rivière Magaguadavic.

La qualité de l'habitat d'eau douce est principalement évaluée en fonction du taux d'abondance actuel des juvéniles aux sites de pêche à l'électricité et, dans une moindre mesure, en fonction de la disponibilité des déclivités de cours d'eau mesurées à partir de cartes orthophotographiques. Il est difficile d'évaluer quelle sera la qualité de l'habitat à l'avenir en réponse aux objectifs de rétablissement fondés sur des critères biologiques, en raison de l'augmentation de la température des cours d'eau et de la diminution de leur débit, des nouveaux écosystèmes et des communautés de poissons établies dans les bassins d'amont et dans certaines rivières et des poissons évadés des établissements aquacoles. Ces éléments ajoutent de nouvelles incertitudes à la prédiction ou à la mesure du succès sans tenir compte des nouvelles normes relatives à l'abondance des juvéniles et, possiblement, des modifications apportées aux exigences actuelles en matière de conservation.

Les options pour l'attribution de l'habitat « important » supposent que les barrages hydroélectriques et l'élevage en parcs en filet se poursuivront. De même, il est probable que les effets du changement climatique, de l'urbanisation, de la foresterie et de l'agriculture, ainsi que la propagation et l'augmentation de l'abondance des prédateurs de saumons en eau froide non indigènes augmenteront et que, par conséquent, on constatera une diminution de l'habitat propice du saumon. Dans cette optique, les critères d'établissement des priorités pour l'habitat important respectent en grande partie les critères élaborés pour les objectifs de rétablissement liés à la répartition et favorisent l'habitat qui est accessible, productif et, dans la mesure du possible, épargné par les effets des menaces connus. L'établissement des priorités doit, dans la mesure du possible, chercher à protéger un échantillon des caractéristiques et de la répartition géographique de la population actuelle, dans le mince espoir que la solidité et le potentiel d'adaptation des populations seront préservés pour la persistance et le possible rétablissement de l'espèce.

Les recommandations des recherches sont fournies dans la détermination de l'habitat important ou gérable pour le maintien ou le rétablissement du saumon.

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