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Document de recherche 2004/120

Le chenal Laurentien comme zone auxiliaire d’échange des eaux de lest : Risques, analyse et recommandations

Par Simard, N., M. Hardy

Résumé

Le présent rapport a pour but d'évaluer les risques que représente l'utilisation du chenal Laurentien comme zone auxiliaire d’échange des eaux de lest (ZAEEL) pour les ressources halieutiques et les écosystèmes marins du Saint-Laurent et de l'Atlantique. L'évaluation de ces risques est fondée sur : 1) l'importance du trafic maritime en provenance de l'étranger qui a utilisé ou aurait pu utiliser le chenal Laurentien comme zone d'échange; 2) la diversité et la richesse spécifique des eaux de lest et des sédiments des navires en provenance de l'étranger; 3) les conditions environnementales du golfe du Saint-Laurent (GSL); 4) les schémas de dispersion des organismes introduits dans cette zone par le déversement des eaux de lest.

Bien que l'industrie maritime ne semble pas faire une utilisation intensive du chenal Laurentien comme ZAEEL, les données analysées indiquent qu'un grand nombre de navires (1948), transportant un volume total de 12,2 t d'eaux de lest, ont transité dans cette zone en 2000 et auraient pu y effectuer des échanges. La plus grande partie des eaux de lest de ces navires provenait de la Région B de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), où les conditions environnementales peuvent ressembler à celles du GSL, surtout l'été dans la mer du Nord et la mer Baltique. Toutefois, les navires qui ont déclaré avoir utilisé le chenal Laurentien comme ZAEEL arrivaient principalement de la Région A de la FAO, à partir de laquelle les voyages vers le Saint-Laurent sont généralement plus courts qu'à partir des autres régions de la FAO. Plusieurs études ont montré que les ballasts des navires en provenance de l'étranger qui entrent dans le Saint-Laurent contiennent divers assemblages d'organismes vivants (y compris des taxons non indigènes, des taxons toxiques et/ou nuisibles et des taxons qui représentent un risque potentiel) provenant de diverses régions du monde. Des simulations de déversement d'organismes dans le chenal Laurentien ont montré que le plancton introduit est retenu dans le golfe (la rétention de phytoplancton est plus élevée au printemps et à la fin de l'été) et est transporté vers les côtes. Le modèle a mis en évidence quelques régions qui sont particulièrement exposées à ces déversements selon les saisons : les îles de la Madeleine, le sud-ouest de Terre-Neuve, le nord de l'île du Cap-Breton et le sud de l'île d'Anticosti.

La présente évaluation a permis de déterminer que l’utilisation de la ZAEEL située au sud-est de l'île d'Anticosti représente un risque d'introduction d'espèces non indigènes dans l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent et dans les provinces atlantiques. Le risque d'introduction est considéré comme étant généralement plus faible l'hiver en raison des basses températures qui règnent alors dans le golfe. Toutefois, bien que le taux de survie serait probablement faible pendant cette période, quelques espèces très opportunistes pourraient probablement s'adapter au froid. De plus, de nombreux taxons pourraient survivre pendant l'été, mais leurs chances de survie à long terme seraient peut-être limitées.

En raison du risque potentiel élevé d'introduction d'espèces aquatiques envahissantes (EAE) par les eaux de lest dans le fleuve Saint-Laurent ainsi que dans l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent, où des conditions écologiques locales se sont déjà avérées propices à l'établissement de nombreuses espèces d'EAE, l'utilisation du chenal Laurentien comme ZAEEL doit être limitée le plus possible. Dans des circonstances exceptionnelles, il est recommandé d'autoriser l'échange des eaux de lest dans le chenal Laurentien si le navire y transite entre le 1er décembre et le 1er mai ou si le navire est lesté d'eau douce. Un système d'aide à la prise de décision sera nécessaire pour contrôler l'échange des eaux de lest entre les mois de mai et de décembre.

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