Avis scientifique 2016/056

Évaluation des activités de restauration de l'habitat des espèces de poissons en péril dans le marais Crown (baie Long Point)

Sommaire

• Le marais Crown est une zone humide côtière d'eau douce située à la baie Long Point, dans le lac Érié. Il a été envahi par le roseau commun (Phragmites australis), une espèce de roseau pérenne envahissante, qui a entraîné la réduction des plantes humides indigènes et de l'habitat en eau libre et a eu des répercussions indirectes sur les taxons qui dépendent de ces caractéristiques de l'habitat, comme les poissons.
• Pour réhabiliter le marais Crown, le roseau commun a été mécaniquement retiré pour aménager des étangs en eau libre. Cependant, on ignorait dans quelle mesure les étangs aménagés agissaient comme pièges écologiques (c.-à-d., les zones privilégiées qui présentent une mortalité naturelle disproportionnée ou une aptitude réduite), avec des effets négatifs sur les poissons actuellement inscrits en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP).
• Pêches et Océans Canada (MPO) et le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l'Ontario (MNRFO) ont entrepris une étude de surveillance de trois ans pour déterminer l'utilisation du poisson et la qualité de l'habitat des étangs aménagés.
• Les étangs aménagés ont été utilisés par les espèces en péril comme le brochet vermiculé (Esox americanus vermiculatus), le sucet de lac (Erimyzon sucetta), le méné camus (Notropis anogenus), et le crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus). Ceux-ci ont été trouvés en faible abondance dans les étangs nouvellement aménagés. La baie de Long Point est classée comme habitat essentiel pour le dard de sable (Ammocrypta pellucida) et le lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus), mais ces espèces n'ont été capturées dans aucun étang pendant toute l'étude.
• Il n’y a pas de différence importante dans la richesse en espèces entre les étangs aménagés et les étangs de référence. Il y avait cependant des différences importantes dans la composition de la communauté entre les étangs aménagés et les étangs de référence. Les étangs de référence avaient une communauté de poissons plus stable entre les années échantillonnées.
• Selon l'évaluation de l'indice des poissons des milieux humides (WFI), où une note inférieure à 3,25 indique une zone humide dégradée et une note supérieure à 3,25 indique une zone humide saine, tous les étangs aménagés et les étangs de référence ont obtenu une note supérieure à 3,25, ce qui indique une bonne santé des milieux humides.
• Tous les étangs échantillonnés étaient raccordés à un canal qui les reliait à la baie Long Point. L'eau est restée dans les canaux tout au long de l'année, permettant aux poissons d'entrer et de sortir des étangs.
• Les étangs aménagés ont servi d'habitat d’alevinage aux poissons. Vingt-trois jeunes de l'année et des poissons juvéniles ont été observés dans les étangs nouvellement aménagés, y compris les quatre espèces en péril.
• Les étangs nouvellement aménagés étaient moins profonds que les étangs de référence. En raison des températures élevées de l'eau observées en été, des faibles concentrations d'oxygène dissous et de la possibilité de congélation complète en hiver, il est suggéré que pour satisfaire les objectifs de restauration pour les espèces de poissons à risque, les étangs devraient être aménagés avec un gradient qui présente la plus grande profondeur à l'embouchure du canal de raccordement afin que les poissons puissent sortir des étangs pendant les périodes de basses eaux.
• Il est recommandé de maintenir un canal permanent pour chaque étang afin que les poissons puissent entrer et sortir des étangs selon leurs besoins en fonction des influences saisonnières. Cela favorise la survie des poissons et empêche les étangs de devenir des pièges écologiques.
• Le sucet de lac a besoin d’une superficie minimale pour une population viable (SMPV) de 100 ha. La superficie actuelle de la zone draguée est de 84 ha, ce qui ne soutiendrait pas la SMPV du sucet de lac si les raccordements entre les étangs et la baie Long Point ne sont pas maintenus. Si des travaux de dragage supplémentaires sont effectués, et si la cible proposée de 50/50 en eau libre pour la végétation émergente dans le marais Crown est atteinte, la SMPV pour le sucet de lac sera atteinte. La quantité actuelle d'eau libre supporte la SMPV du méné camus car il nécessite 5 ha.
• Les paramètres de population pour les poissons à risque qui utilisent les étangs restaurés n'ont pas été pris en compte dans cette étude. Des travaux futurs sur la composition des poissons dans les canaux, les mouvements des poissons et la prévalence des espèces en péril dans les régimes alimentaires piscivores devraient être terminés. Il sera ainsi possible d'élaborer un modèle de population en ce qui concerne les trajectoires de population et les seuils d'extinction afin de déterminer davantage les avantages nets des étangs pour les espèces en péril et de déterminer dans quelle mesure les étangs facilitent la mortalité liée à la prédation. De plus, une description plus précise de la répartition spatiale du frai et de l'utilisation de l'habitat par les jeunes de l'année et les poissons juvéniles dans les étangs et les canaux de raccordement est nécessaire pour aider à affiner les périodes de maintenance et de dragage.
• Ce rapport décrit les études menées dans les étangs du marais Crown dans la baie Long Point. Des projets de création d'étangs ont été entrepris dans toute la baie de Long Point, à l'intérieur et à l'extérieur du marais Crown. Les résultats de cette étude s'appliqueront aux projets de création d'étangs situés à la baie Long Point, à l'extérieur de la zone du marais Crown.

Le présent avis scientifique découle de l’examen régional par les pairs du 4 mai 2016 sur l’Évaluation des activités de restauration de l'habitat des espèces de poisson en péril dans le marais Crown (baie Long Point). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de MPO.

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