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Document de recherche 2006/012

Pour une délimitation des unités de conservation du saumon atlantique dans l’est du Canada

Par O’Reilly, P.

Résumé

La saumon atlantique (Salmo salar) est la seule espèce de son genre qui soit naturellement présente (non introduite) dans l’est du Canada. Au cours de la phase d’eau douce de son cycle biologique, l’espèce a déjà occupé la plupart des cours d’eau de la côte atlantique du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’île du Prince Édouard, de l’Ontario, du Québec et de Terre Neuve, à partir de la frontière du Maine et du Nouveau Brunswick dans le sud jusqu’à la baie d’Ungava au nord. Cette vaste aire de répartition comporte plusieurs grandes zones régionales aux caractéristiques variables sur les plans du relief, des sols, des détails hydrographiques, de la végétation et du climat. L’habitat varie également dans ces zones, les cours d’eau avoisinants affichant aussi des différences quant au gradient, à la distance maximale jusqu’à l’embouchure, au substrat rocheux, au pH, à la température, aux prédateurs, à la disponibilité des proies, etc. Certaines différences phénotypiques ont été observées chez les saumons de différents endroits et parmi les saumons de cours d’eau avoisinants, probablement en réaction aux différents milieux d’eau douce occupés par les jeunes. Dans certains cas, les différences peuvent correspondre à la plasticité phénotypique induite par le milieu, mais dans d’autres, les variations observées représenteraient une adaptation à des conditions locales. Dans l’ensemble, cependant, on connaît peu de choses sur l’existence et la répartition des différences d’origine génétique dans le cycle biologique et les traits morphologiques du saumon atlantique de l’est du Canada, et encore moins à propos de l’importance des différences observées sur le plan de l’adaptation.

L’analyse des marqueurs génétiques moléculaires neutres peut aider à élucider les tendances et l’étendue de la structure génétique, et peut contribuer à mesurer la quantité d’échanges de gènes entre saumons de différents endroits; cette information est utile pour évaluer le potentiel cumulatif des différences adaptatives et peut servir à déterminer le lignage des saumons. Bien que plusieurs études publiées aient été menées sur les variations génétiques moléculaires neutres notamment de populations de saumon atlantique de l’est du Canada, la plupart d’entre elles portent uniquement sur un ou deux cours d’eau de quelques régions et elles ont une portée et une utilité limitées pour ce qui est de résoudre les questions de biodiversité aux fins de la conservation. Toutefois, une analyse à grande échelle de multiples loci d’alloenzymes a été réalisée et il existe aussi une couverture à petite échelle des Maritimes pour plusieurs catégories de marqueurs moléculaires.

Un certain nombre de méthodes ont été mises au point pour catégoriser la biodiversité au sein des espèces aux fins de la conservation. Bon nombre d’entre elles comportent des démarches semblables et font appel à des séries de données qui se recoupent largement pour délimiter les unités de conservation (CU), définies dans le présent document comme des « groupes d’individus susceptibles d’afficher des caractéristiques d’adaptation uniques, qui sont largement isolés des autres groupes sur le plan de la reproduction et qui peuvent représenter une composante importante de la biodiversité d’une espèce ». Dans d’autres cas, toutefois, d’autres méthodes ont recours à différents types d’information ou utilisent la même information ou une information semblable de différentes façons, avec des résultats vraisemblablement très différents. Ici, nous recommandons une méthode précise commune pour tenter de déterminer les UC, mais nous établissons aussi le bien-fondé de l’évaluation des groupes candidats à l’aide de plusieurs méthodes différentes afin de maximiser la détermination de la biodiversité du saumon atlantique de l’est du Canada.

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