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Document de recherche 2013/127

Un modèle de population Bayésien structuré par âge pour le beluga (Delphinapterus leucas) de l’estuaire du Saint-Laurent

Par Arnaud Mosnier, Thomas Doniol-Valcroze, Jean-François Gosselin, Véronique Lesage, Lena Measures, Mike Hammill

Résumé

La population de beluga de l’estuaire du St. Laurent (ESL), a été décimée par une chasse intensive passant de 5000-10000 individus à la fin de des années 1800 à quelques centaines en 1979 lors qu’elle fut protégée en vertu de la Loi sur les Pêches. Le faible estimé d’abondance obtenu par le relevé photographique effectué en 2009 et les fortes mortalités observées en 2008, 2010 et 2012 ont soulevé des préoccupations quant au statut du béluga de l'ESL. Un modèle Bayésien hiérarchique structuré par âge a été utilisé pour décrire la dynamique de la population de bélugas de l’ESL et examiner l’évolution de ses effectifs. Le modèle inclut des données sur l’effectif de la population et sur la proportion de jeunes obtenus à partir de 8 inventaires aériens photographiques réalisés entre 1988 et 2009, et les mortalités de nouveau-nés et d’individus plus âgés documentées à travers un programme de suivi des carcasses couvrant la période 1983 à 2012. Les résultats suggèrent que la population était stable ou en légère croissance de la fin des années 1960 jusqu’au début des années 2000. Estimée alors à environ 1000 bélugas, elle aurait commencé à décliner depuis lors jusqu’à atteindre 889 individus (95%IC 672-1167) en 2012. Pour expliquer ce déclin, le modèle suggère d’importants changements dans les paramètres de la dynamique de la population et dans sa structure d’âge, passant d’une période stable (1984-1998) caractérisée par un cycle reproducteur de 3 ans, une population composée de 42 % d’individus immatures et 7,5 % de nouveau-nés, à une situation instable (1999-2012) montrant un cycle reproducteur de 2 ans, et une proportion décroissante de nouveau-nés et d’individus immatures (respectivement 6 % et 33 % en 2012) associée à une forte mortalité des nouveau-nés. Des indices d’abondance et des observations de la variation interannuelle de la production de veaux et de la structure d’âge provenant de sources indépendantes, montrent des tendances similaires à celles prédites par le modèle, renforçant notre confiance dans ses conclusions. L’absence de rétablissement, la forte mortalité adulte (6 %) et la survie très variable des nouveau-nés pourrait être les signes d’une population limitée par les ressources de son environnement, et de ce fait très sensible à la variabilité du climat et à ses effets indirects sur l’écosystème.

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