Avis scientifique 2022/004
Évaluation du potentiel de rétablissement de la sous-population de tortue luth (Dermochelys coriacea) de l’Atlantique Nord-Ouest
Sommaire
- En 2017, la tortue luth a été réinscrite sur la liste de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en tant que deux populations (Atlantique et Pacifique), toutes deux en voie de disparition. Les tortues luths du Canada atlantique appartiennent à la sous-population de l’Atlantique Nord-Ouest, qui est inscrite sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Une évaluation du potentiel de rétablissement selon les directives actuelles n’a pas été effectuée pour la tortue luth avant son inscription aux termes de la LEP.
- La sous-population de tortue luth de l’Atlantique Nord-Ouest est en déclin. L’estimation récente de l’indice d’abondance fait état de 20 659 femelles adultes nichant sur des plages surveillées de façon constante. La sous-population a aussi subi aussi une diminution annuelle de l’abondance régionale de nidification de 9,32 % (IC : -12,9 % à -5,57 %) de 2008 à 2017.
- Dans l’Atlantique Nord-Ouest, les tortues luths utilisent les eaux canadiennes de façon saisonnière pendant les mois d’été. Des zones à forte utilisation de l’habitat principal d’alimentation ont été identifiées dans l’ensemble des eaux canadiennes de l’Atlantique.
- Rien n’indique que les tortues luths ont un habitat qui se limite eaux canadiennes de l’Atlantique.
- Dans le Canada atlantique, les tortues luths ne s’approchent pas des côtes et sont largement réparties dans les eaux côtières et hauturières. Par conséquent, il n’existe actuellement aucune méthode permettant de déterminer avec précision le nombre de tortues qui utilisent ces eaux. Des efforts sont en cours pour corriger les biais dans l’estimation de l’abondance de diverses espèces dans les zones de relevés aériens, qui peuvent produire une estimation minimale du nombre de tortues luths qui utilisent ces eaux.
- Dans l’ensemble de leur aire de répartition, les tortues luths font face à diverses menaces naturelles et anthropiques, les interactions fortuites avec la pêche ayant été désignées comme une cause principale de mortalité au sein de cette sous-population.
- Bien qu’il y ait des interactions entre les tortues luths et les pêches dans les eaux du Canada atlantique, les données disponibles indiquent que les interactions avec les pêches se produisent le plus souvent à l’extérieur des eaux canadiennes, surtout dans les eaux adjacentes à certaines plages de nidification à forte densité.
- La mortalité en mer au Canada et ailleurs peut être réduite grâce à des méthodes de pêche adaptées (c.-à-d. engins de pêche sans cordage, fermetures selon la période et la zone, réduction des engins fantômes).
- Une analyse spatio-temporelle du chevauchement entre la répartition de la pêche et de la tortue luth devrait être effectuée avant d’envisager l’établissement de toute nouvelle pêche ou tout changement potentiel dans les saisons ou l’étendue spatiale des pêches existantes.
- Il existe une certaine possibilité de blessures aux tortues luths dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Toutefois, les menaces d’origine anthropique devraient être réduites dans toute la mesure du possible dans l’Atlantique Nord-Ouest, et des évaluations régulières des répercussions des pêches canadiennes sur cette sous-population devraient être effectuées.
- Un objectif de rétablissement consiste à accroître le nombre de tortues luths dans la sous-population de l’Atlantique Nord-Ouest grâce au maintien ou à l’augmentation du nombre de tortues luths adultes et sous-adultes qui utilisent les eaux canadiennes de l’Atlantique. Pour réaliser des progrès vers l’atteinte de cet objectif, il faut réduire les interactions et les mortalités d’origine anthropique dans le Canada atlantique, favoriser l’utilisation soutenue par la tortue luth des eaux canadiennes comme principal habitat d’alimentation, et poursuivre les efforts de surveillance des répartitions spatiales et temporelles de la tortue luth.
- À l’heure actuelle, la sous-population de tortue luth de l’Atlantique Nord-Ouest n’est pas en voie d’atteindre l’objectif de rétablissement. La collaboration internationale (grâce à des activités comme la surveillance et la protection des plages de nidification, l’intensification des efforts de relevé dans les habitats d’alimentation et la réduction des interactions avec les pêches dans l’ensemble de l’aire de répartition de la tortue luth de l’Atlantique Nord-Ouest) est nécessaire au rétablissement de cette sous-population.
Le présent avis scientifique découle de la réunion sur les avis scientifiques zonal du 10 au 11 décembre 2020 sur l’Évaluation du potentiel de rétablissement (RPA) de la tortue luth, sous-population de l’Atlantique Nord-Ouest. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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